Simple, basique » : cela pourrait être la devise de ces pressoirs qui arrivent tout droit de Slovénie. Qu’ils soient de marque Sraml ou Sk-Skrlj, ils attaquent le marché français avec des prix imbattables. Joffrey Desgrousilliers, vigneron au Puy-Notre-Dame, dans le Maine-et-Loire, s’est laissé convaincre. L’an dernier, au domaine familial du Moulin de l’Horizon, il a remplacé son Della Toffola à membrane centrale – « trop difficile à nettoyer » – par un pressoir Sraml à cage ouverte, de 60 hl.
« Je ne connaissais pas cette marque, indique-t-il. Je l’ai choisie avec mon fournisseur V3Tec et j’ai contacté des domaines qui en avaient déjà acheté. Chez nous, on a un gros besoin de pressurage car on fait environ 80 % de blancs. On travaille parfois en 2 x 8, et on lave le pressoir jusqu’à quatre fois par jour. » Après une première campagne, il est conquis par son matériel. « Nous, ce que l’on veut, c’est un pressoir fonctionnel, qui presse bien et vite, et qui soit facile à nettoyer car on a de moins en moins de personnel. »
Promesses tenues pour Sraml. « J’en suis très content. Le châssis est tout inox et les soudures sont mêmes parfois mieux réalisées que sur les autres pressoirs. Je n’ai pris que deux options : une grande porte qui permet de charger facilement le pressoir, et une rampe de lavage en inox. D’autres marques proposent des rampes de ce type mais en PVC, elles se cassent au moindre choc. Il y a aussi un écran tactile mais des boutons nous permettent de gérer en manuel en cas de panne ou de bug. On n’est jamais bloqué ! »
Autre critère de choix : le prix. « Il est nettement plus bas que pour un modèle équivalent d’une grande marque. » Aujourd’hui, comptez en moyenne 60 000 € HT pour ce pressoir, selon la période de commande. « Pourtant, quand on ouvre le carter, on retrouve quasiment les mêmes compresseurs, moteurs ou ordinateurs que dans les autres pressoirs », précise le vigneron.
Un constat partagé par Ana Gimeno, maître de chai du Clos des Quarterons, à Saint-Nicolas-de-Bourgueil. L’an dernier, elle s’est également équipée d’un pressoir Sraml à cage ouverte de 26 hl, qui coûte aujourd’hui en moyenne 34 000 € HT. « Nous avions déjà un pressoir Bucher Vaslin de 22 hl et nous souhaitions augmenter notre capacité de pressurage. Nous avons découvert la marque Sraml au Sival. Ses prix de 20 à 30 % plus bas que ses concurrents nous ont incités à nous renseigner, puis à franchir le pas. »
Elle aussi fait l’éloge de son équipement. « Un technicien est venu le mettre en service et nous expliquer son fonctionnement. N’importe qui peut l’utiliser. On peut changer de programme en cours de route, modifier les programmes afin d’enclencher un pressurage plus court… Ce qu’on ne peut pas faire avec notre premier pressoir, indique-t-elle. Mais ce qui a achevé de me convaincre, c’est à quel point le nettoyage est facile. Nous travaillons sans intrants et sans SO2 alors l’hygiène est très importante. Or on peut détacher les portes de ce Sraml afin d’y passer le karcher, il est vraiment très simple à nettoyer. »
Constat tout aussi positif quant à la qualité. « Il presse sans éclater les pépins et le marc ressort bien sec, conclut-elle. Au final, on a un pressoir de qualité similaire aux grandes marques mais beaucoup moins cher. »
Une autre marque slovène, Sk-Skrlj, s’implante en France. Il y a cinq ans, Pascale Rivière, propriétaire du domaine de la Jasse Castel, à Saint-Jean-de-Fos, dans l’Hérault, a choisi de remplacer son vieux pressoir. « Je voulais gagner en facilité et en temps de nettoyage car je travaille avec peu de SO2. Les pressoirs Sk étaient parmi les moins chers. J’ai donc acheté un de leurs modèles à cage ouverte, de 21 hl. »
Pour acquérir ce pressoir, comptez 25 000 € HT sans option. « Après cinq ans d’utilisation, j’en suis très contente, indique la vigneronne. Son tableau de bord est très facile à utiliser. On a des programmes préréglés mais on peut aussi en inventer. Sans parler de sa facilité de nettoyage. Je n’ai eu aucun souci, il fonctionne très bien. »
Grâce au détecteur de niveau de la maie, il est possible de pomper le moût automatiquement dès qu’il atteint le niveau haut. Mais compte tenu de la vitesse d’écoulement des jus en début de pressurage, cela nécessite d’être équipé d’une pompe d’un débit d’au moins 80 hl/h de façon que la maie, déjà bien pleine, ne déborde pas. Pascale Rivière ne possède pas de pompe aussi puissante, elle ne bénéficie donc pas de cet automatisme et doit vider elle-même la maie en actionnant sa pompe bien avant que le moût n’atteigne le détecteur.
