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L’AOC Bordeaux va vendre plus de vins qu’elle n’en produit en 2024
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Nouvel équilibre
L’AOC Bordeaux va vendre plus de vins qu’elle n’en produit en 2024

S’annonçant historiquement faible, la vendange bordelaise marque une nouvelle chute de la production de vins rouges, pour mieux annoncer une revalorisation des cours espère Stéphane Gabard, le président réélu à la tête du syndicat AOC Bordeaux.
Par Alexandre Abellan Le 10 septembre 2024
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L’AOC Bordeaux va vendre plus de vins qu’elle n’en produit en 2024
En 2024, l’AOC Bordeaux rouge demande à nouveau un rendement de 62 hl/ha (dont 50 revendicable, le solde constituant un volume régulateur). - crédit photo : Alexandre Abellan
S

e lançant progressivement (pour les crémants et les blancs), les vendanges bordelaises du millésime 2024 ne sont évidemment pas encore jouées dans leurs qualités et quantités ce début septembre, mais une tendance semble déjà acquise dans le vignoble : les volumes ne seront pas pléthoriques. Cette année, Bordeaux produirait 3,89 millions d’hectolitres de vin d’après les toutes dernières estimations ministérielles, en repli de 10 % par rapport à la déjà très petite vendange 2023 et de -16 % en comparaison à la moyenne quinquennale.

Pour l’appellation régionale, on entend parler de 850 à 900 000 hl d’AOC Bordeaux rouge. Ce qui serait une nouvelle chute conséquente après les 930 000 hl atteints en 2023, un niveau plancher qui avait marqué la descente de l’AOC régionale en dessous de la barre du million d’hectolitres. « On avait beaucoup communiqué sur une récolte historiquement basse en 2023. On est quasiment sûr qu’elle sera plus basse encore en 2024 » confirme Stéphane Gabard, le président des AOC Bordeaux et Bordeaux Supérieur. Tout juste réélu à la présidence de l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG) pour un « mandat de continuité » (voir encadré), le vigneron de Galgon juge « plausible » pour l’AOC Bordeaux rouge de passer en dessous des 900 000 hl « au vu des premiers ramassages » (en blancs et crémants).

Moins de vignes et moins de raisins

Deux facteurs expliquent cette petite récolte annoncée. Premièrement : la perte de surface de production revendiquée en AOC Bordeaux. Un repli causé par les arrachages (8 000 hectares du plan sanitaire financé par l’État et l’interprofession, une surface inconnue de vignes arrachées hors plan pour restructuration), par les friches (les vignes abandonnées continuant de se multiplier sur un millésime difficile économiquement et climatiquement) et par le développement d’autres débouchés (IGP Atlantique et vin de France).

Deuxièmement : la nouvelle baisse des rendements. Le volume de raisin à l’hectare étant réduit par la forte pression mildiou (qui « a fait peut-être faut moins de dégâts que l’an passé, mais sur plus de surfaces » avance Stéphane Gabard), la mauvaise floraison (entraînant coulure et millerandage), un été plutôt sec (désormais contrebalancé par une rentrée humide) et des attaque de vers de la grappe en fin de campagne (accentuant l’hétérogénéité). En l’état, « on sait que le rendement moyen ne sera pas haut. Peut-être sera-t-il supérieure à celui de l’an passé, mais avec les pertes de surfaces on sait que l’on produira moins » résume Stéphane Gabard.

Cours toujours

Avec moins de 900 000 hl de Bordeaux rouge produits en 2024, « on a un potentiel de production bien en dessous du niveau de commercialisation » indique Stéphane Gabard, alors que l’AOC commercialise désormais 1,1 hl et garde en stock 14 mois de commercialisation (1,3 million hl). De quoi garder vif l’espoir d’une augmentation des cours du vin en vrac. Dans ce contexte, « on peut encaisser une hausse des prix » souligne Stéphane Gabard, qui rapporte que « dans le discours, le courtage et le négoce prennent conscience de ce déséquilibre qui pointe. On est en train de tendre le marché, même si l’on n’y est pas de suite. Il y a une prise de conscience dans les paroles, pas dans les actes. Même si l’on entend plus parler de contractualisation et de frémissements pour sécuriser les achats. Mais cela reste un signal faible. Il n’y a pas de reprise significative des transactions en volumes et prix. »

