À ce rythme, il ne sera plus possible que de commercialiser à perte ou en prenant le risque d’un décrochage des marchés par la hausse des prix de vente » pose Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants de France. Subie depuis ce printemps, l’inflation des coûts de l’énergie et des matières premières représente ce mois d’octobre l’équivalent de 21 % du prix de vente moyen hors taxe d’une bouteille de vin d’après le dernier observatoire des vignerons indépendants (avec 600 retours à date). Variable selon les bassins et exploitations vitivinicoles, la marge d’un vigneron avoisine 12 à 20 % du prix de vente d’une bouteille indique Jean-Marie Fabre. En mai dernier, un sondage auprès de 1 800 caves particulières relevait une inflation de 13 % prix du moyen de vente d’une bouteille de vin.
Avec une marge réduite à peau de chagrin, la filière vin milite pour des aides soutenant son activité et sa compétitivité. À commencer par l’étalement de la dette, qui tourne au marronnier avec la demande de report des remboursements des Prêts Garantis par l’État (PGE) : « cela aura un impact financier nul pour l’État (il n’y a pas d’annulation, mais report de dette). Ne pas le mettre en place aura un impact financier : il y a un risque d’effondrement » pointe Jean-Marie Fabre, rappelant le poids économique des vins et spiritueux (sur la balance commerciale export, mais aussi sur l’emploi : « avec 600 à 700 000 emplois en France, le vignoble est le premier employeur de France derrière la fonction publique » indique le vigneron de Fitou).


Saluant l’annonce récente d’un bouclier tarifaire pour l’énergie ouvert aux TPE/PME de plus 10 salariés (« il y avait un trou dans la raquette » glisse Jean-Marie Fabre), le président des Vignerons Indépendants alerte sur l’exposition du vignoble aux surcoûts sur ses matières sèches produites hors de France (bouteilles, cartons, étiquettes…). « Il faut trouver un moyen de sortir les charges de conditionnements et d’expédition qui pèse sur notre secteur. Il est performant et il doit le rester » prévient-il. Rapportant que 92 % des vignerons vendent leurs vins en bouteilles, Jean-Marie Fabre pointe qu’ils sont 32 % à ne pas réussir à honorer leurs commandes dans les délais faute de livraisons à temps de leurs matières sèches. Avec ces boulets, il devient carrément impossible de commercialiser normalement ses vins.