ercosur de leur fait. Ce 6 décembre, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et quatre présidents des cinq pays du Mercosur (Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay et Uruguay) ont signé le traité commercial entre les deux marchés. Soit la clôture de 25 années de négociations, entamées l’été 1999, pour aboutir à un accord de libre-échange causant l’opposition massive de l’agriculture française (notamment pour les éleveurs de bœufs, de porcs et de volailles). À l’exception de la filière vin, où des vins s’opposent à ce traité, mais où la majorité des instances reste favorable à tout dispositif international permettant un meilleur accès aux marchés. Notamment celui brésilien, où des tarifs rédhibitoires de 27 % sur les vins tranquilles et 35 % sur les effervescents ferment le marché depuis des années. « On présente toujours le vin comme un secteur gagnant » indiquait encore récemment la Commission Européenne, ajoutant 36 indications géographiques de vins et spiritueux protégées par l’accord*.
Cette présentation très positive est nuancée par certains opérateurs, comme Luca Rigotti, le président du groupe de travail vin du Comité des Organisations Professionnelles Agricoles de l'Union européenne (Copa) et du Comité Général de la Coopération Agricole de l'Union européenne (Cogeca), que « l'accès plus facile des produits de l'Union Européenne dans le cadre d'un tel accord pourrait ouvrir la porte à certains produits vitivinicoles sur leurs marchés, mais la question reste de savoir dans quelle mesure cela serait bénéfique, en particulier à un moment où l'inflation (Brésil +4,6 % et Argentine à trois chiffres) et les prix des denrées alimentaires augmentent dans la région ». Le viticulteur italien du Trentin ajoutant que l’Europe doit également aider ses producteurs à s’implanter sur de nouveaux marchés avec des soutiens à la promotion et à la valorisation à l’export.


Quand à la crainte de concurrence du vignoble argentin, ayant une plus grande ouverture du marché européen en retour, Ignacio Sanchez Recarte, le secrétaire général du Comité Européen des Entreprises Vins (CEEV), balaie le sujet : « soyons francs, les vins argentins sont déjà présents sur le marché de l’Union Européenne – les tarifs européens sur le vin tranquille importés n’est pas une barrière au commerce et nous n’allons pas voir un arrivage massif de vins argentin. » Alors que montent les tensions et menaces géopolitiques avec la Chine et les États-Unis, « le traité EU-MERCOSUR représente une énorme possibilité pour la durabilité du vin européen. On a besoin de nouveaux marchés, de nouveaux consommateurs, et ce traité, nous ouvre la porte du Brésil. Pays dans lequel nous sommes confrontés à des tarifs importants et diverses barrières techniques au commerce » souligne Ignacio Sanchez Recarte.
Désormais ratifié, le traité doit encore être « vérifié par les juristes-linguistes, traduit dans toutes les langues officielles de l’Union Européenne » puis « la Commission transmettra une proposition au Conseil et au Parlement pour signature et conclusion de l’accord » indique Bruxelles à Vitisphere, précisant que « compte tenu de ces éléments, nous ne pouvons pas dire à ce stade quand la baisse des droits s’appliquera ».
* : Il s’agit de 30 vins AOP (Alsace, Anjou, Beaujolais, Bordeaux, Bourgogne, Cahors, Chablis, Champagne, Châteauneuf-du-Pape, Côtes de Provence, Côtes du Rhône, Côtes du Roussillon, Fronton, Graves, Irouléguy, Languedoc, Madiran, Margaux, Médoc, Pauillac, Pessac-Léognan, Pomerol, Pommard, Romanée-Conti, Saint-Emilion, Saint-Estèphe, Saint-Julien, Sauternes, Touraine et Val de Loire), 1 vin IGP (Pays d'Oc) et 5 spiritueux AOP (Armagnac, Calvados, Cognac, rhum de Guadeloupe et rhum de la Martinique).