En témoigne le bilan de la dernière campagne pour le vrac, où la prise de postiion interprofessionnelle du début d’année pour que le tonneau de Bordeaux rouge ne tombe plus en dessous de 1 000 € ne s’est pas concrétisée malgré la baisse des stocks constatée. Un message de revalorisation laissé lettre morte. Et « pas qu’un peu : totalement. Même en rétablissant les équilibres, on a du mal à remonter les valorisations. Il faut arrêter que ce soit le marché qui dicte la tendance des prix » réagit Stéphane Gabard, qui appelle à des avancées réglementaires rapides pour valoriser la production de vin. Ce qui passerait par la relance d’un projet législatif sur Egalim et un décret créant des Organisations de producteurs dans la filière vin.

Ils pouvaient proposer des prix attractifs sans aller encore plus bas

Si le vignoble bordelais réclame des gestes forts du nouveau gouvernement pour la valorisation des vins, il espère un changement de logiciel de la grande distribution sur les prix d’appel. Les mises en avant de prix cassés par la foire aux vins d’automne de Lidl ne passe pas. « Nous ne sommes pas surpris, ils nous avaient averti [lors de la réunion entre filière et distributeurs] que les contrats étaient signés depuis un an, on se doutait que la foire aux vins se ferait à prix bas » rapporte Stéphane Gabard, mais « nous sommes surpris que les distributeurs n’aient pas compris la colère paysanne de l’hiver [NDLA : ciblant notamment un vin de Bordeaux vendu 1,89 € avec promotion chez Lidl].  Ils pouvaient proposer des prix attractifs sans aller encore plus bas. Je ne me fais pas d’illusion, ils n’auraient pas donné plus à la viticulture et auraient eu plus de marge pour eux, mais ils auraient affiché du respect. »

Malgré l’émotion perceptible en Gironde sur ces petits prix, aucune manifestation n’a été organisée cette rentrée, contrairement aux multiples actions de protestation du début d’année. La faute aux vendanges qui commencent. Mais aussi aux poursuites lancées par le négociant Castel envers deux syndicats agricoles et le porte-parole du collectif Viti 33 après les dégradations d’une manifestation ? « Je ne le crois pas. Je regrette cette action en justice, qui n’est ni bonne pour Castel, ni pour nos représentants syndicaux » répond Stéphane Gabard, qui « déplore » et « condamne » les dégradations, mais sera « parmi les premiers à aller manifester chez un distributeur s’il y a de nouvelles manifestations dans le respect des biens et des personnes. Il en va de notre survie. » Évoquant une « hémorragie » du vignoble girondin, le président de l’AOC Bordeaux craint que la machine de production bordelaise ne se dégrade trop rapidement, alors que les marchés pourraient reprendre et se retrouver face à une « machine cassée ».

 

"Volonté du capitaine de ne pas quitter le navire"

Renouvelant annuellement sa présidence, l’ODG Bordeaux n’avait qu’un candidat : Stéphane Gabard, élu depuis la fin 2020. Pourquoi se représenter quand ce poste concentre toutes les critiques et qu’il ne semble y avoir que des coups à prendre ? « Il faut être un peu maso à vouloir se faire chahuter fréquemment » esquisse dans un sourire Stéphane Gabard, qui reprend plus sérieusement : « ce n’est pas par plaisir [que je rempile], c’est la volonté du capitaine de ne pas quitter le navire quand il est en mauvaise posture. Il y a une frange de viticulteurs qui pense que l’on est responsable de tout. D’autres voient que Bordeaux ne va pas mieux que les autres. S’il suffisait de changer les hommes à la tête d’un syndicat pour relancer l’appellation, ça serait facile. »

 

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Tous les commentaires (6)
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gz33 Le 16 septembre 2024 à 10:23:14
il faut arrêter les "chateaux", les grilles en fer forgé..;et parler enfin des vignerons dans la communication ! pas des "chateaux", des gcc achetés par grandes fortunes qui ne gagnent pas un euros (sauf les 1er et quelques autres)... A quand une vraie dégustation dédiée aux vignerons à Bordeaux pendant les primeurs?? (pas pour vendre des primeurs dont plus personne ne veut)!!
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Michel Eric Le 11 septembre 2024 à 06:54:51
Quelle tristesse ! Nous produisons de moins en moins de Bordeaux et de plus en plus de vin de France ! Nous produisons des vins que nous ne sommes plus capables de vendre à un prix correct. Comment peut on se réjouir d'un équilibre offre demande ridicule alors que le prix du vin est déterminé par son attractivité, donc son marketing ? Le marketing de Bordeaux est nuisible. Le ridicule ne tue plus, mais la faillite si.
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augustin Le 11 septembre 2024 à 04:08:57
Désolé Albert mais je ne vous suis pas . Dans la majorité des cas sur ce mois de septembre 2024 , les cours très bas des propositions du négoce vis à vis des petits châteaux ne sont absolument pas liés à la mauvaise qualité du lot de vin proposé. A titre d exemple le prix d achat proposé de 1.50 euro ht le col habillé devient courant en Nord medoc , soit équivalent de 600 euro le tonneau , très largement en dessous du plancher soit disant fortement recommandé par le civb .Et l offre provient d un négociant rive droite reconnu , très bruyant mediatiquement et soit disant à l origine d un "renouveau commercial pour la filière". Non , il ne s agit pas d une piètre qualité d un petit vin , mais d un négoce bordelais (aujourd hui exsangue , a coup de primeurs gcc loupes depuis 2021 ) qui voudrait quelquefois se refaire la cerise , en jouant les voitures balais. Ne mélangeons pas tout , en culpabilisant les victimes ... tout en innocentant les bourreaux !
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Albert Le 10 septembre 2024 à 18:40:24
Il faut arrêter de tirer sur la GD ! .. "le" Bordeaux à vil prix qu'on retrouve en GD ne fait pas honneur à sa dénomination. Et au boulot de l'ODG. Un point c'est tout. Est-ce que l'ODG pourrait nous préciser le taux de rejet en % et en volume comparé au volume total revendiqué et soumis au contrôle interne (rejet > non conformité donc !) sur les millésimes 2021-2022-2023 ? .. Ce serait peut-être un angle de réflexion à considérer avant toute autre considération. Si on a "confirmé" plus de 90%, voire plus, des volumes, le ver est dans le fruit. Pour savoir pourquoi le bateau prend l'eau, encore faudrait-il être lucide, ou responsable. Je rappelle que SIQO (l'AOC en est un) veut dire "signe d'identification de la qualité et de l'origine", et j'espère que toutes les parties prenantes émettant un avis sur la "bonne" gestion de leur appellation ont bien conscience que chacun peut entendre et comprendre "qualité" comme il veut, mais 1/ il ne suffit pas d'attester qu'un produit respecte un cahier des charges de production si 2/ on ne positionne pas plus "haut" le curseur, à savoir qu'on devrait envisager la labellisation intègrative de l'un des profils organoleptiques ad hoc souhaités. Et là, un grand pas en avant serait fait. Vinifier du cabernet-sauvignon, du merlot, du cabernet franc, du petit-verdot .. séparément ou en assemblage, ça ne relève pas des travaux d'Hercule. En revanche, savoir travailler sur la fraîcheur, le fruit, .. ça suppose d'être un vrai vigneron. Je ne donne pas de leçon mais merde, si on a besoin d'un carrossier, on s'en remet à la compétence d'un prestataire (savoir faire, diplôme). Hé bien, pour le vin c'est pareil. Et si des producteurs, à ce jour, n'ont pas ou plus leur place, pourquoi serait-il tabou de l'évoquer, de le dire ? Si l'ODG n'est pas le rempart du système de protection des IG que gère l'INAO, qu'on m'explique ce que je n'ai pas compris !
