ne forte pression mildiou a caractérisé cette année 2024 dans le vignoble alsacien. « Alors que nous avons été plutôt épargnés par le gel ou la grêle, les importants cumuls de pluie ont accentué la pression mildiou, si bien qu’il a fallu multiplier les passages de traitement dans l’ensemble du vignoble. Jusqu’à 17 fois pour certains bios contre 8 ou 9 en année normale », déroule Marie-Noëlle Lauer, conseillère viticole à la chambre d’agriculture d’Alsace.
Quelle que soit la zone, il n’y a pas eu à tergiverser pour les vignerons, et la conseillère ajoute volontiers que le mot d’ordre « on y va, il faut traiter », a été martelé tout au long des répétitions de pluies et ressuyages inhérents. « L’expérience de 2021 a servi à tous pour ne rien lâcher, alors qu’il a fallu démarrer très tôt les premiers traitements, dès fin avril, contre mi-mai voire juin en année sèche », ajoute la conseillère viticole du Bas-Rhin.
Le peu de chaleurs au printemps et en début d’été ont ensuite ralenti cette avance sans lever la vigilance, « avec un dernier traitement entre le 5 et le 10 août », situe la conseillère de la chambre d’agriculture. La floraison a été assez étalée. Certains secteurs du sud figurent parmi le plus touchés et ce sont surtout les pinots noir et gris qui ont subi le plus d’impact en pertes de récolte. « Le pinot noir permet de produire vins rouge et rosés, mais également les crémants. A contrario, le gewurztraminer est le cépage qui a été le moins touché alors que son utilisation est plus exclusive », reprend Marie-Noëlle Lauer. Ce dernier cépage est déjà en surstock avant cette récolte, qui s’annonce autour de 900 000hl en Alsace selon les premières estimations.
Si la véraison n’a pas été des plus homogènes, la meilleure météo de cette deuxième quinzaine d’août, accompagnée d’alternance de nuits fraîches et de journées encore chaudes, pourrait permettre de parvenir à de belles maturités. « A condition que la météo ne rende pas les choses difficiles en ramenant de la pluie », espère Marie-Noëlle Lauer.
Les premiers contrôles de maturité du réseau de surveillance de la Chambre d’agriculture s’achèvent et les vendanges des crémants devraient commencer autour du 29 août. « Les raisins prélevés sur 82 parcelles de notre réseau de 150 présentent un titre alcoométrique potentiel moyen de 8.6% vol au 20 août », situe Marie Eber-Nussbaumer, conseillère œnologie de la chambre d’agriculture d’Alsace. Les pinots noir, gris, blanc, et Auxerrois apparaissent le plus avancés, pour des chardonnay plus en retrait sur les niveaux de sucres. « Les pinots sont à peu près au même niveau que l’an passé. Pour l’ensemble des variétés, les pH à 3 sont également dans les normes , avec autant d’acide malique que de tartrique, ce qui diffère un peu des années précédentes », enchaîne Marie Eber-Nussbaumer. Les niveaux d’azote assimilables sont pour l’heure satisfaisants et il est encore trop tôt pour évaluer les potentiels aromatiques.