À la tête du vignoble de Champagny, 16 ha de vignes à Saint-Haon-le-Vieux, dans la Loire, Frédéric Villeneuve est un autre adepte de la marque. En 2022, il a opté pour un pressoir Sk de 42 hl à cage ouverte, en remplacement de son vieux pressoir mécanique. « Je l’ai payé 20 % moins cher qu’une grande marque et il est très bien équipé : un tableau numérique avec des programmes intégrés, un bac à marc et, dans le bac à récupération du jus, un détecteur de niveau grâce auquel je n’ai jamais de souci de débordement. »
Comme Pascale Rivière, il est satisfait de la facilité de nettoyage. « C’est un gain de temps et de confort de travail, il me faut seulement 30 minutes pour le vider et le laver », se réjouit-il. Seul hic : l’automate a grillé avant sa deuxième campagne. « On nous l’a remplacé gratuitement, il était encore sous garantie. Et de concéder : Peut-être était-ce à cause de l’humidité du bâtiment dans lequel il était stocké. »
Dans l’Hérault, Thibaud Vermillard est bien plus nuancé. Vigneron au domaine Ampelhus, à Lunel-Viel, il s’équipe en 2019 afin de vinifier, après avoir quitté la coopérative. « J’ai acheté des cuves inox Sk et un pressoir pneumatique à cage fermée de 21 hl. Je cherchais un outil efficace et fonctionnel, avec un pilotage automatique. J’ai également choisi des drains d’une grande surface de drainage afin d’éviter des temps de macération trop importants. »
Si le viticulteur est satisfait de ses cuves, son pressoir accumule les pannes. « À la livraison, la carte électronique ne fonctionnait pas. » Problème résolu en une semaine par son distributeur Œnolanguedoc qui la remplace. « Quelques jours plus tard, les barres de renfort des drains se sont dessoudées, rapporte-t-il. Je les ai fait réparer en fin de vendanges. Le pressoir était toujours sous garantie ; elles sont reparties chez le distributeur. Un peu décevant pour un produit neuf… »
Enfin, l’an dernier, c’est le joint entre les deux membranes pneumatiques qui a lâché. « Il s’est ouvert sur 1 cm environ, ce qui a créé une petite fuite d’air, détaille le vigneron. J’ai essayé encore de me débrouiller pour la réparer, car ils n’ont pas de patch. On m’a conseillé de réaliser une soudure à chaud, ce que j’ai fait mais ça ne tient pas. Ce problème traîne… Je travaille donc en manuel de façon à réguler moi-même la pression. Ça nécessite de la vigilance, et surtout ça prend du temps. De plus, les électrovannes ont fini par se gripper à cause du moût qui est passé dans la membrane. » Malgré ces écueils, Thibaud Vermillard ne blâme pas le constructeur slovène. « On a problèmes avec toutes les marques », assure-t-il.
Autre point qui séduit Joffrey Desgrousilliers chez Sraml : la sécurité. « Nous travaillons beaucoup à la sécurité, afin d’éviter les accidents. Parfois, on se demande si les ingénieurs qui conçoivent les matériels de cave les testent dans les chais, car on se retrouve avec des endroits à nettoyer inaccessibles, des portes trop étroites, on travaille dans des positions inconfortables, … Quand on doit le faire à 22 h 00, après plusieurs jours de vendange, on risque l’accident. Chez Sraml, on voit qu’ils ont pris en compte l’utilisateur. Par exemple, tous les boulons qui dépassent sont à tête polie, les poignées des portes sont bien ergonomiques. Ce sont des détails qui comptent. Le pressoir est également pourvu d’une trappe d’accès qui offre une meilleure visibilité lors du déchargement et du nettoyage. »