onnez hautbois, résonnez musettes : le gouvernement annonce ce 16 février le « lancement d’un appel à candidatures pour le déploiement d’un dispositif de prêts bonifiés au bénéfice du secteur viticole ». Rappelant mettre ainsi en œuvre un engagement du président de la République, Emmanuel Macron, le 25 février 2023 lors de l’inauguration salon de l’Agriculture, le ministère de l’Agriculture précise dans un communiqué que cette aide au « remboursement de leur prêt garanti par l’État (PGE) » va les transformer en « prêts bonifiés à 2,5 % afin de permettre aux viticulteurs et aux coopératives viticoles d’étaler dans le temps leurs obligations bancaires et ainsi de libérer de la trésorerie ».
« L’objectif de cet appel à candidatures est d’identifier des établissements de crédit ou groupes bancaires intéressés pour accorder des prêts bonifiés aux viticulteurs et aux coopératives viticoles » ajoute la rue de Varenne, précisant que « ce dispositif serait adossé au régime de minimis agricole et entreprises » (soit un plafond de 20 000 € sur trois an). Usage du conditionnel car la réponse à l'appel à projet est désormais à la main des banques précise le cabinet du ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau.


Portant ce dossier depuis bientôt 18 mois (la transformation des PGE arrivant à échéance dans 2 à 4 ans en prêts bonifiés à 2,5 % allongeant l’amortissement sur 6 à 8 ans), Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants de France, salue la mise en œuvre de cet appel à manifestation d’intérêt : « que les banques se saisissent de l’outil et le proposent à leurs clients. Nous savons que ce sera un outil largement mobilisé en cette période difficile où nos trésoreries sont fragilisées. » Alors que remontent du terrain des échos de difficultés vigneronnes à faire restructurer la dette auprès de leurs banques, Jean-Marie Fabre file une métaphore martiale : « je dis aux banques, citoyens ! À nous vignerons de solliciter nos banques. Nous verrons qui vient lutter avec nous (par la réponse à l’appel à projet ou proposition désintéressée de consolidation bancaire à 2,5 %) et qui tire contre nous (en n’étant pas au rendez-vous). » Rappelant avoir débloqué quasiment 470 millions d’euros ces derniers mois pour la filière vin, « le Gouvernement compte donc sur ces établissements pour être à leur tour au rendez-vous en distribuant ces prêts bonifiés financés par l’Etat et fortement attendus par les professionnels du secteur viticole » conclut le ministère de l’Agriculture.
* : Avec « la distillation de crise de 200 millions d’euros, un plan d’arrachage sanitaire de 38 millions d’euros [pour Bordeaux], un fonds d’urgence de 80 millions d’euros [actuellement en déploiement dans les départements viticoles concernés] et un appui structurel de 150 millions d’euros en complément des crédits du programme national viti-vinicole de 250 millions d’euros pour mettre en œuvre une restructuration différée » liste le ministère, rappelant que « la succession des crises inflationniste, sanitaire et climatique exacerbe les difficultés structurelles dans certains bassins viticoles créant une situation de crise persistante pour cette filière majeure de l’économie française. Ces tensions affectent la trésorerie des entreprises viticoles alors que nombre d’entre elles doivent rembourser des emprunts bancaires, souscrits suite à la crise de la Covid-19 ou à la guerre en Ukraine. »