eure de vérité pour le conflit commercial latent entre Bruxelles et Pékin. « Contrairement à notre demande, le vote de l’Europe sur les véhicules électriques chinois a été fixé au 4 octobre » annonce dans une lettre à ses adhérents Anthony Brun, le président de l’Union Générale des Viticulteurs pour l'AOC Cognac (UGVC). Sous le coup d’une enquête antidumping de Pékin la menaçant de droits de douane moyens de 34,8 % en mesure de rétorsion au conflit commercial né de la mise en place par Bruxelles de taxes sur les voitures électriques chinoises, la filière des eaux-de-vie charentaises a eu beau manifester et rencontrer les cabinets du premier ministre, Michel Barnier, et du président de la République, ainsi que la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard pour demander de calmer le jeu et ralentir l’engrenage, « la France assume clairement le fait de n’avoir même pas cherché à repousser les échéances pour laisser place à la négociation » juge Anthony Brun, pour qui « la France a décidé que nous pouvions être sacrifiés » en ne protégeant pas les eaux-de-vie de vin (Cognac, mais aussi Armagnac).
« Aujourd’hui, nous pouvons le dire, nous n’avons aucun soutien de la part de nos autorités » assène avec amertume le viticulteur de Saint-Bonnet-sur-Gironde (Charente-Maritime), affirmant l’incompréhension de la filière charentaise : « nous sommes très déçus et en colère. Même si nous comprenons les enjeux concernant les véhicules électriques, comment nos dirigeants peuvent-ils avoir intérêt à une guerre commerciale qui laminerait les deux filières françaises d’excellence que sont l’Armagnac et le Cognac et dont les effets pour les autres secteurs concernés seraient à l’évidence hasardeux, voire hypothétiques ? »
Représentant 25 % des expéditions charentaises, la Chine pourrait causer un effet domino dévastateur pour la filière du Cognac, mais aussi le reste du vignoble français et de sa production de vins blancs. La filière en est donc suspendue au vote des Etats membres ce vendredi 4 octobre : pour être adopté ou rejeté, l’acte nécessite une majorité qualifiée (55 % des pays de l’Union Européenne représentant au moins 65 % de la population totale). S’il n’y a pas de majorité dans un sens ou un autre, la Commission Européenne peut décider d’adopter cet acte ou d’en proposer une nouvelle version. « Si aucun plan d’action précis ne nous est présenté, nous relancerons après les vendanges la mobilisation avec des actions à définir qui ne laisseront cette fois-ci pas le choix aux autorités que de changer leur posture irresponsable à notre égard » conclut Anthony Brun.