X

 
Crédits : La Coopération Agricole

Ludovic Roux
Tout pour l’arrachage différé
 

Lorsqu’il s’est officiellement engagé en GAEC auprès de son père en 2002, à Talairan, dans les Corbières, Ludovic Roux pouvait-il s’imaginer 20 ans plus tard en première ligne des espoirs d’avenir viticole ? Pour l’obtention de la mesure d’arrachage différé qui apporterait un peu de respiration à toute une filière ? Probablement pas, même si l’envie de s’impliquer pour le collectif s’est vite fait sentir chez lui. Après la retraite de son père, il rachète les vignes de son oncle pour travailler un ensemble de 48 hectares, avant d’intégrer rapidement la gouvernance de sa cave coopérative des Terroirs du Vertige. Couvé par des dirigeants historiques qui s’apprêtent à passer la main, Ludovic Roux en prend au virage de la campagne 2010-2011 la présidence (le plus jeune président de la coopération viticole à ce moment-là).

Le goût du collectif l’appelle à plus d’engagements, et Ludovic Roux prend également des responsabilités progressives chez les Vignerons coopérateurs (président régional, vice-président national), la chambre d’agriculture (vice-président) ou encore l’IGP Terres du Midi (président), qu’il a contribué à installer. Sur son exploitation en 2019, il convertit au bio l’ensemble de son parcellaire. En charge du dossier européen chez les Vignerons coopérateurs de France, il est élu en 2022 à la vice-présidence du groupe vin de la Copa-Cogeca (groupe de défenses des intérêts agricoles auprès de la Commission européenne), où il s’active pour faire avancer le dossier de l’arrachage différé.

« L’idée a germé il y a 5 ans alors que les Corbières connaissaient des difficultés récurrentes sur les marchés », lance celui qui, depuis 2006, n’a pas connu « trois années d’affilée sans aléa climatique fort ». Alors que les crises successives rendent la situation difficile dans les Corbières, Ludovic Roux réitère depuis des années sa volonté de « trouver de solutions pour permettre un départ digne pour ceux qui n’ont plus les ressources ou les forces pour maintenir une activité viticole », rappelle-t-il. Permettant de ne pas se passer du potentiel de production si les marchés tournent plus favorablement dans quelques années, la mesure d’arrachage différée fait son chemin au sein du syndicat de la coopération, « ça a pris du temps pour faire le tour de la faisabilité juridique, mais nos analyses nous ont confirmé la compatibilité » avec le cadre réglementaire européen, appuie l’intéressé.

Si la Commission Européenne semble avoir mesuré l’intérêt d’une telle mesure, Ludovic Roux a senti que « cet outil de flexibilité a les arguments pour faire consensus, mais il sera nécessaire qu’elle adapte son interprétation de certains textes, mais il n’y a rien de révolutionnaire ». Le cas de la non-replantation apparaît comme le point délicat de ce dossier, mais le soutien marqué du ministre de l’Agriculture pour porter cette mesure devant la Commission pousse Ludovic Roux à l’optimisme. Il sera au cœur des échanges entre la filière, la Commission Européenne et l’administration française (la Direction générale de la performance économique et environnementale des entreprises, DGPE).

 


Olivier Bazalge