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Le mildiou contamine 90 % des vignes de Bordeaux
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Deuxième vague
Le mildiou contamine 90 % des vignes de Bordeaux

1 grappe bordelaise sur 2 est touchée par le mildiou d’après les parcelles suivies par la Chambre d’Agriculture. De quoi plaider pour des indemnisations face à un millésime où l'estival rime avec le tropical.
Par Alexandre Abellan Le 12 juillet 2023
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Le mildiou contamine 90 % des vignes de Bordeaux
Le champignon « s'attaque à la vigne, détruit le feuillage et dessèche les baies » résume la Chambre d’Agriculture. - crédit photo : CA33
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alvaudée, l’expression "jamais vu" semble faite pour décrire le coup de pression exercée par le mildiou ce moite été 2023 dans le vignoble bordelais. Pour les feuilles et les raisins, « ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés » comme l’écrivait Jean de La Fontaine dans la fable les Animaux malades de la peste (1678). « De mémoire de viticulteur, on n'avait jamais vu cela : le mildiou n'épargne personne cette année et prend des proportions inégalées » observe dans un communiqué la Chambre d'Agriculture de la Gironde (CA33), « certains viticulteurs ont déjà tout perdu ». Sur le réseau de 86 parcelles de vignes suivies par la CA33, « 90 % des vignes sont touchées, à plus ou moins grande échelle » ajoute l’institut technique, pointant dans la météo « la combinaison chaleur et humidité depuis plusieurs semaines ».

Directeur du pôle vigne et vin de la CA 33, Laurent Bernos précise que si 92 à 95 % des parcelles présentent des symptômes significatifs sur les raisins, la fréquence d'attaque est de 55 % sur les grappes : « cela veut dire que plus d'une grappe sur deux est touchée. Et une grappe touchée est fichue. Le feuillage est touché à 30 %, c'est énorme. Du jamais vu : les faciès d'attaque sur le feuillage sont d'un niveau rarement atteint (voir photo ci-dessous). Et pourtant j'ai fait de l'expérimentation où l'on n'arrivait pas à ces dégâts sur des Temoins Non Traités (TNT) innoculés et arrosés. » Si les parcelles de référence de la CA 33 sont traitées régulièrement, les rangs TNT ne sont plus suivis depuis le début juillet, les dégâts et pertes de récolte étant de 100 %. Soulignant que la virulence du mildiou est multifactorielle ce millésime, Laurent Bernos pointe l'effet prédominant de la météo (après deux mois très pluvieux), avec des facteurs aggravants (notamment la moindre efficacité de certaines matières actives). Si les zones moins arrosées sont moins touchées (comme le nord Médoc par rapport aux côtes de Bourg et de Blaye), les dégâts jusqu'ici concentrés sur les grappes de merlot touchent désormais les ceps de cabernet. « Quand le mildiou est installé, il est difficile de faire face. L'impuissance est dure à accepter » évoque Laurent Bernos, craignant que des entreprises ne tiennent pas le choc.

Cumul d'aléas

Soumis à une deuxième vague de mildiou, le vignoble girondin semble submergé par cette météo estivale aux conditions tropicales. Un nouveau coup dur alors que les ventes de vins rouges restent poussives (sur le marché français et à l’export), que les campagnes d’arrachage et de distillation n’ont pas encore produit leurs effets (étant en phase de traitement administratif) et que l’abandon croissant de vignes pèse sur une pression sanitaire difficile à gérer (en termes de matières actives et de main d’œuvre). « Les viticulteurs déjà largement fragilisés par la crise économique, assistent désabusés à la perte de leur récolte à venir » résume la CA33, qui appelle de ses vœux des aides aux vignerons touchés par le mildiou.

Réactivité des services

Soutenant avec deux autres députés girondins de la majorité présidentielle une demande de la FNSEA de reconnaissance de l’état de calamité agricole pour perte de fonds d’origine climatique, l’élu Florent Boudié (Renaissance, Gironde) a envoyé une lettre au ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, pour « attirer [son] attention sur la nécessité d’une très forte réactivité des services de l’État pour à la fois documenter et traiter cette demande de reconnaissance avec l’objectif de limiter les inévitables pertes de récolte et de fonds que nombre de viticulteurs devront subir dans un contexte que vous savez dès à présent profondément sinistré ». Car cette pression mildiou « plonge nombre de vignerons et de viticulteurs dans un profond désarroi compte tenu de la multiplication des crises qui ont frappé et continuent de frapper la filière bordelaise » alerte le député de Libourne.

