ès ce vendredi 11 octobre, la Chine imposera des droits de douane supplémentaires de 34,8 % sur les importations de brandies européens, ce qui concerne exclusivement des eaux-de-vie de vin de Cognac et d’Armagnac (avec des cautions demandées aux importateus chinois). Réponse directe au vote de la France en particulier et de l’Union Européenne en général sur l'imposition de droits de douane compensateurs ciblant les véhicules électriques chinois une semaine avant, ce vendredi 4 octobre, cette annonce chinoise balaie les promesses passées entre présidents de ne pas imposer de mesures provisoires dans le cadre d'une enquête antidumping opportunément ouverte le 5 janvier 2024.
« L'enquête chinoise a révélé que les importations de brandy en provenance de l'Union Européenne faisaient l'objet de dumping sur son marché, ce qui constitue une menace de préjudice important pour la branche de production nationale » rapporte le quotidien China Daily. Alors que les conclusions préliminaires de l’enquête semblent particulièrement légères, le dossier est vide pour la filière charentaise. « Il n’y a rien ! Un dumping est totalement surréaliste. Cela voudrait dire que l’on a 250 maisons de cognac qui se sont mises d’accord avec les maisons d’Armagnac, de brandies espagnols et italiens pour fixer des prix en Chine » réagissait récemment Florent Morillon, le président du Bureau National Interprofessionnel de Cognac (BNIC). Si une procédure devant l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) est envisageable, elle n’empêche pas l’imposition de droits de douanes punitifs. Représentant 25 % des expéditions charentaises, le marché chinois devrait réduire considérablement sa consommation de cognacs, ce qui pourrait causer un effet domino dévastateur pour l'ensemble du vignoble français et de sa production de vins blancs. Ainsi que pour tous les fournisseurs et partenaires de la filière, déjà fragilisés par une crise touchant les vins rouges.


Comme l’ont montré les vins australiens (taxés à plus de 200 % de 2021 à 2024), les conflits commerciaux, on sait comment ils démarrent, mais jamais quand ni comment ils finissent. De quoi pousser les représentants d’Armagnac et de Cognac à appeler à une résolution diplomatique rapide du conflit dont les origines ne les concernent pas. Comme affirmé lors de rencontres avec les cabinets du premier ministre et du président de la République, ainsi que la ministre de l’Agriculture, « les autorités françaises ne peuvent pas nous abandonner et nous laisser seuls face à des rétorsions chinoises et qui ne nous concernent pas. L’effet de ces taxes serait catastrophique pour nos filières et nos régions » réagit un communiqué du BNIC ce 8 octobre, craignant « un cran de plus vers la taxation définitive des filières cognac et armagnac par la Chine ».
Cette annonce faisant suite aux décisions européennes sur les voitures électriques, cela « confirme la menace d’imposition de taxes définitives sur nos spiritueux, et cela dès que l’Union européenne aura officialisé ses surtaxes sur les véhicules électriques chinois, potentiellement fin octobre » alerte le BNIC, qui interppelle « notre gouvernement afin que les démarches nécessaires soient enfin entamées pour mettre fin à cette escalade dont nous sommes les otages et dont l’issue est aujourd’hui plus menaçante que jamais. Ces taxes doivent être suspendues avant qu’il ne soit trop tard. »
« La France assume clairement le fait de n’avoir même pas cherché à repousser les échéances pour laisser place à la négociation » jugeait récemment Anthony Brun, le président de l’Union Générale des Viticulteurs pour l'AOC Cognac (UGVC), qui annonçait que « si aucun plan d’action précis ne nous est présenté, nous relancerons après les vendanges la mobilisation avec des actions à définir qui ne laisseront cette fois-ci pas le choix aux autorités que de changer leur posture irresponsable à notre égard ». Une première manifestation ayant mobilisé 1 500 participants et 120 tracteurs à Cognac à la veille des vendanges.