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Crédits : Maison des vins de Cadillac

Olivier Metzinger
Pour un prix minimum du vrac
 

Il est à l’initiative d’une étude qui a beaucoup fait parler d’elle. Début 2023, Olivier Metzinger a montré que le vrac était un gouffre pour les producteurs bordelais depuis trop longtemps. Pour cela, il a calculé leurs recettes d’après les cours moyens du vrac et les rendements moyens par appellation et les a comparés aux coûts de production calculés par la Chambre d’Agriculture de Gironde. Résultat : presque tous les ans depuis douze ans, les producteurs de bordeaux, de médoc, de graves ou de sainte-croix-du-mont perdent de l’argent lorsqu’ils vendent en vrac ! Surtout, Olivier Metzinger est arrivé à ce chiffre énorme de 46,8 millions d’euros de pertes par campagne pour l’ensemble des vendeurs de vrac.

« Comment est-ce possible qu’on n’ait rien vu pendant si longtemps ? » se demande-t-il. En posant la question autour de lui, en demandant s’il n’y avait pas de signes avant-coureurs de ce désastre, les notaires lui ont répondu qu’ils voyaient les vignerons vendre des biens et la Safer que beaucoup de parcelles avaient depuis longtemps du mal à trouver preneur. Pour Olivier Metzinger, il y a là des informations qui devraient servir d’indicateurs pour alerter d’une dérive, « pour que demain, on ne laisse pas passer tant d’année avant de se rendre compte d’une crise ».

Désormais, il cherche comment instaurer une sorte de prix minimum. L’affaire est très délicate comme le montrent les sanctions prises par l’autorité de la concurrence contre l’interprofession et l’association des viticulteurs d’Alsace. Mais il pense que c’est possible. « Il existe un texte européen qui dit que si vous avez des exigences environnementales et sociétales dans votre production, vous pouvez dire que votre produit ne peut pas être mis en marché en dessous d’un certain prix, assure-t-il. C’est le cas dans la viticulture. Nous travaillons là-dessus. »

A 54 ans, Olivier Metzinger est porte-parole du collectif Viti 33 qui avait émergé lors de la crise du début des années 2000 et qui s’est reconstitué en 2021. Son expérience lui a appris que pour faire bouger les choses, il valait mieux être à l’intérieur du système. Si bien qu’il s’est présenté à l’élection à l’Organisme de Défense et de Gestion de Bordeaux en juillet 2022 –« celui que les ministères consultent »- et qu’un an plus tard il est entré au conseil d’administration et au bureau de ce syndicat. « On ne peut pas critiquer tout le temps, dit-il. Il faut aussi être capable de proposer. » Voici une de ses propositions : lier le montant des cotisations interprofessionnelles au cours du vrac pour que les interprofessions vivent au rythme du vignoble afin qu’elles réagissent en conséquence.

 


Bertrand Collard