’est une petite musique qui revient en boucle dans les médias : les vins rosés de Provence deviennent la chasse gardée de célébrités et de marques internationales. En témoignent ses flots de vedettes françaises (Carla Bruni et Nicolas Sarkozy, Tony Parker…), de stars hollywoodiennes (George Clooney, George Lucas, Brad Pitt, Ridley Scott…) et de groupes spécialisés dans le luxe (Louis Roederer avec Ott, Louis Vuitton Moët Hennessy avec Minuty, Whispering Angels ou Galoupet, Pernod-Ricard avec Sainte-Marguerite…).
Une litanie de marbre qui cache la forêt du vignoble pour Éric Pastorino, le président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Provence (CIVP). Lors de son assemblée générale, ce 6 juillet, le viticulteur varois a crevé l’abcès : « il faut arrêter de nous faire passer pour du bling-bling. Les vins de Provence ne se limitent pas aux stars et aux maisons [de Champagne] ». Lassé d’une exposition médiatique réductrice (comme celle résumant Bordeaux à ses grands crus ou le Beaujolais au vin nouveau), Éric Pastorino martèle que « pour les années à venir, notre richesse réside dans le tissu des petits vignerons indépendants, des caves coopératives et des négoces régionaux qui ont fait notre succès. On va travailler le sujet de la transmission et de la préservation de cette diversité. »


« Ça me fait peine pour tous les vignerons qui se lèvent tous les matins pour faire leur vins » et dont la réalité est vigneronne, pas oscarisée ou luxueuse, ajoute le président du CIVP, qui a un autre refrain dans le viseur : « c’est comme dire que nos rosés sont chers… C’est faux ! Dans nos caveaux on trouve des prix raisonnables. » Alors que les ventes provençales baissent en grande distribution, Éric Pastorino se dit attentif au marché français : « on y sent une certaine atonie, alors que nous étions en progression depuis 15 ans. Il y a plusieurs facteurs l’expliquant : les conditions climatiques (dont nous sommes dépendants pour la consommation), l’inflation (imposant la prudence aux ménages)... Ça amène le consommateur français à ne pas avoir toutes les conditions réunies pour voir la vie en rose. » Ni la boire en rosé.
Misant sur le tourisme vigneron et une nouvelle identité, le CIVP compte désormais promouvoir la réalité de sa diversité, loin des clichés d'une page people.