menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Politique / Le vin sans alcool veut être légalisé et plus interdit
Le vin sans alcool veut être légalisé et plus interdit
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Au nom du perd
Le vin sans alcool veut être légalisé et plus interdit

Si le vin sans alcool attire l’attention des consommateurs, cette dénomination est interdite par la réglementation qui ne parle que de vin partiellement désalcoolisé. Voulant le même cadre que la bière sans alcool pour gagner en visibilité, le collectif des vins no/low demande un changement de doctrine à la Répression des Fraudes.
Par Alexandre Abellan Le 10 février 2025
article payant Article réservé aux abonnés Je m'abonne
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
Le vin sans alcool veut être légalisé et plus interdit
« Ce que cherche le consommateur aujourd’hui, c’est le vin sans alcool » pointe Jérôme Cuny, alors que la réglementation interdit l’usage commercial de ce nom. - crédit photo : Alexandre Abellan
N

om vernaculaire et non réglementaire. Usuel, le terme de "vin sans alcool" n’a pas d’existence légale, la réglementation européenne ne reconnaissant que le terme de "vin désalcoolisé". Pourtant, les consommateurs n’utilisent que le terme de vin sans alcool : « aujourd’hui on a une proposition avec le collectif [des vins no/low] à faire aux autorités : que le terme "vin sans alcool" ne soit pas purement et simplement interdit » annonce Jérôme Cuny, le fondateur du réseau La Cave Parallèle (2 caves spécialisées dans sans-alcool à Nantes et Aix-en-Provence) ce 9 février à Paris lors d’une conférence du collectif no/low pendant le salon Degré Zéro.

Proposant « une logique d’entonnoir », le collectif d’une trentaine d’opérateurs de la désalcoolisation des vins demande « la possibilité d’utiliser le terme "vin sans alcool" pour faire qu’une recherche sur internet ou dans un supermarché ou sur la vitrine d’un caviste permette de trouver rapidement l’offre, et que ce soit ensuite à nous, professionnels, de venir ramener sur les nominations officielles. Dans la section vin sans alcool, je trouve des boissons à base de vin désalcoolisé, des vins désalcoolisés, potentiellement des vins partiellement désalcoolisés… »

Début du processus

Alors que le fait d’accoler vin et désalcoolisé suffit à faire partir dans les tours certains opérateurs et amateurs de vin, cette demande sur l’usage du vin sans alcool ne devrait pas laisser indifférent… « Nous avons rencontré la Direction Générale de la Répression des Fraudes (DGCCRF) et leur avons annoncé que nous leur ferions cette proposition » rapporte Frédéric Chouquet Stringer, le fondateur du distributeur Zenotheque, qui précise que la DGCCRF a « accepté le principe de mettre en place une telle définition si toute le monde se met d’accord. Nous en sommes aujourd’hui au début du processus. Je pense que les cavistes, les vignerons et les consommateurs ont tous des attentes par rapport à ça et il faut arriver à se mettre rapidement d’accord sur l’utilisation de ces termes pour permettre la transparence auprès des consommateurs. »

Défendant une meilleure visibilité de l’offre des vins désalcoolisés, Jérôme Cuny précise que les bières sans alcool existent réglementairement depuis 1992, alors que les vins désalcoolisés ne sont reconnus par l’Union Européenne que depuis décembre 2021. « Il faut prendre en compte les attentes des consommateurs. Pour que ce ne soit pas seulement une discussion de spécialistes » poursuit le caviste spécialisé, estimant qu’il est du devoir de toute la filière de se mobiliser pour que les mêmes règles s’appliquent à tous : « ce n’est clairement pas le cas aujourd’hui. Il y a ceux qui ont été contrôlés par la DGCCRF et ont eu une injonction d’appliquer la loi* et il y a les autres. »

Origine du produit

Pour les vignerons, négociants et caviste se demandant pourquoi tenir à appeler vin un jus de raisin fermenté et désalcoolisé, Stéphane Brière, le PDG de l’entreprise de conseil en désalcoolisation B&S Tech, répond que cela « valorise le produit » d’origine et « informe le consommateur » alors qu’il existe dans la gamme des boissons sans alcool des jus de raisin, des boissons fermentées à base de thé… Et d’ajouter que c’est une remarque que seuls les gens de la filière vin font, pas les consommateurs : « il est important de parler de l’origine du produit ». Frédéric Chouquet Stringer « lance un appel à toute la filière vin, qui est l’accélérateur possible pour porter le vin désalcoolisé », le distributeur pointant que « les gens les plus critiques aujourd’hui par rapport aux vins désalcoolisés ne sont pas des consommateurs, mais des producteurs de vins traditionnels, qui ont du mal à voir les évolutions et les innovations du vin. Le vin sans alcool de qualité peut être l’une des solution » de la filière face à la crise viticole grâce à des « produits à haute valeur ajoutée ».

