En 2021, nous souhaitions acheter un nouveau pressoir lorsque Bucher Vaslin nous a proposé de participer au développement de son procédé Extraflow », raconte Florian Lacroux, directeur général de Terra Provincia dans le Var. Cette coopérative issue de la fusion de la cave de Saint-Roch à Cuers et de Puget-Ville possède quinze pressoirs : huit Bucher à Cuers et sept Pera-Pellenc à Puget-ville. Pas étonnant qu’elle soit partante à la perspective d’une amélioration.
« On a adapté le prototype Extraflow sur un pressoir Bucher XPert de 250 hl de la cave de Saint-Roch, explique Pascal Noilet, chef produits Delta Bucher. Terra Provincia souhaitait optimiser l’égouttage avec un minimum de contrainte mécanique pour gagner en qualité. On a donc installé ce dispositif Extraflow pour capter les jus rapidement puis vérifié que ça fonctionnait avant d’optimiser les programmes de remplissage à chaque seuil de remplissage. »
Après deux années de tests et de réglages, la cave est totalement autonome cette année avec son pressoir équipé de l’Extraflow. Florian Lacroux s’en réjouit. « Pour nous, un pressurage réussi, c’est un égouttage réussi. Et un égouttage réussi, c’est recueillir 60 % des jus d’égouttage avant de lancer le pressoir. Avec l’Extraflow, on atteint ce taux à chaque remplissage sans rebêche grâce à son égouttage intelligent. »
L’innovation repose sur une goulotte verticale qui canalise la vendange lors du remplissage axial et qui l’oriente en continu vers le bas du pressoir où se situent les drains qui égouttent les jus libres. Le temps de drainage des jus s’en trouve diminué. L’égouttage est plus rapide. « Qualitativement, on n’a aucune différence avec nos autres XPert, assure Florian Lacroux, au contraire, puisque les jus libres sont extraits très vite et envoyés au froid sous azote. Le résultat est très satisfaisant même avec des cinsaults, que l’on peut comparer aux muscats pour leur viscosité. »
Car pour cette cave qui vinifie 30 000 hl par an, un unique objectif : faire tourner les pressoirs une seule fois par jour, en évitant la macération. « On débute la récolte pour nos rosés de Provence à partir de 3 h 30 du matin et on arrête les apports à 9 h. On a beaucoup de grenache, sensible à l’oxydation. On doit rentrer vite et fort, soit 200 à 220 tonnes de raisin en très peu de temps tous les jours sur chacun de nos sites. Le premier pressoir finit aux alentours de 10 h. Après cela, il est trop tard pour lancer un second cycle. On doit pouvoir tout presser à la fraîche. »
Bucher Vaslin a également mis au point de nouveaux drains permettant de gagner 80 % en surface d’égouttage, ce qui a également contribué à améliorer l’extraction des jus. « Par conséquent, il a fallu augmenter la taille de la maie de 40 % et le diamètre de sortie des jus », explique Pascal Noilet.
Enfin Bucher Vaslin a développé un logiciel d’égouttage intelligent. Grâce à des capteurs qui repèrent le niveau de vendange dans le pressoir, ce dernier effectue régulièrement de petits mouvements de basculement autour de son axe pour qu’il y ait toujours un ou deux drains à l’air libre et ainsi éviter toute montée en pression dans la cage du pressoir. « Tout est automatique, vous fermez la porte et le pressoir se gère seul. Il n’y a pas de risque de le faire exploser, une fois la porte fermée. Cela permet d’éviter que l’auto-pressurage ne débute », raconte Florian Lacroux. L’utilisateur n’a plus à rester à l’affût d’un éventuel débordement ni à vérifier régulièrement le niveau dans la cuve du pressoir. Un confort d’autant plus appréciable quand les pressoirs sont situés en hauteur.
Et qui dit moins de jus dans le pressoir, dit meilleur remplissage, et pour le directeur de la coopérative, c’est un véritable gain. « On met généralement 38 tonnes dans ce pressoir sans le remplir au maximum. Sur les autres XPert non équipés du système Extraflow, on passe plutôt 33 tonnes. On peut gagner plus de 20 % de capacité de remplissage ! »
Florian Lacroux est également conquis par le pressurage à proprement parler. « Comme le marc a bien été égoutté pendant le remplissage, il est plus facile à presser. Il y a moins de jus à aller chercher. » Grâce au mode Organ, les temps de pressurage sont réduits. Ce principe de pilotage intelligent installé de série sur les pressoirs Bucher est basé sur la mesure du débit d’écoulement des jus dans la maie du pressoir. « Quand le jus cesse de s’écouler, le programme passe au palier de pressurage supérieur tout en s’adaptant à l’objectif fixé. De notre côté, on cherche un assèchement maximal. » Pour un cycle type à la cave de Cuers, il faut compter environ 1 h de remplissage et 2 h 30 de pressurage. « Là où il faut 3 h 30 sur un autre pressoir, il suffit de 2 h 30 avec l’Extraflow : on gagne une heure, se réjouit Florian Lacroux. En général, on arrive à 80 % de rendement ce qui est très bon. »
Même son de cloche à Beaulieu en Ardèche chez les vignerons de Jalès. « En 2022, nous avons remplacé un pressoir de 140 hl par un Bucher XPert Extraflow de 320 hl pour augmenter notre capacité de pressurage des blancs et rosés », explique Gérald Moussière, le directeur de cette coopérative. Cette cave vinifie 90 000 hl dont environ 40 % de rosés, 40 % rouges et 20 % de blancs, avec deux pressoirs de 140 hl, un pressoir de 240 hl et son nouveau Bucher XPert Extraflow.
« On cherchait à passer des tonnages assez conséquents tout en maintenant une bonne qualité, et on a eu de très bons résultats. On extrait dès le départ nos jus libres sans action mécanique parce que l’égouttage est plus rapide et bien meilleur, donc un gain qualitatif et quantitatif. »
Et pour le pressurage, la cave utilise également le mode Organ. « Le pressurage est fini en 2 h à 2 h 30 avec un taux assèchement maximal. On a gagné une heure par rapport à notre ancien pressoir. D’ailleurs, c’est le premier que nous remplissons le matin et le premier prêt pour la seconde rotation journalière. »
Compte tenu de la réussite de l’innovation, Bucher Vaslin a annoncé que son procédé Extraflow sera installé en série sur toute la gamme XPert en 2024 ! En revanche, à ce stade, pas d’innovation côté lavage.
Le gain de temps procuré par l’Extraflow permet à la cave de Saint Roch d’amortir les aléas des vendanges. « Lorsque l’on est sur une journée avec un fort tonnage, on utilise ce pressoir en premier parce qu’il presse vite et bien, indique Florian Lacroux. On l’aura comme roue de secours pour finir la journée si besoin est. C’est le seul qu’on peut utiliser deux fois dans une journée. D’ailleurs, actuellement, un de nos pressoirs Bucher est en panne. Si je n’avais pas l’Extraflow, nous serions en grosse difficulté. »