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Dumpling social

Par Alexandre Abellan Le 13 septembre 2024
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a Chine infernale. Mortellement explosives pour la commercialisation des eaux-de-vie de Cognac, les taxes antidumpings annoncés par la Chine sont réglées pour exploser on ne sait quand. Pour les instances charentaises, c’est entendu : la grenade sera dégoupillée dès que la Commission Européenne fera de nouvelles annonces sur les droits de douane imposés aux voitures électriques chinoises depuis cet été. Constatant l’absence de soutien politique affiché par le gouvernement français et la Commission Européenne (contrairement aux récentes prises de position du premier ministre espagnol, pour protéger sa filière porcine), les vignerons de Cognac sont appelés par leur syndicat à manifester avec leurs tracteurs ce mardi 17 septembre midi devant la sous-préfecture de la Charente.

Apolitique et pacifique, ce rassemblement motorisé à la veille des vendanges compte mettre la pression sur les pouvoirs publics qui arbitrent un conflit commercial en faveur d’une future réindustrialisation et sur le dos de vignobles générateurs d’emploi et de valeur. Ciblant les brandies européens*, l’enquête chinoise se concentre de facto sur Armagnac et surtout Cognac, avec le passage au crible de l’activité des maisons Hennessy (LVMH), Martell (Pernod-Ricard) et Rémy Martin (Rémy Cointreau). Que leur est-il reproché par les autorités chinoises ? Dans son avis du 29 août, le ministère chinois du Commerce extérieur (MOFCOM) semble tenir responsable les prix de vente du cognac des baisses de performances commerciales du groupe chinois Changyu, notamment sa baisse de rentabilité et l’augmentation de ses stocks pour les brandies. La faute à la non-reprise économique de la Chine après la longue parenthèse covid (2020-2023) et un repli de la consommation domestique des spiritueux (locaux et importés) ? Aucunement pour le MOFCOM, qui cible de manière répétée « la pression concurrentielle féroce exercée par le dumping des produits importés » sur un marché chinois à potentiel de développement pour une demande « embryonnaire » de cognac.

Assez confus dans son argumentaire sur une construction des prix à la baisse pour les ventes de cognacs en Chine (et les affirmations de similitudes exactes en matière de contraintes et coûts de production pour une eau-de-vie AOC française et des brandies chinois), l’autorité base sa démonstration d’un dumping sur le calibrage du vignoble européen total (sans prendre en compte le périmètre contraint des appellations réellement ciblées par son enquête) alors que le marché communautaire se contracte, que les surfaces de production et que les capacités de stockage sont importantes rendant la filière « dépendante de la Chine ».

Alors que la filière charentaise travaille à un outil de régulation de sa production (en toute autonomie et sans fonds publics, conformément aux usages charentais), pour le MOFCOM, « les producteurs de brandy ont une forte capacité à produire les produits faisant l'objet de l'enquête en toute liberté ». Il suffit de voir la pile de réglementation et de contraintes administratives qui plombent l’activité et la compétitivité des viticulteurs, distillateurs et négociants pour trouver bien cavalière cette notion de « liberté » et de production sans restriction. « Pour ça, comme pour le reste, on n’est pas à la hauteur de la légende » cingle Alexandre Astier dans la saison 2 de la série Kaamelott (épisode 17, "Attila, le fléau de Dieu"). Malgré tout, « les éléments de preuve ci-dessus donnent à penser que le dumping des importations entrant sur le marché chinois pourrait augmenter de manière importante » avance le MOFCOM.

Sans queue ni tête (de distillation, évidemment), cette enquête antidumping mérite une mobilisation des pouvoirs publics pour la dégonfler. Assourdissant à date, ce silence doit voler en éclats motorisés lors de la manifestation charentaise dont le slogan est « sacrifiés mais pas muets ». Une première démonstration de mobilisation avant d'autres manifestations si la situation n'évolue pas favorablement prévient la filière Cognac qui attend des prises de positions officielles et des actions fortes. Comme l'écrivait d'Alembert : 

le silence a aussi sa malignité et son injustice
.

 

* : Plus précisément, sur « les spiritueux fabriqués à partir de vin distillé conditionnés dans des récipients de moins de 200 litres ».

 

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