éfenseur invétéré d’une boîte à outils de soutien à la filière vin, Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants, prône un plan d’action en trois axes pour renforcer des entreprises fragilisées par les aléas climatiques et économiques (voir encadré). Préparant ses arguments pour la rencontre des représentants de la production et du négoce avec le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, ce 26 janvier, le vigneron de Fitou pointe que les seules réponses à court terme ne permettront pas à la diversité des opérateurs du vignoble de se préparer à l’avenir.
En parallèle du soutien économique aux entreprises et du remodelage des bassins viticoles en déséquilibre, « il faut dans le même pas de temps être en capacité de se poser la question du développement des marchés, de l’évolution de la production et de la réponse aux évolutions sociétales » résume Jean-Marie Fabre, qui appelle la filière à garder « un esprit d’entrepreneur » en s’appuyant sur des perspectives de développement commercial à l’export. Pour ce faire, « le renforcement de la filière vin doit être la grande cause nationale de l’année qui arrive pour nos différents ministères de tutelle et le plus haut sommet de l’État » demande le président des Vignerons Indépendants.


Concrètement, ce statut prendrait la forme d’un soutien au secteur économique sur les marchés internationaux. « Un levier est l’engagement stratégique financier de la diplomatie française pour positionner nos vins en premier sur les nouveaux marchés en y mettant les moyens. On constate depuis des années la déconsommation de vin en France et sur le continent européen : la bataille va se passer ailleurs, la consommation mondiale ne cesse de progresser et il n’y a pas de raison que cela ne continue pas à l’avenir » analyse Jean-Marie Fabre, ajoutant que si « les lieux et modes de consommation changent, la France a les outils, les produits et les entreprises qui sont capables d’aller chercher ses nouvelles parts de marché. Il ne faut pas freiner les ambitions. » Car « si l’on attend deux à trois ans pour se soucier du moyen et du long terme, d’autres pays se seront positionnés : c’est maintenant qu’il faut mener la bataille, en leader » conclut le vigneron languedocien.
Portant depuis la crise covid l’idée d’une boîte à outils la plus large possible afin de répondre à la diversité des entreprises vitivinicoles, Jean-Marie Fabre milite depuis la fin 2022 pour une feuille de route portant sur trois thématiques. D’abord l’amélioration de la résilience climatique des domaines, avec la finalisation de la réforme française de l’assurance récolte par la révision internationale de la moyenne olympique, l’investissement dans des outils de prévention (gel, grêle, sécheresse) et des travaux sur la vie des sols pour la résistance à la sécheresse et la captation carbone (ce qui sera au cœur des prochaines rencontres nationales des Vignerons Indépendants, les 28 et 29 mars 2023 à Amboise). Il porte ensuite le renforcement de la résilience économique, avec l’aide aux trésoreries face à l’inflation pesant sur les coûts de production (notamment avec le report des Prêts Garantis par l’État, PGE). Il soutient enfin le recalibrage conjoncturel et structurel entre l’offre et la demande selon les besoins de chaque bassin viticole demandeur (arrachage primé, distillation de crise, stockage privé…).