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Crédits : DR

Isabel Gassier
Pionnière de la viticulture régénérative
 

Du dynamisme, de l’ambition et du concret plein la tête. C’est ce qui émane d’Isabelle Gassier, cette viticultrice qui veut remettre l’agriculture régénérative au cœur de ses pratiques et de ses vignes.

Dès son plus jeune âge elle crapahute au caveau et dans les rangs de vigne du château de Nages, le domaine familial installé en terre rhodanienne. C’est donc assez naturellement qu’elle décide de s’orienter vers des études en viticulture à ses 16 ans. Mais la jeune femme a la bougeotte. « J’avais du mal à rester en place donc à 18 ans je suis partie en Suisse à Changins (Haute école de viticulture et d’œnologie) qui proposait un parcours théorique mais aussi particulièrement axé sur la pratique. ». Elle fait ensuite ses armes pendant 1 an (2016) auprès du regretté Philippe Cambie, œnologue conseil renommé du groupe ICV (vallée du Rhône méridionale), puis, le démon du voyage la reprenant, s’envole vers la Californie en 2017. Elle entame alors un stage puis rencontre Philip Coturri, pionnier de la viticulture régénérative et biodynamique en Californie et gestionnaire/conseiller de 40 domaines sur 150 ha. Elle travaille donc en tant que chef de culture pour son entreprise et continue à travailler en parallèle comme œnologue conseil pour Philippe Cambie. Durant cette période, elle a pu découvrir l’univers passionnant de l’ampélographie, de l’agriculture régénérative, du soin du vivant, elle a travaillé « sur des pieds parfois plus grands que moi plantés en 1890 en franc de pied ! De voir des parcelles avec des souches qui ont connus des successions d’époques et qui ont fait preuve de tant de résilience c’est quelque chose de fort ! ».

En 2022, le papillon des vignes décide de rentrer dans le cocon familial. « Je suis revenue quand j’étais un peu plus alignée avec mon père quant à une certaine vision commune de l’avenir du vignoble, et notamment sur les itinéraires techniques autour de l’agriculture régénérative » explique l’ambitieuse. Parce qu’en effet, si le vigneron en place n’est jamais réticent aux innovations et à la découverte, il a tout de même fallu lui expliquer la démarche. Etape assez simple il faut l’admettre : « J’ai de la chance d’avoir mon père qui me soutient beaucoup et qui aime essayer plein de choses. » Aujourd’hui chargée de recherche et développement sur le domaine familial, elle tend à apporter ce changement de pratique et un suivi régulier notamment par l’obtention du premier label Agriculture régénérative en France. Du haut de ses 30 ans, elle adresse un message de soutien aux femmes de la vigne et du vin : « Je n’oublie pas que je suis fille de patron, il n’en reste pas moins que nous ne devons pas nous excuser de prendre la place. Même si on se sent invisible et qu’il y a encore beaucoup d’a priori notamment autour de la technique. N’oublions pas qu’il est possible d’instaurer des réseaux féminins d’entre aide technique. »

 


Sarah El Makzoumi