Bernard Angelras

Président de l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV)

Photographe : IFV.

Le progressiste à pas feutrés

Bernard Angelras a pris, en janvier dernier, la présidence de l'IFV. S'il marque l'année 2017, c'est par l'aboutissement de deux travaux qu'il a activement soutenu au sein de l'Inao depuis de longues années avec discrétion. Tout d'abord, il a été porteur de la réflexion sur l'intégration des mesures agro-environnementales dans les cahiers des charges des AOC. Convaincu que des pratiques respectueuses de l'environnement sont plus que compatibles avec les appellations, il les met en pratique avec les Costières de Nîmes dont il est le président et se sert de cette expérience pour convaincre à Paris.
Ce questionnement environnemental l'a également conduit à se préoccuper de l'irrigation. C'est un sujet sur lequel il a travaillé avec obstination pour faire évoluer la réglementation de la gestion du stress hydrique en AOC. Le nouveau décret est paru en août dernier.

Bernard Arnault

PDG du groupe Louis Vuitton Moët Hennessy

Photographe : Ce 18 octobre 2017, Bernard Arnault (au centre) inaugurait le site du Pont Neuf accompagné de Philippe Schaus (le nouveau PDG de Moët Hennessy) et de Bernard Peillon (le PDG de la JAS Hennessy). LVMH.

La fortune du vignoble français

En Champagne comme en Cognac, s’il est un opérateur qui donne le « la », c’est bien Moët Hennessy, la filiale vins et spiritueux de LVMH. À la tête du leader mondial du luxe depuis 1989, Bernard Arnault assume pleinement ses prétentions hégémoniques.
Inaugurant le nouveau site d’embouteillage des Cognacs Hennessy (plus de 50 % des eaux-de-vie charentaises), le polytechnicien soulignait un approvisionnement trop limité pour répondre totalement à la croissance des marchés américains et chinois. À la cantonade, il affirmait être sûr de trouver une solution « avec tous nos partenaires locaux pour augmenter la capacité ». Dont acte pour le vignoble charentais, alors que le bassin viticole n’a cessé d’augmenter ses contingents de nouvelles autorisations de plantation (de 250 hectares en 2015 à 1 600 ha en 2017). Désormais, Hennessy espère passer à 2 000 ha par an. Et compte encore développer ses contrats pluriannuels avec ses apporteurs.
Les mêmes signaux de sécurisation de l’approvisionnement se retrouvent en Champagne, où Moët Hennessy a augmenté de 5 % les cours de ses achats fin 2017. Un bond inhabituel. Et un effet de manche entend-on dans le vignoble, afin de séduire de nouveaux apporteurs, alors que les contrats interprofessionnels seront renégociés pour cinq ans après la vendange 2018. Il faut dire que LVMH représente déjà le quart des ventes de champagnes, avec Dom Pérignon, Krug, Mercier, Moët & Chandon, Ruinart et Veuve Clicquot.
Devenu en 2017 la première fortune française selon le classement de Challenges (avec un patrimoine de 46,9 milliards d’euros), Bernard Arnault compte bien asseoir son contrôle des vins et spiritueux premiums français.

Alexandre Bain

Vigneron en biodynamie à Tracy-sur-Loire

Photographe : Alexandre Bain.

Le bad boy de Pouilly-Fumé

Alexandre Bain a vaincu l’INAO. Le tribunal de Dijon a estimé que la sanction que lui avait infligée l’Administration en 2015 était disproportionnée. Il peut de nouveau revendiquer l’AOC Pouilly-Fumé. S’il n’en a pas besoin pour figurer à la carte des meilleurs restaurants et exporter ses vins aux quatre coins de monde, le vigneron est fier d’avoir démontré que l’INAO n’est pas toujours dans son bon droit et qu’il n’est pas intouchable.
Alexandre Bain a reçu le soutien de confrères qui, jusqu’alors, le regardaient de travers, lui qui n’est pas issu du vignoble et qui cultive ses vignes à l’aide d’un cheval. Le bad boy regrette seulement que le syndicat soit resté en retrait tout au long de cette affaire. Selon lui, en finançant l’organisme de contrôle, c’est lui qui tirait les ficelles et souhaitait sanctionner sa façon de travailler.

Emma Bentley

Consultante anglaise

Photographe : Emma Bentley.