Chapelles

Alors qu’un nouveau Dry January vient de s’achever, les divisions semblent pourtant profondes entre pro et anti vin 0,0 % dans la filière. Le concept de mois sans alcool étant vu comme une agression culturelle et catalysant le rejet du vin désalcoolisé dans des pans du vignoble. Pour éviter tout malentendu, « nous sommes dans un discours de modération et pas d’abstention totale. On ne va pas tuer le vin qui est l’origine du produit que l’on défend » réplique Stéphane Brière, ajoutant que « nous sommes des gens de la filière vin. Nous ne sommes pas des gens antialcool. Pour faire de bons vins no/low, il faut de bons vins. »

Car « on ne répètera jamais assez que le vin désalcoolisé est une autre façon de valoriser le travail des vignerons » indique Jérôme Cuny, soulignant que l’opposition de principe des producteurs au sans alcool est souvent venu d’une dégustation « dégueulasse » d’un produit de la grande surface voisine* alors que le collectif no/low défend un produit de terroir et non d’industriel. Ce qui correspond aussi aux aspirations du marché. « La recherche d’un aspect santé dans le sans alcool devient une recherche de bien-être » analyse Sébastien Thomas, le cofondateur de Moderato, notant que d’après les derniers sondages parus : « on sort de la fonctionnalité pure du sans alcool, pour aller vers le plaisir. Cette attente devient une exigence, il faut continuer d’avancer sur la qualité des produits. »

Choix de consommateur

Dernier point, et pas des moindres, le Dry january « c’est un choix du consommateur de se lancer dans ce "défi de janvier" » relève Jérôme Cuny, pour qui « on peut le trouver logique ou non, mais c’est un choix. Personne n’oblige le consommateur à arrêter. Si vous n’avez pas de proposition, si vous restez les bras croisés à bouder, vos ventes vont baisser. La diminution de la consommation d’alcool en France est continue et régulière depuis les années 1960. » Ne pas avoir de vins désalcoolisé serait un désavantage concurrentiel. En attendant que la mention vin sans alcool soit une mention validé par le droit de la concurrence.

 

* : Comme le détaille dans une note le service vins de la Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation (DREETS), « les mentions "vin sans alcool", "sans alcool", l’indication "0,0 % vol." ou équivalentes pour les vins désalcoolisés ne sont autorisées que dès lors que la présence d’alcool n’est pas détectable à l’analyse (teneur en alcool inférieure à 0,1% vol.). Ces mentions n’étant pas prévues par les textes et le produit final contenant toujours un minimum d’alcool, la présentation d’un produit sous ces dénominations est susceptible d’être confusionnelle pour le consommateur. Ces présentations peuvent contrevenir aux dispositions de l’article 7 du Règlement (UE) n°1169/2011 du Parlement Européen et du Conseil du 25 octobre 2011 concernant l’information des consommateurs sur les denrées alimentaires et d’être perçue comme une autre catégorie de produits. »

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Tous les commentaires (3)
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous
Olivier Metzinger Le 19 février 2025 à 20:48:03
Pour avoir gouté des vins sans alcools, je me demande à quoi cela sert de partir de jus de raisin fermenté. Pour faire un ersatz de vin il me semble beaucoup plus simple de partir de l'eau qui compose plus de 99% d'un vin totalement désalcoolisé et d'y ajouter des aromes ou des produits naturels, pourquoi pas d'origine viticole, mais de l'eau issu de la vigne c'est un non sens absolu.
Signaler ce contenu comme inapproprié
jfk Le 13 février 2025 à 10:59:20
sans alcool ce n'est plus du vin ! donc dehors de cette dénomination qui entache la profession !
Signaler ce contenu comme inapproprié
Max le caviste Le 10 février 2025 à 19:55:22
La définition du vin est simple si on desalcoolise les ecolos sont ou? Avec l indice carbone?c est comme si je construit une voiture pour au final avoir une voiture à pedale? je voudrais savoir où sont ces consommateurs de vins desalcoolise parce que moi caviste rural j en vois très peu?sans doute des bobos qui veulent manger du steak de tofu?et qui sont vegan?
Signaler ce contenu comme inapproprié

vitijob.com, emploi vigne et vin
Gironde - CDD Château de La Rivière
Vaucluse - CDI PUISSANCE CAP
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Politique
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé