oté d’un nouveau premier ministre, Gabriel Attal depuis ce mardi 9 janvier, le gouvernement conserve Marc Fesneau comme ministre de l’Agriculture avec le remaniement ministériel dévoilé ce jeudi 11 janvier. Nommé depuis le 20 mai 2022 (dans le premier gouvernement d’Élisabeth Borne), le député du Loir-et-Cher a parcouru les vignobles français pour répondre aux urgences, des orages de grêle de juin 2022 (à Bordeaux et en Gascogne) jusqu’au désespoir du vignoble en crise qui aboutit ce 30 novembre 2023 à sa visite du salon Sitevi (Montpellier, Hérault). Le ministre y annonçait des aides particulièrement attendues et qui l’engagent pour la suite* : « je suis venu dire aux viticulteurs que nous allons travailler à compléter le fonds d’urgence, déjà doté de 20 millions €, pour pallier aux besoins en trésorerie, ou sur l’année blanche en termes de charges d’intérêts, pour le court terme. A moyen terme, nous allons à la Commission européenne pour défendre l’arrachage différé, qui soit appliqué dès 2024 » Ces annonces faisaient directement suite à la manifestation vigneronne du 25 novembre à Narbonne (Aude), le ministre entendant la souffrance exprimée tout en défendant le bilan de l’exécutif.
« Depuis qu’il y a des crises, nous avons été au rendez-vous » précisait le vice-président du MODEM à Vitisphere, listant le soutien aux viticulteurs après le gel important de 2021, les dispositifs Ukraine, la couverture des besoins de l’aval, deux campagnes de distillation et un arrachage sanitaire à Bordeaux… Indiquant « 1 milliard € d’aides » à la filière ces dernières années, Marc Fesneau pointait que « les crises se cumulent sur la viticulture, reconnaissons-le. Nous avons commencé par les taxes Trump, puis la Covid, puis l’inflation générée par la guerre en Ukraine, puis la sécheresse, ou le gel, ou la grêle… Bref, c’est une filière qui est particulièrement affectée par les dérèglements économiques, géopolitiques et climatiques. »
Après les paroles de constat, les actions d’aide sont désormais attendues par la filière vin. La demande d’arrachage temporaire est actuellement portée par la France, l’Espagne et l’Italie au niveau européen. Alors que l'exécutif s'est engagé à proposer l'arrachage différé pour 2024, l'attente est forte dans le vignoble, qui appelle à des réponses rapides. Le travail doit également se poursuivre sur le redimensionnement du fonds d’urgence de 20 millions d’euros créé fin 2023 par l’amendement surprise du député Jean-René Cazeneuve (Gers, Renaissance). Un autre front est la transformation des annuités d’emprunts bancaires de l’année 2024 en des prêts bonifiés avec un élargissement du modèle adopté pour les Prêts Garantis par l’État (PGE). Comme l’indiquait alors le cabinet de Marc Fesneau, il pourrait s’agir d’une bonification des taux d’intérêt qui pourrait partiellement être prise en charge par l’État. Des points à éclaircir alors que des interrogations persistent sur les modalités de transformation des PGE en prêts bonifiés.
Alors qu'il continuait à gérer les affaires courantes ces derniers jours, « le ministre de l’Agriculture reviendra en janvier dans le département » rappelait récemment le préfet de l’Hérault, François-Xavier Lauch, voulant apaiser les esprits après l’opération « caddies gratuits » de vignerons languedociens à Béziers avant Noël. Une initiative témoignant des tension vives dans la filière alors que les commercialisations semblent à l’arrêt dans de nombreux bassins viticoles. D’autres demandes ont été portées auprès de Marc Fesneau, qui ne s’est pas positionné à date : l’aide au stockage privé, le soutien pour l’aval ayant perdu du potentiel de production lié aux aléas climatiques, des outils de conquête à l’export, des moyens pour la transition environnementale et l’adaptation au changement climatique… Des points structurels que l’on retrouve dans le plan de filière qui doit être remis au ministre. Et ce sans oublier d’autres projets structurants pour le vignoble en particulier et l’agriculture en général, comme le projet de loi d’orientation sur le foncier agricole.
Bref, il y a du vin sur la planche !
* : Lors des questions au gouvernement du Sénat ce 13 décembre 2023, Olivier Véran, le porte-parole du Gouvernement confirmait la position globale de l’exécutif : « nous ne méconnaissons pas les difficultés rencontrées par la profession des viticulteurs. [En réponse] un fonds d’urgence de 20 millions d’euros a été inscrit dans le projet de loi de finances, voté récemment au Sénat. Il sera déployé pour accompagner les viticulteurs qui rencontrent le plus de difficultés de trésorerie, notamment dans le Sud-Ouest. Par ailleurs, en lien avec la filière, nous continuons à étudier des soutiens complémentaires, pour accompagner les viticulteurs dans la crise qu’ils traversent. Je veux également rappeler l’engagement fort du Gouvernement en faveur de la viticulture : 572 millions d’euros de soutien après le gel de 2021 ; quelque 17 millions d’euros après le gel de 2022 ; enfin, 26 millions d’euros, la même année, après la grêle. À chaque fois, l’État est capable de se mobiliser pour soutenir la viticulture, vous pouvez le mesurer. Cette année encore, le Gouvernement débloquera 200 millions d’euros pour un dispositif d’aides exceptionnelles. Par ailleurs, monsieur le ministre de l’agriculture a annoncé mener un travail pour mettre en place un dispositif de prêt bonifié. »