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Le rétrofit ou l'art de moderniser les pressoirs à moindre coût
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De neuf avec du vieux
Le rétrofit ou l'art de moderniser les pressoirs à moindre coût

Aux portes de Cognac, la PME Vini-Solutions surfe sur la vague naissante du rétrofit de matériel de cave. Les pressoirs qu’elle reconditionne font ainsi le bonheur de viticulteurs qui y trouvent une excellente alternative au neuf.
Par Benoît Caurette Le 11 mars 2024
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Le rétrofit ou l'art de moderniser les pressoirs à moindre coût
Vigneron en Charente, Franck Meslier est confiant le pressoir reconditionné qu'il a acquis chez Vini-Solutions - crédit photo : Benoit Caurette
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u cœur des Borderies, au pays du cognac, à Burie, en Charente-Maritime, un pressoir pneumatique Bucher de 50 hl à cage fermée attend son nouveau boîtier de commande. Cette machine de la cave Saintonge-Romane, propriété de la distillerie Merlet & fils (cognacs et liqueurs), le recevra sous peu, avec son écran tactile et des logiciels actuels, de quoi la faire repartir pour vingt-cinq ans.

Chirurgie de pointe

À la manœuvre pour cette chirurgie de pointe, la société Vini-Solutions, basée à Saint-Sulpice, en périphérie de Cognac. Fondée fin 2011 par deux amis, Pierre Morvan, technico-commercial, et Mickaël Houdayer, technicien, cette PME de dix-huit salariés (2,2 millions d’euros de chiffre d’affaires) compte faire du rétrofit de matériel de cave un relais de croissance juteux. Produits phare de ce néomarché, les pressoirs reconditionnés représentent 20 % des ventes de pressoirs de cette entreprise spécialisée dans l’équipement des chais et ce chiffre devrait encore progresser ces prochaines années. « La demande augmente, note Raphaël Fairé, le directeur commercial. Une grande partie du parc de pressoirs pneumatiques est essoufflée après vingt-cinq à trente ans de service, surtout les automates. »

Sur ces matériels qui ne fonctionnent qu’environ un mois par an – mais huit à dix heures par jour le temps de la vendange –, « la mécanique a généralement bien vieilli, la chaudronnerie reste impeccable : on peut garder l’essentiel, détaille Pierre Morvan. Mais les défaillances électriques ont tendance à se répéter, à s’accentuer, jusqu’au point où l’on ne peut malheureusement plus réparer. »

Un choix vite faire

Chez Merlet, c’est la panne de trop qui a décidé le patron à moderniser l’un après l’autre ses trois pressoirs des années 1990. La cave avait alors deux options : « Acheter des neufs : 100 000 € par pressoir, et sans doute encore quelques dizaines de milliers d’euros pour ouvrir la toiture, extraire les anciens et mettre les neufs en place. Ou le rétrofit, environ 30 000 € par pressoir : le choix a été très vite fait », relate Fabien Raynaud, le responsable cave et distillerie. Un coût qui va du simple au triple environ, pour des matériels que Vini-Solutions promet « au moins aussi performants que des neufs » : l’argument du rapport qualité-prix a pesé très lourd dans sa décision.

Ecran tactile et intuitif

Jean-Pierre Vandelanoitte, responsable technique de la coopérative d’Oisly et Thésée, dans le Val-de-Loire, qui compte cinq pressoirs de 70 hl dont trois rétrofités (deux par œno Concept, dans l’Aube, le troisième par Vini-Solutions), est bien d’accord. Pour cette cave qui presse quelque 15 000 hl à l’année, le pari est gagnant. « L’écran tactile et ses fonctionnalités nous permettent d’affiner la qualité de nos jus. Avant, on ne gérait pas très bien les maintiens en pression. Lorsque la consigne était atteinte et que le jus s’écoulait, le compresseur ne repartait pas tout seul. Dorénavant, pour les vendanges qu’il ne faut pas presser trop fort, on peut rester à 0,2 bar pendant deux heures sans problème. » L’écran est « très intuitif pour les salariés et les saisonniers. » Optimisé, le pressurage offre non seulement un jus plus pur mais aussi un gain de temps pour la suite.

« Il y a beaucoup moins de bourbe, le pressoir est nettement plus rapide à nettoyer que notre ancien pressoir qui comportait beaucoup de recoins. Avec le nouveau, l’eau de lavage ruisselle sur les parois et enlève ce qui y est collé », savoure Olivier Brun, exploitant à Boisredon, en Charente-Maritime. Pour ses 18 ha de vigne, il a pu s’offrir l’an passé un pressoir reconditionné Puléo à cage ouverte d’une capacité de 60 hl. Cerise sur le gâteau : la qualité des moûts obtenue renforce son attractivité auprès des intermédiaires qui acheminent sa production vers les « maisons de cognac les plus exigeantes », comme Hennessy, le leader du secteur.

Pas de panne

Question fiabilité, les utilisateurs se disent très satisfaits : « Pas de panne, aucun aller-retour en atelier et on se sent bien accompagnés par l’entreprise », résume Olivier Brun. « On fera le point d’ici quelques années, mais nous sommes très confiants », poursuit Franck Meslier, exploitant à Gourville (Rouillac), en Charente, qui a acquis l’an passé un pressoir Sutter à cage ouverte de 100 hl de 1998 remis à neuf par Vini-Solutions. Ce dernier avait déjà rétrofité il y a dix ans le pressoir sur roues que Jean-Michel, son père retraité, avait acquis en Cuma avec cinq autres viticulteurs. « Nous pouvions mieux maîtriser le pressurage, il nous empêchait de faire des bêtises, raconte le fils à la tête de 25 ha de vignes. Je voulais avoir mon propre pressoir, mais je peux dire que celui de la Cuma est toujours au top dix ans après son reconditionnement. »

Un marché balbutiant mais prometteur

Le rétrofit de matériel de cave se développe à mesure que le parc vieillit et pour les économies substantielles qu’il génère. Leader du marché du pressoir, Bucher-Vaslin dispose d’ailleurs de son propre service de reconditionnement. Outre Vini-Solutions, une poignée d’entreprises comme Œno Concept et FMV Defrance en Champagne, SB-Sys dans le Bordelais ou encore Donat-Salles dans l’Hérault proposent cette prestation. Des pressoirs remis à neuf apparaissent sur des sites dédiés tels qu’agriaffaires.com, à des prix allant de 22 500 à 85 000 €. C’est aussi là que les nouveaux pros du reconditionnement font leur marché, à l’affût de vieux pressoirs à retaper, à l’ossature en parfait état, qui peuvent valoir moins de 10 000 €, revendus trois fois plus cher une fois rénovés. Mais toujours entre deux et trois fois moins qu’un modèle neuf, pour des performances similaires.

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