nterdiction de toucher à quoi que ce soit. Et pour cause ! « Aujourd’hui, on fait du vin casher. Seul un rabbin a le droit d’officier », indique Christophe Patrice à notre arrivée au domaine qui porte son nom, à Beine, en Bourgogne. Il est temps pour nous de découvrir le pressoir Prexa N Infinity, le dernier né de Puleo, qui a débuté ses rotations il y a trois jours sur ce domaine de 50 ha.
« J’ai déjà un pressoir Willmes de 50 hl qui fonctionne très bien, expose Christophe Patrice. Mais il m’en faut un nouveau en prévision d’un agrandissement. Celui-ci m’intéresse surtout parce qu’il peut refroidir la vendange. En plus, il a l’air ludique et simple d’utilisation. »
C’est en effet sa première class='img-fluid' style='max-width:680px;width:100%' srcité : ce pressoir dispose d’une cage à double enveloppe thermorégulée dans laquelle on peut faire circuler du glycol afin d’abaisser la température de la vendange. « Ces dernières années, il nous est arrivé de rentrer des raisins à 25 °C, développe Christophe Patrice, qui n’aurait pas la place d’installer un échangeur tubulaire. Dans ces cas, les moûts partent vite en fermentation et j’ai du mal à débourber. »
Pressoir Infinity de Puléo monté sur châssis (photo A. Bimont)
« Il suffit de connecter le pressoir à un groupe froid », indique Raphaël Fairé, directeur commercial de Vini Solutions et distributeur de Puleo, en se joignant à l’échange. « Ça fonctionne très bien », commente le vigneron. Peu d’intérêt toutefois ce 24 septembre, jour de notre visite, car il fait à peine 13 °C.
Il s’avère que la véritable innovation réside dans le carter avant, où se cache un générateur d’azote installé là pour inerter la cage du pressoir. Il est d’ailleurs temps de réaliser cet inertage, avant l’arrivée de la première benne de chardonnay. « Il faut compter 15 à 20 minutes pour saturer le pressoir en azote, précise Raphaël Fairé. Tout est automatisé : lorsque la cage est saturée, une alarme retentit. » Un tuyau conduit les jus jusqu’à la cuve de réception, elle aussi inertée en azote via ce circuit.
Générateur d'azote et caisson d'écoulement des jus (Photo A. Bimont)
Le générateur est alimenté par un compresseur qui fournit aussi l’air comprimé pour le pressurage. « Par la suite, grâce au mode “4 saisons”, il peut servir à inerter d’autres cuves, à faire des mises sous azote ou à pousser le vin à l’azote de façon à se passer de pompe », souligne Raphaël Fairé.
Vue de l'écran de commande tactile (Photo A. Bimont)
Les bennes arrivent. Le rabbin et ses assistants connectent les tuyaux et pompent d’abord les jus de benne sous l’œil du vigneron. Puis ils démarrent le chargement du pressoir depuis l’écran tactile en façade, en suivant les indications de Raphaël Fairé. « On peut également tout gérer avec une commande manuelle », précise ce dernier en désignant un boîtier de contrôle jaune.
Boîtier de commande manuelle (Photo A. Bimont)
Le pressoir se remplit par la vanne axiale. « L’entrée de la vendange crée une légère surpression dans la cage, ce qui accélère l’égouttage », souligne Raphaël Fairé. Un manomètre confirme cette montée en pression. « Environ 100 grammes de plus que la pression atmosphérique, indique le vendeur. De cette manière, on peut égoutter jusqu’à 65 % des jus libres dans des conditions idéales. »
Dans le mireur, le moût clair s’écoule et, en haut du pressoir, une soupape évacue l’excès d’azote au fil du remplissage afin de maintenir la pression aux alentours de 100 millibars. Le remplissage est terminé et le pressurage proprement dit démarre, sur le mode Infinity. Ici, la membrane se gonfle par paliers de 100 millibars. « Entre chaque palier, on peut refaire une mise au vide et émietter le marc, détaille Raphaël Fairé. Comme on renvoie de l’azote en parallèle, cela permet de sortir un maximum de jus sans les oxyder. Ensuite, on presse à nouveau. »
Seul bémol : ce mode nécessite dix minutes supplémentaires, le temps de remplir la cage d’azote. C’est l’une des déceptions de Christophe Patrice, dont nous avons recueilli les impressions sur ce matériel à la fin des vendanges. « Remplir d’azote entre chaque palier, cela prend du temps. J’ai parfois pressé en 4 h 30… C’est long. Aussi, le dernier jour, j’ai abandonné le mode Infinity pour passer au mode Smartsystem. Dans ce cas, la cage et la cuve de réception sont inertées avant le chargement, mais plus entre chaque palier. Résultat : le pressurage n’a duré que 2 h, et la qualité était là. » Autre difficulté : l’assèchement des marcs. « Au début, ils étaient encore humides en fin de cycle, rapporte le vigneron. Nos chardonnays ont des pellicules un peu dures. Il a fallu trouver le bon réglage. »
Quel que soit le mode de pressurage, Christophe Patrice a recueilli des jus verts, bien moins oxydés qu’avec son pressoir Willmes. « Les gouttes comme les presses sont plus nettes à la dégustation. » Côté débourbage, c’est un succès. « Les bourbes se déposent mieux et plus vite, précise Christophe Patrice. Elles sont tassées comme si j’avais fait un collage ! Je vois vraiment la différence par rapport au Willmes. »
Dans ces deux modes de pressurage, le jus s’écoule dans un caisson, à l’abri de l’air, avant d’être transférés dans la cuve de débourbage, elle aussi inertée. Avec le troisième mode de pressurage, les jus coulent dans une maie à l’air libre, comme avec un pressoir classique. À l’utilisateur de déterminer s’il en a l’utilité.
Dernière class='img-fluid' style='max-width:680px;width:100%' srcité : la télémaintenance. Grâce à un simple partage de connexion, « au besoin, Puleo prend la main à distance afin d’installer des mises à jour ou rechercher une panne », indique Raphaël Fairé. Reste à savoir s’il faut apprendre à parler italien…
Pour acquérir ce pressoir, comptez 110 000 € HT, sans toutefois châssis ni redler, qui équipent le modèle testé chez Christophe Patrice.
Pour débuter le lavage de l’Infinity de Puleo, pas d’originalité, il faut entrer dans le pressoir. En revanche, une fois que l’on a retiré le plus gros des déchets, une boucle de lavage se charge du reste. « On remplit le pressoir d’eau, on met des produits dans le bac et on fait tourner en circuit fermé grâce à une pompe embarquée, explique Raphaël Fairé. C’est un gain de temps et de sécurité. » Une innovation que Christophe Patrice apprécie. « Je lave mes pressoirs tous les jours, précise le vigneron. Avec l’Infinity, je lance une boucle à la soude pendant 30 minutes, puis une seconde à l’eau claire pour rincer en 30 minutes également et c’est terminé. C’est très pratique. Pendant ce temps, je peux faire autre chose. Et à la fin, c’est propre : pas la peine d’y revenir. »