oup dur pour Bergerac. « Nous avons entamé une bonne part du capital rendement du fait de la pression mildiou qui est exceptionnelle. Personne ne peut se targuer d’être épargné par le mildiou. Aucune parcelle n’est indemne et les dégâts vont de 10 à 100 % sur les vignes » estime François Ballouhey, conseiller viticole à la chambre d’agriculture de la Dordogne. Du coup les rendements vont être impactés : le merlot, cépage dominant en Dordogne, très sensible au mildiou, trinque. Il y a fort à parier que la récolte sera bien moindre sur les rouges. Pour les blancs, la progression sur grappe se fait plus lentement. Le conseiller viticole malgré tout se veut prudent : « après la véraison et selon ce qui se passera en août, on y verra plus clair en termes de rendement ».
En termes de phénologie, pour les merlots une fermeture des grappes se généralise. « Habituellement cela se produisait autour du 10 juillet. Là on a constaté un démarrage au 6 juillet dernier » indique-t-il. Les vendanges devraient démarrer fin août pour les blancs et première semaine de septembre pour les rouges.


A Singleyrac, Laurence Rival à la tête du château éponyme (20 ha, AOC Bergerac, en conventionnel) n’a pas de mots : « Depuis que je me suis installée en 2001, je n’ai jamais connu une telle situation. J’ai beau traiter toutes semaines avec des produits CMR homologués, rien n’y fait. Le mildiou continue de progresser fortement ». Pourtant tout avait démarré sous les meilleurs auspices : les pousses étaient régulières, pas de coulure ni de millerandage, beaucoup de sorties. Bref, Laurence Rival n’était pas mécontente. D’un coup, un autre scénario s’est profilé : à la mi-mai, elle découvre sur une parcelle de merlot, du mildiou sur grappes.
Aussitôt elle entreprend de traiter chaque semaine. Par précaution, elle traite tous ses hectares. Tout en regrettant que certaines molécules aient été supprimés par l’Europe : « celles qui restent à disposition, sont beaucoup moins efficaces » déplore-t-elle. Le week-end du 8 juillet dernier, elle s’aperçoit que ce sont les feuilles qui sont attaquées. Pour le moment elles ne tombent pas. « 60% de ma propriété est touchée » indique-t-elle. Il est encore trop tôt pour mesurer l’impact sur les rendements. Pour tenter de freiner la contamination, elle pratique un écimage régulièrement. Une parade qui a ses limites.


En certification Haute Valeur Environnementale (HVE) depuis 2020, Laurence Rival est contrainte en termes de nombre de passage pour les produits de traitements. Alors c’est décidé. « Si le mildiou devait nous attaquer aussi fortement l’an prochain, je sortirai du HVE. Ma priorité c’est de produire mon vin » lâche-t-elle. Château Singleyrac est vendu à 80 % dans les grandes surfaces de la Dordogne. Laurence Rival gère directement le stock dans les magasins et met elle-même en rayon, ses rouges, blancs, rosés et moelleux. Pas question de se retrouver à sec.