uccession de mises en garde pour réussir la récolte ce mardi 10 septembre lors de la réunion des vendanges de l’Union Générale des Viticulteurs pour l'AOC Cognac (UGVC). « Attention, le déclenchement de la vendange peut arriver plus tôt prévu » prévient ainsi Jean-Baptiste Morineau, le responsable du département viticulture durable au Bureau National Interprofessionnel de Cognac (BNIC). Avec une véraison ayant eu lieu le 14 août en moyenne, le début du gros des vendanges est prévu le 23 septembre : sachant qu’« il y aura des départs précoces là où la charge est faible ou l’état sanitaire dégradé (une grappe sur quatre est déjà touchée par Botrytis) » rapporte Jean-Baptiste Morineau.
Se basant sur le réseau de suivi des maturités de la Station Viticole, le technicien note qu’à la pesée, le poids moyen des grappes peine à grossir par rapport aux précédents millésimes (276 g ce lundi 8 septembre), alors que le potentiel de Titre Alcoométrique Volumique est supérieur aux habitudes (7,7 pour le TAVp). La faute à une moindre charge de raisins par pieds, le rendement annuel étant estimé à 95 hl/ha par le BNIC, bien loin du record de 141,74 hl/ha enregistré le millésime 2023. Indiquant que le modèle de l’interprofession ne permet pas de prédire le TAVp, Jean-Baptiste Morineau indique qu’avec un TAVp à vendange de 10°.alc, le rendement serait de 9,5 hectolitres d’alcool pur par hectare (le rendement maximal est de 8,64 hl AP/ha en 2024).
Gestion des risques
Ce que peut avancer avec assurance le service technique du BNIC, c’est que les viticulteurs et vinificateurs doivent être vigilants pour réussir ce millésime. Dans son analyse des risques sur la qualité, Corinne Trarieu, la responsable du département process durable et connaissance produits au BNIC, prévient que face à « la grande hétérogénéité » des maturités entre terroirs, il faut faire « attention. Les repères habituels peuvent être faussés » avec des « parcelles très avancées quand d'autres ne sont pas prêtes à récolter sur une même exploitation ». De quoi imposer des contrôles de suivi des maturités sur le plus de vignobles, sur les éléments de maturité, mais aussi d’état sanitaire qui va être clé pour lancer la récolte sur certaines parcelles dévissant. La teneur en azote est également à suivre, des carences étant plus fréquentes sur des parcelles à faible charge et TAVp élevé, ce qui peut déboucher des fermentations languissantes, voire des arrêts fermentaires.
Entre la dégradation des raisins et les faibles rendements annoncés, Corinne Trarieu conseille d’« isoler des lots en fonction de l’état sanitaire (oïdium, Botrytis, mildiou) » et de « démarrer les pressoirs même si la charge est partielle pour limiter le temps d'attente (max 4 heures entre le début de la récolte et l'encuvage) ». En cas de « fin de maturation difficile » impliquant « un décrochage des baies plus compliqué » et des « composés de verdeur encore présents (pour les parcelles avec de la charge) », Corinne Trarieu préconise d’« assurer une récolte et un pressurage respectueux de la vendange » avec l’adaptation du « réglage de la machine à vendanger en fonction de la maturité de la parcelle (réglage des batteurs, ventilateurs) », la réalisation de « cycles de pressurage en cas de charge partielle (limiter l'intensité et la durée) » et des actions pour « limiter la formation de bourbes (récolte soignée, pressurage doux, ajout de fibre de cellulose/décantation) » tout en prenant garde à « respecter le cahier des charges de votre acheteur ».
Pieds Morts et Manquants
Un autre cahier des charges est à garder en tête : celui de l’AOC Cognac, avec une vigilance à avoir sur les rendements en fonction des Pieds Morts et Manquants (PMM) rappelle Younes Tarari, le directeur du pôle contrôle et qualité du BNIC : « soyez bien vigilant à l'application de la réfaction de rendement en cas de dépassement du taux de PMM maximum prévu par le cahier des charges. Cette réfaction devra s'appliquer sur le rendement annuel de 8,64 hl AP/ha pour la prochaine campagne. » Portant depuis des années une demande de modification de ces dispositifs, Anthony Brun, président de l’UGVC, regrette les blocages répétés de l’administration : « pour la première fois, des discussions évoluent dans le bon sens. C’est un combat de tous les jours. On y passe beaucoup de temps. En l’état, le calcul n’est pas acceptable. »