Face à l'état d'urgence du mildiou, d'autres initiatives fleurissent. Pour soutenir les vignerons en difficulté, la Mutualité Sociale Agricole ouvre un dispositif d'accompagnement, avec une ligne téléphonique et une adresse mail pour répondre aux questions. Dans un communiqué, l'Association nationale des élus de la vigne et du vin (ANEV) demande au ministère de l'Agriculture « un état des lieux sanitaire du vignoble via les Directions départementales des territoires et Directions départementales des territoires et de la mer » et d'« anticiper dès aujourd’hui les demande de reconnaissance de l’état de calamité agricole pour perte de fonds d’origine climatique ». Soit un soutien pour Bordeaux, mais aussi les départements « de la Dordogne, du Gers, du Lot, du Lot-et-Garonne et des Pyrénées-Atlantiques » ajoute l'ANEV. Car si le mildiou pèse sur le vignoble bordelais, il frappe ce millésime des vignobles de Bergerac, de Gascogne, du Pays-Basque, du Languedoc, de Provence...

Feuilles touchées par le mildiou ce mois de juillet. Photo : CA 33.

 

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Tous les commentaires (4)
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Vigneron Le 17 juillet 2023 à 08:09:44
Impossible de ne pas réagir ! C'est problématique de voir sa récolte détruite même partiellement par les aléas climatiques ou des ravageurs. Par contre il faut assumer nos responsabilités ! Responsabilités en terme d'évolution climatique même si le secteur agricole n'est pas à l'origine de tout, et responsabilités en terme de techniques de production adaptées. Celle que je dénonce aujourd'hui est notamment l'utilisation du Valiant ! 20 ans que des labo comme Biorizon, Staphyt démontrent des résistances du mildiou au Cymoxanil dans le bordelais, j'ai bien dit 20 ans. Et cela n'engage pas ces labo envers l'inefficacité de certaines matières actives. Ils ne font que tester des résistances sur demande de producteurs par exemple. Le résultat appartient au producteur, qui peut adapter son planning de protection et comprendre pourquoi quand il utilise telle ou telle matières actives son vignoble est malgré tout attaqué. Une autre remarque quant aux pratiques culturales et aux résistances : balancer des matières actives systémiques au pénétrantes sur du mildiou sporulé développe des résistances, que nous n'avons pas avec un produit de contact à base de cuivre. La base !!! Mais le mieux est de continuer, le mur est proche, et l'état cautionne et paye !!! Bon courage dans les vignobles, il y a du boulot...
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Elisabeth Le 13 juillet 2023 à 13:36:25
On voit bien où sont les limites des traitements ! Le cuivre n'est pas efficace lorsque la pression est telle quelle est cette année. De vraies bombes comme les friches !!! Les produits efficaces ont été retirés du marché car CMR. Il ne reste que des molécules de merde qui ne sont pas ou peu efficaces. Les distributeurs n'ont jamais autant vendu de Vailiant, de Mikal, d'Optix et de Lutiram. Les seuls produits qui sont encore un peu efficace. Cela ne fait vraiment pas plaisir de voir sa production et le travail de toute une année, plus encore tout le travail pour traiter et essayer de sauver ce qu'il reste.
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VignerondeRions Le 12 juillet 2023 à 19:37:35
Nous avions alerté sur le risque causé par les friches en montrant leur ampleur par un film qui est visible sur la page fb du collectif viti 33. Lorsqu'il y a de la pression les friches sont une bombe à retardement. Encore une fois nous avions prévenu mais tout le monde pense que c'est le problème des autres. On voit le résultat...
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Rico del Prado Le 12 juillet 2023 à 11:52:47
ah comme c'est étonnant... le point positif c'est que les bobos écolos n'auront pas de résidus de pesticides dans le vin qu'ils boiront vu qu'il n'y aura pas de vins :)
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