menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Politique / "Il faut être très clair, il n’y aura pas d’autre campagne de distillation"
"Il faut être très clair, il n’y aura pas d’autre campagne de distillation"
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Jérôme Despey
"Il faut être très clair, il n’y aura pas d’autre campagne de distillation"

Avec la mise en œuvre imminente des dernières phases de la distillation de crise, la filière vin peut se projeter sur sa stratégie d’avenir pour structurer sa reconquête de parts de marché. Du moins si chacun joue le jeu : acheteurs du négoce, filière charentaise, politiques…
Par Alexandre Abellan Le 19 octobre 2023
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
« Une baisse des prix ne serait pas supportable dans le contexte d’augmentation des charges et d’hétérogénéité de la production » prévient Jérôme Despey. - crédit photo : Alexandre Abellan
D

ernières nouvelles du front de la distillation de crise. Son calendrier de mise en œuvre s’est affiné ce 17 octobre avec le vote du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer permettant la notification d’une deuxième vague de distillation ce vendredi 20 octobre, avec le déploiement des 40 millions d’euros supplémentaires annoncés ce 25 août par le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau. Financée par la réserve de crise de l’Union Européenne, cette rallonge impose la fin des opérations de distillation avant le 31 décembre 2023 et la réalisation des paiements au 31 janvier 2024. Soit une nouvelle course contre la montre pour l’outil industriel des distilleries. « Je salue le travail remarquable des distilleries, qui ont permis de terminer la première phase de distillation le 15 octobre. On commence à payer les premières aides, avec 10 millions € versés au 15 octobre (sur les 80 millions € de la première phase) » rapporte Jérôme Despey, le président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer, qui pointe l’urgence d’enclencher la deuxième vague face à l’impatience du vignoble… Qui devra passer par une troisième phase pour en finir avec ce dispositif particulièrement tarabiscoté.

Devant retirer 3 millions d’hectolitres de vin, la distillation de crise 2023-2024 se trouve découpée en trois épisodes à cause du financement haché de ses 200 millions € de budget. La première phase de distillation est financée par 80 millions € des crédits 2023 de l’Organisation Commune du Marché vitivinicole (OCM vin*), la deuxième repose sur les 40 millions des réserves de crise de l’Union Européenne, quand la troisième utilise 80 millions € de l’article 213 de l’OCM vin permettant des aides d’état plafonnées annuellement à 15 % de l’enveloppe OCM. Chaque source de financement imposant son calendrier et ses contraintes, le vignoble se retrouve face à une mécanique administrative parfaitement huilée dans sa production gazeuse à défaut de fluidité pour ses utilisateurs/bénéficiaires.

Jamais deux sans trois

Concrètement, les modalités de cette deuxième phase restent inchangées par rapport à la première (volume minimal de 30 hl, sanctions…), mais le volume d’action est globalement divisé par deux pour cette deuxième vague par rapport à la première. Victime de son succès, avec 4,4 millions hl d’engagement pour un financement permettant de distiller 3 millions hl, l’outil applique un taux de réfaction, qui permettra au total de retirer 52 % des vins AOP souscrits, 68 % des IGP et 100 % des vins de France. Tous ces volumes seront distillés après la troisième phase, dont l’ouverture sera décidée mi-novembre, pour un lancement au plus tard le premier décembre, avec une réalisation à cheval sur 2023 et 2024 (pour une clôture au 31 juin 2024).

