e couperet est tombé : avec une majorité d'états membres, la France a voté pour l'imposition de droits de douane compensateurs ciblant les véhicules électriques chinois ce vendredi 4 octobre. Des taxes supplémentaires allant jusqu'à 35 %, en plus des 10 % déjà imposés, pourront être mises en place par la Commission Européenne d'ici le 30 octobre. « Une nouvelle fois, que nos demandes de report du vote et de solution négociée ont été ignorées. Les autorités françaises nous ont abandonnés » réagit amèrement le Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC), qui demandait jusqu'au dernier instant que ce vote soit décalé, afin de négocier une autre sortie de crise et éviter qu'en mesure de rétorsion au conflit commercial automobile il y ait une taxation chinoise de 34,8 % de ses eaux-de-vie (dans le cadre d'une enquête antidumping opportunément ouverte début janvier 2024).
Représentant 25 % des expéditions charentaises, le marché chinois pourrait stopper net pour les cognacs avec l'imposition de droits douaniers prohibitifs, ce qui pourrait causer un effet domino dévastateur pour l'ensemble du vignoble français et de sa production de vins blancs. Ainsi que tous les fournisseurs et partenaires de la filière. « Je crois pouvoir m’exprimer au nom de tous les tonneliers des Charentes pour témoigner notre solidarité envers les viticulteurs et les maisons de Cognac » réagit dans un communiqué Nicolas Tiquet-Lavandier, le président du syndicat des maîtres tonneliers de Charentes, précisant que « nos histoires et nos économies sont étroitement intriquées et nous ressentons, avec la région, les conséquences des mesures qui risquent d’être prises ».


Comme affirmé lors d’une récente manifestation et de rencontres avec les cabinets du premier ministre et du président de la République, ainsi que la ministre de l’Agriculture, « nous ne comprenons pas pourquoi notre filière est ainsi sacrifiée » tempête le BNIC, qui espère « malgré tout que le bon sens prévaudra. Le dialogue doit se poursuivre pour parvenir à une solution négociée permettant d’éviter à nos produits une surtaxe pouvant les exclure du marché chinois. » Dans sa communication suite au vote de ce jour, la Commission Européenne indique justement que des négociations se poursuivent entre Bruxelles et Pékin pour trouver une autre issue à ce conflit automobile. Sachant que ces droits de douanes européens sur les voitures chinoises doivent être publiés en l'état avant le premier novembre, le temps diplomatique est serré. L'enquête antidumping chinoise sur les brandies européens peut de son côté aboutir à l'annonce de droits de douanes sur les cognacs et armagnacs d'un instant à l'autre.
Sans solution, la mobilisation reprendra
« La France assume clairement le fait de n’avoir même pas cherché à repousser les échéances pour laisser place à la négociation » jugeait récemment Anthony Brun, le président de l’Union Générale des Viticulteurs pour l'AOC Cognac (UGVC), qui annonçait que « si aucun plan d’action précis ne nous est présenté, nous relancerons après les vendanges la mobilisation avec des actions à définir qui ne laisseront cette fois-ci pas le choix aux autorités que de changer leur posture irresponsable à notre égard ».