aradoxe identitaire, le rattachement du département du Gard au Languedoc ou à la Vallée du Rhône se heurte à la logique administrative de bassin viticole à l’occasion du plan de distillation de crise. D’après les régles négociées entre la France et l’Union Européenne, les Vins Sans Indication Géographique (VSIG) du bassin de la Vallée du Rhône et de la Provence sont exclus de l’appel à manifestation d’intérêt de FranceAgriMer, afin de maintenir des prix corrects au niveau national, qui tiennent compte des cours pratiqués et ne peuvent les dépasser. La subvention 2023 est ainsi fixée à 45 €/hl, quand des transactions à 30 €/hl ont été enregistrées sur le bassin Rhône-Provence. Causant l’exclusion de ses VSIG du plan d’aide, dont ceux venant du Gard, pour le malheur des opérateurs souhaitant vider leurs cuves d’excédent avant les vendanges.
« Le téléphone chauffe, certains ont des volumes plus ou moins importants à distiller. C’est compliqué, on essaie de faire bouger les lignes. On demande d’enlever le département du Gard » indique Anthony Bafoil, le président du comité gardois des vignerons coopérateurs d’Occitanie, qui porte ce message à l’occasion du cinquantième congrès des caves coopératives, ce 28 juin à Saumur (Maine-et-Loire). « On va essayer de discuter pour sortir le Gard comme il y a un chevauchement » précise Denis Verdier, le président de la Fédération Gardoise des Vins à Indication Géographique Protégée (IGP), se demandant « au nom de quoi attribuer des VSIG à la Vallée du Rhône sur une exploitation produisant des appellations du Rhône et des IGP du Languedoc ? Le Gard a le cul entre deux chaises, entre les appellations gérées par Avignon et les IGP par Montpellier. »


En l’état, cette exclusion « a des conséquences. Je plaide pour que ceux qui en ont le plus besoin puissent y accéder » ajoute Denis Verdier est d’autant plus remonté, rapportant que « certains opérateurs ont fait un coup de spéculation en achetant de gros volumes à prix cassés, 60 à 70 000 hl à 30 €/hl auprès de gens qui avaient besoin de trésorerie, pour les mettre à la distillation et générer une plus-value. L’État est capable de savoir qui sanctionner. Sinon les vignerons sont cocus deux fois : ils ne peuvent pas distiller à cause de ceux qui ont spéculé. Ceux qui vont souffrir ne le méritent pas. »
Alors que l’appel à candidature s’achève ce mercredi 5 juillet, les délais sont très courts pour modifier le dispositif. D’autant plus que le cadre de cette distillation est particulièrement compliqué. Avec deux phases de livraison (avant et après vendanges), un possible taux de réfaction si l’enveloppe est atteinte (pour 3 millions hl) et la question d’une rallonge budgétaire (une demande de 40 millions € à Bruxelles).