on ou mauvais esprit de Noël ? La grande distribution aura quoi qu'il en soit rarement aussi bien porté son nom avec cette opération de péage gratuit en hypermarché : ce samedi 23 décembre dans la matinée, les enseignes Auchan et Leclerc de Béziers ont été ciblées par une cinquantaine de vignerons languedociens ouvrant momentanément leurs caisses aux clients faisant leurs achats rapporte le Midi Libre, évoquant « une action "chariots gratuits" qui a semé la pagaille » avant l’intervention des vigiles des magasins, puis des forces de l’ordre. 70 à 100 caddies seraient passés gratuitement rapporte France 3 Occitanie, citant une source policière.
Faisant état de « 50 personnes issues de la filière viticole » sur X (ex-Twitter), le préfet de l’Hérault ajoute qu’« une plainte a été déposée » François-Xavier Lauch ajoute que « si je comprends la détresse vécue par les viticulteurs héraultais, agriculteurs avec lesquels j’ai pu échanger à plusieurs reprises, je condamne les modalités de cette action que je qualifie d’inacceptable » alors que l’État a actionné pour lui « tous les filets de sécurité ». Et de citer le nouveau dispositif d’assurance récolte, le dégrèvement pour 6,3 millions d’euros à cause de la sécheresse de la Taxe sur le Foncier Non Bâti (TFNB), la distillation de crise pour 11 millions €… Et les « engagements du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, de faire progresser le dossier de l’année blanche et arrachage différé des vignes ». Annonces attendues et réalisées lors du dernier Sitevi à Montpellier, et dont le suivi doit donner lieu à une nouvelle visite dès janvier.


Après la vigoureuse action d’écoulage de vins espagnols à la frontière le 19 octobre et la pacifique manifestation de 6 000 vignerons à Narbonne le 25 novembre, le vignoble du Midi maintient la pression sur ses acheteurs en particulier et les pouvoirs publics en général. Attendant des engagements des enseignes et du négoce lors d’une réunion prévue à la préfecture en janvier, les vignerons manifestent leur désarroi et indiquent leur insatisfaction face aux solutions actuellement proposées. Accompagné d’adhérents pendant l’opération du 23 décembre, Martial Bories, le président de la cave de l'Occitane (Servian, à 15 km de Béziers) indique à France 3 et au Midi Libre que « c'était un avertissement » qui pourrait conduire à d’autres actions faute de solutions : « s'il le faut, on bloquera les centrales d'achat, mais ce serait triste d'en arriver là ».
Face à la déconsommation des vins, rouges notamment, et aux impasses économiques se multipliant, aggravées par les aléas climatiques et géopolitiques, Martial Bories explique qu’avec cette action « il s'agissait d'une action symbolique et pacifique, on n'a rien cassé » avec comme objectif « de rencontrer les directeurs des magasins » en pleine négociation annuelle des achats dont les prix sont disputés au centime alors que les charges explosent : « c'est indécent, ça ne peut plus continuer, on ne s'en sort plus. » Ayant imposé une forme révolutionnaire d’esprit de Noël aux hypermarchés, les viticulteurs languedociens espèrent désormais souffler de bonnes résolutions miracles à ses acheteurs et pouvoirs publics.