i la Commission Européenne prévoit des retombées positives pour les vins et spiritueux européens avec l’accord de libre-échange du Mercosur (Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay et Uruguay), les producteurs et exportateurs du vieux continent semblent plus incertains, entre développements potentiels du marché brésilien et risques de concurrence des vins argentins. « L'accord potentiel avec les pays du Mercosur pour le secteur vitivinicole comporte des aspects à la fois positifs et négatifs » répond à Vitisphere Luca Rigotti, le président du groupe de travail vin du Comité des Organisations Professionnelles Agricoles de l'Union européenne (Copa) et du Comité Général de la Coopération Agricole de l'Union européenne (Cogeca).
Face à l’argumentaire de Bruxelles, sur le démantèlement des droits de douanes prohibitifs, Luca Rigotti est plus pondéré : « l'accès plus facile des produits de l'Union Européenne dans le cadre d'un tel accord pourrait ouvrir la porte à certains produits vitivinicoles sur leurs marchés, mais la question reste de savoir dans quelle mesure cela serait bénéfique, en particulier à un moment où l'inflation (Brésil +4,6 % et Argentine à trois chiffres) et les prix des denrées alimentaires augmentent dans la région ». Le viticulteur italien du Trentin pointant que la plus grande ouverture devra être soutenue pour se concrétiser en exportations concrètes : « afin de s'affirmer sur ces marchés, il est nécessaire d'investir massivement dans des actions de promotion afin d'améliorer le positionnement des vins de l'Union Européenne ».
Flou dans la bergerie
D’autant plus que « les exportations de l'Argentine, classée septième producteur mondial en 2023, peuvent constituer un facteur inconnu pour les producteurs de l'Union Européenne » relève Luca Rigotti, pointant qu’« il serait également important de conditionner cette ouverture supplémentaire de notre marché à la réciprocité des normes de production, avec une attention particulière aux aspects environnementaux ». En l’état, le volet agricole du traité Europe-Mercosur est finalisé depuis 2019 : seuls les aspects de développement durable sont encore en discussion.