La figure de la lutte contre le harcèlement sexuel

« La plume de l’avocat est un sécateur de vendange » dit le proverbe italien*, témoignant du tranchant inéluctable de la justice, quand elle est lancée. Mais encore faut-il que mûrissent les procédures, et tiennent bon les plaignants pour arriver au jugement. Après cinq ans d’enquêtes et de convocations, la détermination d’Emma Bentley lui a permis de voir l’été dernier la condamnation de son agresseur, le caviste parisien Marc Sibard.
Avec deux collègues des Caves Augé et des Vins du Monde (groupe Lavinia), la consultante anglaise a porté plainte en 2012 et tenu bon. Emma Bentley a égalment eu le courage de témoigner à la presse des agressions sexuelles qu’elle a subies. Un courage d’autant plus exemplaire qu’elle est sortie de son silence avant même que ne soient d’actualité l’affaire Weinstein et le mouvement #BalanceTonPorc.
Apaisée qu’il n’y ait pas eu d’appel et que soient versées ses premières indemnités, Emma Bentley continue de répondre aux sollicitations de femmes harcelées et agressées, afin de les éclairer sur les procédures judiciaires. Ayant participé aux dernières vendanges en Italie où elle prépare des livres sur les vignobles qui la passionnent, Emma Bentley manie la plume et le sécateur.

* : En version originale, « la penna dell’ avvocato è un coltello di vendemmia ».

Audrey Bourolleau

Conseillère agricole d'Emmanuel Macron

Photographe : Vin et Société.

Celle qui devait murmurer à l'oreille du président

Audrey Bourolleau était la bien aimée directrice de Vin et Société. Quand a été annoncé son soutien à Emmanuel Macron, une large majorité a vu un placement politique et stratégique fort opportun.
Au moment du Salon de l'Agriculture, alors qu'elle emmenait le futur président sur le Pavillon des vins, les regards entendus et les pronostics politiques nourrissaient des espoirs d'une collaboration fructueuse avec une femme dont chacun loue son professionnalisme et son dynamisme.
Ces espoirs auront été largement déçus, ce qui lui vaut le prix de la déception de l'année. Depuis qu'elle a pris place à l'Élysée, Audrey Bourolleau ne murmure pas à l'oreille du président. Au point que la filière viticole n'a pas remis son plan de filière. Le torchon brûle.

Boris Calmette, Jacques Gravegeal et Jean-Marie Fabre

Président de Coop de France Languedoc-Roussillon, ex-président des Vignerons indépendants et président d’Inter Oc

Photographe : Bertrand Collard, Vignerons Indépendants de l’Aude et In the mood.

La trinité de la juste rémunération

Ils ont eu le nez creux. Dès la fin 2016 et durant tout 2017, Boris Calmette, président de Coop de France Languedoc-Roussillon, Jean-Marie Fabre, président des Vignerons indépendants (à l’époque) et Jacques Gravegeal, président d’Inter Oc, ont travaillé sur un projet de contrat interprofessionnel pluriannuel de vente en vrac, faisant référence au coût de production pour déterminer le prix de vente. Selon leur projet, toute hausse des coûts de production devrait entraîner celle du prix de vente. À l’époque, la réglementation l’interdisait.
Mais quelques mois plus tard, Emmanuel Macron était élu et lançait les États généraux de l’alimentation dont l’un des objectifs était de rémunérer justement les producteurs. La démarche des trois responsables professionnels mérite d’être saluée à un autre titre : rarement, on aura vu leurs organisations travailler autant ensemble que sous leur direction. Quant au contrat d’Inter’Oc, il doit voir le jour dans les mois qui viennent.

Laurent de Crasto

PDG Immunrise

Photographe : Alexandre Abellan.

L’entrepreneur du biocontrôle viticole

N’allez pas dire à Laurent de Crasto que le vin est une filière traditionnelle. Pour lui, ce sont les ruptures qui l’ont modelé, afin de répondre aux pressions de l’environnement. Il en veut pour preuve la relative jeunesse du modèle viticole actuel, hérité de la crise phylloxérique, de la création des appellations d’origine, de la mécanisation… Face aux besoins exacerbés de ruptures dans les pratiques de traitements du vignoble, il propose de sortir des traitements phyto conventionnels avec des produits de biocontrôle issu d’extraits de microalgues.
Cofondateur de la start-up ImmunRise*, il a développé avec son équipe d’une dizaine de salariés un premier anti-mildiou prometteur. Après de premiers tests positifs dans ses laboratoires en 2016, « l’extrait D » a confirmé en 2017 ses résultats de Stimulateur des Défenses Naturelles et de biopesticide direct dans des vignobles bordelais et charentais. En 2018, l’entrepreneur espère conduire une vingtaines d’essais dans les vignobles de Bordeaux, Bourgogne, Champagne, Cognac, Loire, Sud-Ouest… Mais pour cela il doit augmenter sa capacité de production d’extraits de microalgue, qui s’est révélée limitante en 2017.
Les procédures d’Autorisation de Mise sur le Marché devraient commencer par le dépôt d’un dossier fin 2018 à l’Agence Nationale Chargée de la Sécurité Sanitaire (ANSES).

*: À 42 ans, l’ingénieur agronome Laurent de Crasto a déjà créé trois entreprises : Wine In Tube, Vincent dans les Vapes et ImmunRise. La première propose des tubes pour la dégustation de vin au verre. Tandis que la deuxième développe des arômes pour le vapotage. ImmunRise a été fondée avec Lionel Navarro, de l’Institut de Biologie de l’École Normale Supérieure, un ancien camarade d’études universitaires de biologie à Lyon.

Thomas Crestey

Responsable du Mas Numérique

Photographe : Thomas Crestey.

Le démystificateur de la viticulture de précision

Son année 2017, Thomas Crestey l'a passée à mettre en place le Mas Numérique, inauguré en octobre dernier. Diplômé en 2014 de Montpellier SupAgro (il fut le premier étudiant à effectuer sa troisième année en contrat de professionnalisation de l'école), le jeune homme est, avec son équipe et le corps professoral de Montpellier SupAgro, aux manettes d'une exploitation viticole d'un nouveau genre implantée sur le Domaine du Chapitre, à Villeneuve-lès-Maguelone.
Durant l'année, quinze applications high-tech ont été mises en œuvre sur les 35 hectares de vigne dans ce lieu dédié à tester les nouvelles solutions numériques en grandeur nature. Choisi pour « ses qualités d'écoute, d'analyse et d'accompagnement ainsi que les connaissances développées dans les services numériques pour l'agriculture » explique Hervé Hannin, directeur du développement de Montpellier SupAgro, Thomas Crestey occupe son quotidien à tisser des liens.
« Au Mas Numérique, l'idée est de créer des ponts entre les exploitations viticoles et les entreprises pour travailler ensemble à des solutions innovantes. C'est d'avoir ce double langage agricole et numérique pour faire le lien entre les deux sphères » explique-t-il. En un mot : démystifier le numérique auprès des viticulteurs.

Guillaume Deglise et Valérie Lobry

Directeur de Vinexpo/directrice générale de Comexposium

Photographe : Vinexpo/Comexposium.

Les tacticiens de la guerre des salons

En 2017, impossible de passer à côté de Valérie Lobry, directrice générale de Comexposium et de Guillaume Déglise, directeur de Vinexpo. Ces deux-là ont véritablement défrayé la chronique des salons business du vin, après une année 2016 qui avait mis la barre plutôt haute en la matière.
En achetant Vinisud et la World Bulk Wine Exhibition, Comexposium a fait une percée retentissante dans le monde de l'événementiel business du vin. L'organisation de Vinisud et Vinovision à la Porte de Versailles en 2019 sera un test pour savoir si un salon national du vin, organisé à Paris, est pertinent.
Ce test, Guillaume Déglise, prévoit également de le faire en 2020 dans les mêmes locaux. Vinexpo versus Vinisud/Vinovision : ce pourrait être le titre d'un film, ce sera la partie qui va se jouer dans les deux prochaines années. À moins, qu'un esprit de collaboration se mette à souffler et qu'un rythme d'alternance annuelle soit finalement la solution cordiale.

Damien Delecheneau

Président du Syndicat des vins de Montlouis-sur-Loire

Photographe : La Grange Tiphaine.

Le président des hélicos contre le gel

Pour sa première année en tant que président de l'Organisme de Défense et de Gestion de Montlouis-sur-Loire, Damien Delecheneau a été mis à rude épreuve. Installé à Amboise depuis 2002 au Domaine de la Grange Tiphaine, le viticulteur de 38 ans a dû faire face en 2017 aux vagues de gel qui ont déferlé entre le 24 et le 28 avril sur le vignoble montlouisien.
Pour gérer au mieux cette situation, le syndicat viticole a décidé de prendre les choses en main : durant cinq jours, une flotte de huit hélicoptères a survolé 260 hectares de vignes pour rabattre l'air chaud en altitude vers le sol et sauver les bourgeons du gel. Du jamais vu en France !
Et cette initiative a fait des émules : d'autres domaines de Touraine et du Bordelais leur ont emboîté le pas. En 2018, les hélicoptères reprendront leur vol en cas de gel au printemps. Cette fois encore, les viticulteurs montlouisiens et leur président seront prêts.