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Renaud Le 10 septembre 2024 à 12:40:01
Il est interressant de voir que cet article réponde à la lettre du collectif viti 33 à destination de S Gabard en réaction à son édito de la semaine dernière. En voici un extrait.: ??Tu es apparemment surpris que les foires aux vins soient toujours aussi provocantes. Pourquoi en être surpris ? Ils avaient prévenu lors de la rencontre du 8 avril. Cette surprise ne peut donc qu'être que rhétorique et faussement empathique. Nous ne comprenons pas non plus pourquoi tu es surpris que les cours ne bougent pas alors que l'équilibre offre/demande serait au rendez vous. Comment faut il vous expliquer que vous répéter inlassablement une croyance économique sans en comprendre ou connaître le sens. Vous voyez bien que votre mantra pseudo économique ne tient pas. Pour qu'il s'exprime l'équilibre n'est qu'un élément de la démonstration. Encore une fois l'incompétence de ceux qui croient piloter le navire Bordeaux serait risible si elle n'était pas si criminelle. Avant d'attendre des politiques nationales efficaces peut être faudrait ils que nous ayons un discours cohérent et clair. Sauf que la filière ne promeut que quelques intérêts particuliers en faisant croire ou croyant peut être que cela pourrait devenir de l'intérêt général. Si nous avions perdu du temps ce n'est pas faute de dissolution. Mais plutôt d'aucune vision stratégique. Il y a un an, nous vous avons secoué les plumes pour revenir sur votre refus de rentrer dans la loi egalim. Puis nous vous avons imposé de réfléchir sur la création d'OP reconnue. Qui n'en voulait pas ? Le négoce ? Même pas ! La coopération en premier car cela allait bouleverser leur échanges opaques entre structures. Mais a bout d'idée, elle y est venue. Maintenant c'est la gouvernance des Vignerons indépendants qui freine pour des excuses obsolètes. Quant à la future campagne d'arrachage, puisque la FNSEA ne veut pas abandonner la distillation au profit de l'arrachage il n'y en aura donc pas dans l'OCM à venir. Le train de l'arrachage ne passera donc qu'une fois et immédiatement?.. devant l'effondrement de notre système, qui parle de la faillite à venir de l'ODG ? Et quant à ta conclusion, nous sommes heureux que tu parles de combat. Mais ne serait-ce pas qu'un élément de langage ? Car ou est la position de l'ODG sur la plainte Castel envers les adhérents de l'ODG au travers de la FDSEA, de JA et de Didier Cousiney et du Collectif viti33. Les Munichois que vous êtes donne raison à M Churchill quand il disait que ce qui favorise la progression du mal n'est pas la collaboration mais la majorité silencieuse. Rappelez vous, vous n'en tirerez aucun avantage car les puisants pensent normal qu'on plie devant eux. Et donc les méprisent. Par contre en refusant de se courber on regagne en valeur et considération des siens mais aussi de ses contradicteurs?.. CQFD
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bill et boule Le 10 septembre 2024 à 11:40:36
Incroyable , a Bordeaux , toujours les mêmes aneries sur l équilibre entre l offre et la demande les subventions d arrachage etc etc .Ou en est la relance d egalim vis à vis de la gd, l enquête sur l eventuel abus de position dominante de la part de certains opérateurs trop agressifs commercialement , la refonte de l assiette de la cvo du civb ...sans parler de la renegociation avec les banques locales des pge bpi datant du covid 19 ... ou le retour du negoce aux vins distributifs ...à force d éviter les sujets qui fâchent, on va finir par une filière toute entiere qui lâche !!! Nous restons responsables de notre destinée et il faut donc accepter de remettre tout d abord de l ordre dans notre maison Bordeaux avant de blâmer pele mele Trump le Brexit l Ukraine ou la Chine ... Ce n est pas le meilleur fabricant de bougies qui a soudain inventé l ampoule électrique , nous rappele l Histoire . Espérons que notre premier ministre et nos nouveaux élus prendront les bonnes décisions rapidement et surtout hors sentiers battus. C est maintenant.
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