es premières données du dernier observatoire économique des Vignerons Indépendants de France ne sont pas rassurantes. Sondant ses 7 000 adhérents, la fédération nationale des caves particulières a pourtant clos son questionnaire avant les aléas climatiques de la Pentecôte, qui ont encore dû noircir le tableau. De la fin 2019 à mai 2022, les entreprises s’estimant en mauvaise santé financière sont passées de 4 à 22,5 % des répondants. « La dégradation de la santé financière nécessite des réponses pour passer le cap : de la souplesse dans le remboursement de la dette constituée au moment où des exploitations sont plurisinistrées (deux crises climatiques, une crise sanitaire et des crises géopolitiques) » alerte Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants de France, donnant des chiffres sur les Prêts Garantis par l’État (PGE).
D’après ces récentes données, 60 % des vignerons indépendants ont souscrit un PGE, dont 72 % ont utilisé l’intégralité de leur PGE (en moyenne de 100 000 €). « La viticulture est le secteur agricole qui a le plus utilisé le PGE (3/4 des PGE agricoles étant viticoles) » ajoute Jean-Marie Fabre, indiquant que « 63 % des vignerons estiment qu’ils ont des difficultés dans les six prochains mois à rembourser leur PGE s’il n’y pas d’étalement de 9 à 10 ans du remboursement des PGE ». De quoi appuyer les demandes d’augmentation du délai de remboursement des PGE portées par la filière vin. « Nous ne souhaitons pas être soustraits à la dette » rappelle Jean-Marie Fabre, qui demande la prise en compte l’augmentation de l’endettement et des charges et la réduction des recettes. En l’état, « cela mange totalement nos marges (entre conséquences du gel 2021 et de l’invasion russe de l’Ukraine) » indique le vigneron, plaidant aussi pour une renégociation des encours bancaires (sans frais pour les vignerons).


Ces données et demandes ont été présentées par Jean-Marie Fabre à Marc Fesneau, le nouveau ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, lors d’un rendez-vous ce juin 9 juin à Paris. Un sujet auquel il est déjà sensibilisé, et qu’il semble soutenir. En visite ce lundi 6 juin sur un vignoble ravagé par la grêle dans le Gers, le ministre était interpellé sur la demande du lissage des remboursements sur 10 ans des PGE, sans passer par la médiation du crédit. « On y travaille, je n’en dis pas plus à date, mais j’ai bon espoir que sur ce sujet-là ça fonctionne » indique Marc Fesneau, évoquant des arbitrages interministériels à venir en juillet pour le prochain budget. « L’efficacité dans ce moment, c’est la rapidité » indique le ministre.