François d’Haene

Vigneron au domaine du Germain (Saint-Julien)

Photographe : Damien Rosso.

Le vigneron recordman

Âgé de 31 ans, ce vigneron du Beaujolais a tout simplement été sacré meilleur ultra-traileur du monde en 2017. Il compte de très nombreux records et victoires, dont les plus prestigieuses : l'ultra-trail du Mont Blanc en 2012, 2014 et 2017 (juste avant d'aller s'occuper des vendanges du domaine...), le « John Muir trail », la traversée de la Sierra Nevada, en octobre 2017, la « Maxi race ultra », à Annecy, en 2017. Il a également remporté trois fois la Diagonale des Fous, mythique course de l'île la Réunion : en 2016, 2014 et 2013.
Son autre terrain de course, devenu sa seconde passion : le vignoble du Beaujolais. Cet ancien kiné s'est reconverti en 2012, en reprenant avec son épouse le domaine familial du Germain, à Saint-Julien (69), alors en proie à l'arrachage. Ils y produisent, sur 4,6 ha, des vins des appellations Beaujolais, Beaujolais-Villages, Moulin-à-Vent et Chénas.
On lui tire notre chapeau.

Sandrine Goeyvaerts

Présidente de Women Do Wine

Photographe : Pinardothèque.

Les femmes du vin en haut de l'affiche

En 2017 est née l'association Women do Wine, qui doit son origine à Sandrine Goeyvaerths, caviste et blogueuse (également « autrice » de livre), au style cru, humoristique et sans fard. En 2016, excédée de voir que les femmes restaient très discrètes dans les classements célébrant les personnalités de la filière, elle écrivit un tweet bien senti, assorti du hashtag #WomenDoWine. Aussitôt repris, le mot-clé devint la base d'un mouvement qui s'est concrétisé avec la naissance de l'association éponyme, dont Sandrine Goeyvaerths est la présidente.
Women do Wine compte près de 200 femmes travaillant dans le monde du vin qu'elles soient vigneronnes, œnologues, commerciales ou communicantes. Son but : donner une visibilité médiatique aux femmes du vin. Une initiative très actuelle après une année 2017 marquée par l'affaire Harvey Weinstein, ainsi que la mise en lumière médiatique de l'écriture inclusive, que Women do Wine pratique sur son blog.

Anne Haller

Déléguée à la filière vin de FranceAgriMer

Photographe : DR.

La pédagogue de la dématérialisation

« Elle répond à toutes les questions. Elle entend les critiques. Elle ne se démonte pas : elle arrondit les angles », explique une de ces collègues. Elle ? C’est Anne Haller, déléguée à la filière vin de FranceAgriMer. Elle connaît l’Organisation Commune de Marché sur le bout des doigts. Depuis deux ans, elle parcourt les vignobles pour expliquer les téléprocédures qui ont remplacé les dossiers imprimés de demande d’aide à la restructuration et à l’investissement. Avec elle, les choses paraissent limpides. Elle a un don pour la pédagogie.
Le jour de l’ouverture de ces procédures, elle est derrière son poste. « À chaque fois, on précise l’heure d’ouverture, dit-elle. Mais les gens se connectent avant. Puis ils nous disent que ça ne marche pas. Je leur explique que ce n’est pas encore l’heure. » Si la réussite de ces nouvelles procédures tient beaucoup à l’investissement et aux qualités personnelles d’Anne Haller, elle rappelle que c’est surtout fruit du travail d’une « équipe très mobilisée ».

Stéphane Héraud

Président de l'Association Générale de la Production Viticole (AGPV).

Photographe : Vignerons de Tutiac.

L’as de la punchline viticole

Maître de cérémonie du premier congrès unitaire de la viticulture française, le viticulteur Stéphane Héraud a fait la démonstration de l’unité de la filière autant que de sa capacité à synthétiser des heures de palabres en une phrase choc. Ce colloque réunissait à Bordeaux, ce 6 juillet 2017, les représentants nationaux des AOC, IGP, vignerons indépendants et caves coopératives et le commissaire européen à l’Agriculture. Les élus du vignoble plaidant d’une seule voix pour la préservation des spécificités viticoles dans la Politique Agricole Commune. Ce qui, résumé par Stéphane Héraud, donnait un bilan satisfait pour l’écoute et à confirmer par des faits : « nous avons mis une pièce dans la machine. Maintenant il faut espérer récupérer le gros lot ».
Alliant franc-parler et idées claires, Stéphane Héraud ponctue avec le même panache ses mandats locaux. Il a ainsi fait adopter « à la quasi-unanimité » une série de mesures agro-environnementales au syndicat viticole des Côtes de Bordeaux (qu’il préside). Soit les mêmes dispositions que celles prises par les Bordeaux (présidé par son camarade de l’Entre-deux-Mers, Bernard Farges). Depuis le gel du printemps 2017, Stéphane Héraud plaide sans relâche pour l’assurance récolte, qu’il a rendu quasi obligatoire dans la cave coopérative de Tutiac (qu’il préside).
En bon coopérateur, Stéphane Héraud estime que si l’on va plus vite seul, on va toujours plus loin à plusieurs. « J’espère que l’on n’attendra pas 2017 ans de plus pour faire un deuxième congrès. Mais on va essayer de travailler à un discours commun. C’est possible. Bien sûr il y a des choses qui parfois nous séparent entre métiers et signes de qualité différents. Mais sur le fond on y arrive toujours » concluait Stéphane Héraud à la tribune de ce congrès historique.

Jean-Baptiste Lebreuil

Président du syndicat viticole de Savigny-lès-Beaune

Photographe : Domaine Lebreuil.

L'anti-fataliste

À l’aube du 19 avril 2017, Savigny-lès-Beaune est le premier village de Côte d’Or à allumer des feux de paille pour protéger ses vignes du gel. Jean-Baptiste Lebreuil, président du syndicat viticole du village coordonne les opérations. Dix jours plus tard une quinzaine de villages suivent l’exemple de Savigny. La côte de Beaune et la côte de Nuits se couvrent d’un manteau de fumée protecteur. « Une telle mobilisation pour sauver notre gagne-pain est inédite. Tout le monde y est allé » se rappelle Jean-Baptiste Lebreuil, qui tient à préciser que ce n’est pas lui, mais Caroline Chenu, également viticultrice à Savigny, qui allumé la mèche. « Quand elle a entendu la météo annoncer un risque de gel, elle nous a demandés : qu’est-ce qu’on fait ? Tout est parti de là. Ce sont tous les viticulteurs de Savigny qu’il faut distinguer ! »

Georges Legrand

Directeur de la maison Boisset

Photographe : Georges Legrand (à gauche) et Michel Duvernois, le directeur de la coopérative Bourgogne du Sud (à droite) posent devant les terres prochainement plantées…

L'instigateur des VSIG en Bourgogne

Pour sécuriser en quantité et en qualité son approvisionnement en raisins destinés à l'élaboration de mousseux, Georges Legrand, directeur de la maison Boisset, a souhaité s'associer avec la coopérative agricole Bourgogne du Sud, pour planter de nouvelles vignes sur des terres agricoles. Une demande d'autorisation de nouvelles plantations en vins de France, pour 65 hectares, a été demandée et octroyée en 2017. Les vignes vont être plantées dès mars 2018 par une vingtaine d'agriculteurs. Des surfaces supplémentaires devraient compléter le projet si les résultats sont concluants.
Le petit 'hic' : une partie des terrains concernés se situe à proximité immédiate des aires d’appellations bourguignonnes de Côte d'Or. Le projet n'a donc pas fait l'unanimité dans le vignoble, loin de là, y compris au sein même de la famille du négoce... Depuis l'annonce du projet, un « moratoire » a été décidé concernant les nouvelles plantations de vignes sans Indication Géographique. L'objectif : laisser aux responsables professionnels le temps de débattre et trancher la question de laisser s'installer, ou non, ce type de vignoble aux portes des aires d'AOC bourguignonnes...

Éric Maille

Conseiller viticole pour AgroBio Périgord

Photographe : AgroBio Périgord.

L'expert du couvert

Les engrais verts et les couverts ont le vent en poupe ! Et lorsqu'il s'agit d'en parler, personne ne peut mieux le faire qu'Éric Maille. Conseiller viticole à Agrobio Périgord depuis 2008, cet ingénieur de 43 ans en a fait son cheval de bataille. « J'étais auparavant conseiller agricole en Charente puis en Gironde. J'ai fait le tour de toutes les cultures. Et en grandes cultures, les couverts végétaux ont rapidement fait leurs preuves tant pour limiter la pression des adventices que pour enrichir le sol, souligne-t-il. Pourquoi cela ne fonctionnerait donc pas en viticulture ? »
Désormais expert reconnu en viticulture biologique, Éric Maille, intervient régulièrement à l'occasion de formations ou de conférences pour exposer ses connaissances en matière de phytothérapie ou de plantes indicatrices. Aux côtés de son collègue Thomas Suder, il travaille également depuis 2015 sur la réduction des traitements au Pyrévert contre la flavescence dorée en effectuant un suivi des larves de cicadelle dorée, vecteur de la maladie. Un protocole de suivi validé par la Fédération Régionale de Défense contre les Organismes Nuisibles (FRDON) a d'ailleurs permis de réduire le nombre de traitements en zones de lutte obligatoire.

Marie Mascré

Cofondatrice de l’agence Sowine

Photographe : Eric Zeziola.

Le pari de l’intelligence collective

Avec ses yeux clairs et son sourire franc, Marie Mascré rayonne. À 43 ans, elle dirige l’agence de marketing et de communication Sowine, avec son associé Sylvain Dadé. Une agence fondée en 2006 qui innove en misant sur l’intelligence collective. « Nous donnons la parole à nos clients pour nourrir nos recherches sur leur identité et pour créer de la cohésion autour de nos projets », explique-t-elle. C’est ainsi qu’elle a fait participer plus d’une centaine de Champenois aux réflexions et travaux qui ont débouché sur la nouvelle campagne de communication des Champagnes de vignerons sortie à la fin de l’année dernière. Marie Mascré a à cœur de comprendre les marques et les appellations pour exprimer leur identité. C’est sûrement la clé du succès grandissant de son agence.

Anastasia Rocque

Conseillère spécialisée en viticulture à la Chambre d’Agriculture d’Indre-et-Loire

Photographe : APCA.

La professionnelle de l'anti-gel

Elle ne manque pas de dynamisme, ni d’enthousiasme. À seulement 29 ans, Anastasia Rocque a déjà un riche parcours. Elle intègre la Chambre d’Agriculture d’Indre-et-Loire en juin 2016, après un passage à la Chambre de Saône-et-Loire, puis aux services techniques d’InterLoire. Sa mission : réaliser une étude sur les différents systèmes de lutte contre le gel de printemps et plus généralement sur les conséquences du changement climatique. Un travail qu’elle a accompli avec brio, puisqu’aujourd’hui elle est devenue la spécialiste de la lutte contre le gel de printemps au niveau des Chambres d’Agriculture. Elle accompagne ainsi les viticulteurs de sa région dans le déploiement des systèmes de lutte. Et, elle anime des conférences dans les autres régions sur cette thématique.
Dernièrement, une autre mission lui a été confiée : celle de coordonner les réseaux de viticulteurs acteurs dans la lutte contre les dépérissements de la vigne (programme Mobilisation et Innovation Vigneronne). L’objectif de ces groupes : que les vignerons partagent leur perception des maladies de dépérissement et testent des pratiques innovantes qui permettraient de les limiter.

François Veillerette

Directeur de Générations Futures

Photographe : Générations Futures.

Le militant d'une agriculture sans pesticides

Habitant dans la campagne picarde, François Veillerette, 58 ans, a toujours été sensibilisé aux questions environnementales. Mais c’est sa rencontre avec l’agronome Georges Toutain qui lui sert de déclic. Ensemble, ils fondent il y a plus de 20 ans le mouvement Générations Futures. Enseignant de formation, François Veillerette met alors sa carrière entre parenthèses. Son cheval de bataille : la lutte contre les pesticides en particulier, et contre tout ce qui touche à la santé et à l’environnement en général. Sur ce point, l’année 2017 a été riche de combats.
Avec d’autres Organisations Non Gouvernementales, Générations Futures a milité activement contre la prolongation d’autorisation du glyphosate et contre les perturbateurs endocriniens. Elle a également déposé un recours en conseil d’État contre le nouvel arrêté qui encadre l’utilisation des produits phytosanitaires. Et ce n’est pas fini.
Même si le glyphosate a de nouveau été homologué au niveau européen, François Veillerette ne s’avoue pas vaincu et va poursuivre son combat. L’année 2018 va être consacrée à un autre chantier : il va œuvrer pour que le système d’homologation actuel des pesticides au niveau européen soit revu…