ourse transatlantique contre la montre : « on s’attendait à une augmentation des expéditions [vers les États-Unis], mais pas aussi fort et aussi vite. Dès le lendemain des élections [présidentielles des États-Unis], des ordres étaient avancés par nos plus importants clients pour envoyer des conteneurs au plus vite, avant décembre » rapporte Marion Boudard, la directrice commerciale en charge des réseaux pour Hillebrand Gori France. Réélu ce mardi 5 novembre pour être investi le 20 janvier, le président Donald Trump alarme particulièrement les exportateurs de vins et spiritueux, entre sa promesse électorale d’imposer des droits de douane de 10 à 20 % (sur l’ensemble des produits importés aux États-Unis) et le risque de relancer rapidement ses taxes de 25 % ciblant les vins et spiritueux français (d’octobre 2019 à mars 2021, qui n’ont été que suspendues pour 5 ans, jusqu’en juin 2026).
« On sent l’inquiétude » et l’urgence dan l’anticipation des commandes rapporte Marion Boudard, qui note une conjoncture déjà tendue : « on faisait face à des taux de remplissage transatlantique bien pleins ces dernières semaines. On va avoir du mal à trouver plus de place qu’il n’en existe. » Sachant que dans le fret, dès qu’il y a plus de demande que d’offre, les compagnies maritimes imposent des surcharges.
Grèves portuaires
La tension sur le flux maritime pourrait s’accentuer encore plus avec le risque de reprise des grèves portuaires sur la côte Est qui avaient marqué ce début octobre. Selon les négociations en cours entre les autorités portuaires et les syndicats de dockers*, de nouvelles manifestations pourraient avoir lieu dès le 15 janvier. Par prudence, « le conseil est d’anticiper les stocks pour éviter la rupture » indique Marion Boudard, la route alternative passant par Panama et la côte Ouest (les ports de Los Angeles ou San Francisco n’étant pas touchés par ces mouvements) avant un transport multimodal (par train et camion) impliquant d’importants surcoûts (et délais).
Entre politique et logistique, la pression sur les expéditions américaines est forte. Alors que les importations américaines de vins et spiritueux affichaient en baisse de plus en plus conséquente (-5 % sur l’année, -15 à -20 % sur les derniers mois), « les dernières annonces ont vraiment aidé à ce que les volumes repartent à la hausse » note Marion Boudard, qui relève qu’avant « les Américains ont eu peur d’avoir trop de stock, [maintenant] la donne a changé, il s’agit d’éviter d’être frappé par de nouvelles taxes potentiellement annoncée à l’arrivée de Donald Trump à la présidence. » En forte augmentation, les exportations de vins et spiritueux vers le marché américain courent le risque de n'être que temporaire, faisant plus ou moins long feu de paille selon le début de mandat de Donald Trump.
* : Les discussions portent sur l’automatisation des travaux, des hausses de salaire ayant été négociées début octobre.