Rebondir et reconquérir

Alors que la distillation de crise touche, enfin, à son terme, la filière vin peaufine son plan stratégique pour prévoir la suite « sous l’égide du CNIV (Comité National des Interprofessions des Vins AOP et IGP) et de Bernard Farges (son président). Il faut se structurer avec un plan ambitieux pour ceux qui veulent rester et un accompagnement digne pour ceux épuisés » résume Jérôme Despey, pour qui « il faut être très clair, il n’y aura pas d’autre campagne de distillation », mais « il y aura des travaux sur la régulation de la production, sur la conquête de parts de marché à l’export et en France, sur le coefficient multiplicateur avec la restauration en région… »

Le plan de filière est d’autant plus nécessaire que la situation devient préoccupante dans de plus en plus de secteurs du vignoble. « Il y a des tensions dans de nombreux bassins et on a l’impression que les tensions s’étendent, avec des gradations différentes » indique Jérôme Despey, qui en appelle à la responsabilité de tous. À commencer par les metteurs en marché pour positionner les cours de la prochaine campagne de vin en vrac. « Une baisse des prix ne serait pas supportable dans le contexte d’augmentation des charges et d’hétérogénéité de la production » réagit le viticulteur de Saint-Geniès-des-Mourgues (Hérault), ajoutant qu’« avec tous les collègues, nous ne nous sommes pas battus pour mettre en place une distillation et que des propositions de prix soient inférieures aux niveaux de la distillation » (75€/hl pour les AOP, 65 €/hl pour les IGP et 45 €/hl pour les vins de France).

Vigilance et soutiens

Autre mise au point : la vigilance sur le respect de l’engagement charentais pris lors de l’octroi d’autorisations de plantation nouvelles sur l’étanchéité entre les volumes produits pour Cognac et le marché des vins blancs en cas d’excédents. « Je ne veux pas entendre que des volumes puissent basculer en VSIG et perturbent les marchés » prévient Jérôme Despey. Le président du conseil spécialisé appelle également les pouvoirs publics et politiques à soutenir la filière, comme avec l’outil de transformation en prêts bonifiés des Prêts Garantis par l’État (PGE), mais pas un concours Lépine de la taxation. Ces soutiens politiques seront nécessaires pour avancer sur les demandes que portent Jérôme Despey sur la restructuration différée (pour avoir une aide sur 5 années précédant la plantation) et un système de préretraite (une aide relai de 12 000 €/an sans cotisations, pour la transmission d’un domaine par un viticulteur de plus de 57 ans en mauvaise situation, physique ou financière, à un jeune, s’installant ou installé depuis moins de 10 ans).

« Tout le monde veut aller vite, mais tout ne peut pas se faire en un coup de baguette magique » conclut Jérôme Despey.

 

* : « Il n’y a pas d’argent perdu dans l’OCM vin. Tout est utilisé pour la restructuration, la promotion, l’investissement, la distillation… L’intégralité de l’argent est décaissée » précise Jérôme Despey.

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Tous les commentaires (4)
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous
Olivier Metzinger Le 25 octobre 2023 à 08:35:54
Il faut regarder la réalité en face, ce Monsieur à l'air sympathique gère depuis quelques années la filière vin avec quelque personnes. Force est de constater qu'il a nié l'existence d'une profonde crise que ses décisions ont favorisées. Pour autant il reste et demeure l'interlocuteur privilégié du Ministre. Lui et sa bande d'amis ou de collègues sont les fossoyeurs d'une filière, incapable de prendre en compte de la réalité du terrain, trop déconnecté par une vie politique parisienne. Ce système est au bout, nous devons le réinventer faute de quoi l'agriculture française (dans son ensemble) finira par disparaître. Nous ne pouvons plus nous contenter de décisions de comptoir du type YAKA FAUQUON. Les faits sont là, devant nous, nous ne pouvons pas les nier éternellement. Ces gens ont demandé des autorisations de plantation nouvelle pour 2023, justifiées par des perspectives de marché florissantes nécessitant une progression, au lieu de gérer une décroissance intelligente des surfaces sans argent public. Ca pose question sur une gestion durable et efficace de notre filière.
Signaler ce contenu comme inapproprié
PIERRO Le 19 octobre 2023 à 09:06:50
Et c'est reparti .... "il y aura des travaux sur la régulation de la production, sur la conquête de parts de marché à l?export et en France, sur le coefficient multiplicateur avec la restauration en région? » Donc vous donnez toujours aux transformateurs (qui aujourd'hui tirent systématiquement à côté des poteaux), on régule la production ??? alors qu'il faut : REGULER LES PRIX ET LES CONTRACTUALISATIONS... Et après on va labelliser RSE tout ce beau petit monde. « avec tous les collègues, nous ne nous sommes pas battus pour mettre en place une distillation et que des propositions de prix soient inférieures aux niveaux de la distillation » Euh, oui, enfin non, un peu d'ambition Monsieur, c'est pas le prix de la distillation la ligne rouge, c'est les coûts de prod. Merci encore, pour votre belle vision industrielle qui appauvrit le vigneron depuis 20 ans ! Jerome Despey, Bernard Farges... des "vignerons" (????) qui n'ont aucune empathie pour leurs semblables, continuant la même politique viticole depuis 20 ans, celle qui nous a amené là. Réveillons nous !
Signaler ce contenu comme inapproprié
Dumas Le 19 octobre 2023 à 08:54:22
Chacun fait comme si le vin rouge tranquille était immuable, définitivement condamné à la production m^me si le marché n'existe plus. C'est l'histoire de l'usine de production de clous tordus dont personne ne veut mais que l'Etat continue à indemniser. Ici, la production quantitative de vin rouge tranquille dans le languedoc est à l'agonie par des contraintes incontournables, de plus e plus reignantes. La déconsommation de cette production s'accélère, le changement climatique, l'inutilité du vin rouge tranquille pour la santé des citoyens, le déséquilibre du marché (excédent 130Milliards, déficit 1300Milliards liés à l'alcoolisme..), les intrants, l'eau.. Qu'on se le dise une fois pour toute : le marché du vin rouge tranquille en Languedoc est à l'agonie et doit être remplacé sur son foncier par une autre production plus rentable, plus porteuse d'avenir : l'amande industrielle. MAIS, les chambres d'agriculture n'en veulent pas pour une raison " la culture de l'amande consomme plus d'eau que la vigne"... une condamnation à la mort prochaine des viticulteurs concernés. Or la production de l'amande en France ,1000t/an aujourd'hui, pour une demande de 45000t/an importée de Californie ou d'Espagne permettrait de tenir un marché intérieur de qualité, maitrisé, structuré, économiquement porteur, à la condition de s'unir autour de la gestion des eaux de ruissellement des piémonts (bassines), de la mise aux normes des réseaux d'eau potable (50% de perte en ligne), d'une irrigation rationnalisée.. Hélas le chantier est à la fois monstrueux et politiquement risqué. Alors on ne bouge pas. Laissons le marché du vin rouge tranquille s'étioler doucement en gérant les à-coups sociaux qu'il impliquera disent en coeur les élus régionaux et départementaux et les chambres d'agriculture, laissant s'exprimer les représentants syndicaux de cette corporation en canalisant au mieux leurs revendications corporatistes.
Signaler ce contenu comme inapproprié
DARIUS Le 19 octobre 2023 à 08:16:21
Le problème c'est l'Europe. L'Europe qui a un mécanismes législatif et administratif tellement rigide que changer une mauvaise loi européenne comme celle qui interdit les primes d'arrachage est quasi impossible ou alors cela prend des années comme on le voit actuellement pour la fixation des prix de l'électricité. La loi cela n'est pas le Coran, cela doit être changé quand les circonstances le demandent. Les eurocrates devraient se méfier. Un beau jour on risque comme l'on dit jeter le bébé avec l'eau du bain
Signaler ce contenu comme inapproprié
vitijob.com, emploi vigne et vin
Paris / Seine-et-Marne / Yvelines ... - CDD CAVES AUGE
Bouches-du-Rhône - CDI Vignerons Indépendants des Bouches-du-Rhône
Ain / Allier / Ardèche ... - VRP/Agent/Freelance GOUTTES D'OR UNION
Gironde - Alternance/Apprentissage Ethicdrinks
Charente - CDI APECITA POITOU CHARENTE LIMOUSIN
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Politique
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé