epuis Narbonne (Aude), les Vignerons Coopérateurs d’Occitanie (VCO) lancent un appel à l’aide aux collectivités locales, au gouvernement français et à l’Union Européenne : « malgré tous les efforts consentis, le contexte ne cesse de se durcir, mettant en péril bon nombre de structures » indique un communiqué, annonçant que « le soutien des pouvoirs publics est indispensable pour un avenir durable » de la filière. Représentant 70 % de la production régionale de vin avec 193 caves et unions coopératives pour 17 000 viticulteurs adhérents et 5 900 salariés, les Vignerons Coopérateurs d’Occitanie témoignent d’une somme d’abattements individuels pouvant rapidement tourner à l’embrasement collectif.
« La situation économique s’enlise de jour en jour » résume le communiqué de VCO, listant les 12 plaies frappant la filière après une série de réunions régionales dans le Sud-Ouest, le Languedoc et le Roussillon : « augmentation des charges, inflation, baisse de la consommation de vin en France : le marché se tend alors que de nombreuses transitions sont attendues. À cela s’ajoute les aléas climatiques : notre filière subit les conséquences d’une forte sécheresse et des attaques de mildiou importantes. »
Pour abattre cette escadrille de problèmes, une batterie d’aides sont demandées par le président des VCO, Ludovic Roux, et ses quatre vice-présidents territoriaux, Anthony Bafoil, Joël Boueilh, Fabien Castelbou et Guillaume Ribes. Alors qu’une rallonge vient d’être obtenue pour la distillation de crise en cours*, « une mesure d’aide au stockage privé permettant de détendre les trésoreries des entreprises dans un contexte économique incertain » indique la coopération occitane, proposant de redéployer une mesure de la crise covid (déjà couplée avec de la distillation). VCO appuie également la relance de la demande d’arrachage différé, qui a été enterrée par Bruxelles, mais qui permettrait « de laisser le temps aux vignerons pour faire des choix de restructuration du vignoble en lien avec le marché si celui-ci le permet ». Alors que l’aide à la sortie du métier viticole se limite actuellement à l’arrachage sanitaire de Bordeaux (pour renaturation et diversification), la coopération occitane note que « des vignerons vont être contraints d’arrêter leur activité. Nous devons les accompagner dignement et demandons une mesure sociale adaptée via des critères sociaux. »
En parallèle de ces aides de restructuration de l’offre, VCO demande des aides économiques conjoncturelles aux trésoreries, avec « une mesure d’aide aux entreprises de l’aval », « une dérogation des amortissements afin de les différer », « des mesures de trésorerie par une année blanche des cotisations MSA, un dégrèvement à 100 % de la TFNB », « des mesures fiscales adaptées à l’Agriculture » (comme demandées depuis des années par les vins AOC, au sein de la CNAOC). Face aux principaux aléas climatiques du millésime 2023, mildiou et sécheresse, les caves coopératives demandent « une mesure de soutien spécifique […] basée sur l’EBE et selon des critères spécifiques aux comptabilités des exploitations », mais ne réclament pas d’intervention particulière des assureurs**.
Stratégiquement, les coopératives demandent « des mesures d’accompagnement à l’ouverture des marchés à l’export », de quoi rappeler le souhait de « grande cause nationale » chère au président des Vignerons Indépendants de France, Jean-Marie Fabre, dont les prises de position contre les surprofits des groupes verriers sur le prix des bouteilles et sur le dos du vignoble semblent partagées. VCO jugeant que « des contrôles des pratiques de nos fournisseurs sont nécessaires, dans une période inflationniste, nos couts de production explosent au bénéfice de certains, c’est plus 20 % sur les factures ! » La coopération occitane reprend également les demandes du Syndicat des Viticulteurs de l’Aude (SVA), contre la francisation de vin, en demandant plus de « contrôles d’importation des vins étrangers », et pour la mise sous pression du négoce afin de maintenir les cours : « dans une période où nos coûts de production s’envolent, la réponse ne peut pas être une baisse des prix au producteur ! » Tout comme le SVA, le VCO prend un ton si ce n’est menaçant, du moins clairement intimidant : « le soutien des pouvoirs publics est INDISPENSABLE. L’immobilisme ne sera pas toléré. »
* : Président de l’Association Générale de la Production Viticole (AGPV), Stéphane Héraud juge dans un communiqué que « cette annonce est un élément positif dans un contexte difficile aussi bien sur le marché que pour la vendange qui démarre. Elle nous redonne de l’élan pour aborder à la rentrée les chantiers structurels de relance de la filière qui nous attendent. »
** : Face au « refus des assureurs français de prendre en charge les pertes de récolte provoquées par la vague de mildiou qui traverse la France », l’Association Nationale des Élus de la Vigne et du Vin (ANEV) se dit « particulièrement courroucée » par cette décision remettant en cause le nouveau système d’assurance climatique (contrat MultiRisque Climatique, MRC) et ne voit qu’« une seule issue possible : que les sociétés d’assurance française acceptent de revoir leur décision afin que les dégâts viticoles provoqués par le mildiou puissent être pris en charge dans les plus brefs délais dans le cadre des contrats MRC au titre des aléas exceptionnels causés par l’excès d’humidité. »