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Cognac réfléchit à son arrachage temporaire de vignes, ni permanent ni subventionné
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Cognac réfléchit à son arrachage temporaire de vignes, ni permanent ni subventionné

Alors que les inquiétudes semblent aller croissantes dans le vignoble charentais et que l’épouvantail de l’arrachage ressort, les représentants du Cognac veulent remettre l’église au centre du village : se préparer à toute éventualité pour éviter la surproduction, mais ne pas surréagir.
Par Alexandre Abellan Le 22 juillet 2024
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Cognac réfléchit à son arrachage temporaire de vignes, ni permanent ni subventionné
« Il n’y a pas crise de Cognac. Cognac subit la crise générale : il n’y a pas une région viticole épargnée » pointe Florent Morillon. - crédit photo : Alexandre Abellan (archives)
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ros mot et grands maux. Rappelant des heures sombres, de disette et de mal être, l’arrachage est ressorti dans le vignoble charentais à l’occasion de récents débats accueillis par l’Union Générale des Viticulteurs pour l'AOC Cognac (UGVC) comme le rapporte la Charente Libre. « Que des personnes pensent qu’il faudra peut-être arracher un jour : c’est leur avis » réagit Florent Morillon, le président du Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC), qui veut rester factuel : « il n’y a pas aujourd’hui de mesure sur le sujet ou de décision sur le sujet » dans les instances charentaises, affirmant clairement : « aujourd’hui, il n’y strictement rien sur le sujet de l’arrachage » primé à Cognac. Regrettant que ce mot épouvantail d’arrachage définitif s’invite aussi fortement dans une situation déjà anxiogène, entre mollesse du marché américain (soumis à un risque de retour des taxes Trump) et atonie de la demande chinoise (où la menace de mesures antidumpings reste en suspens), Florent Morillon appelle toujours à anticiper, pas à paniquer.

« Au regard du contexte qui touche toute la filière viticole, nous étudions une boîte à outil qui pourrait être déployée si nécessaire. Il y a aujourd’hui des réflexions sur l’ensemble des dispositifs qui pourraient être mis en œuvre si la situation devait durer » indique le président du BNIC, répétant que sur l’arrachage « il n’y strictement aucun plan en la matière ». Appelant à anticiper toutes les possibilités d’avenir sans être tétanisé face aux opportunités présentes, Florent Morillon note que dans « la liste de toutes les mesures d’action contre une situation se dégradant, liste identique qui existe dans toutes les régions viticoles, bien sûr que l’arrachage vient parmi d’autres [outils], mais ce n’est pas à l’ordre du jour. L’arrachage est un dispositif de dernier ressort, après d’autres mesures. On n’en est pas rendu là et j’espère que l’on n’en arrivera pas là. »

Éviter tout risque de surproduction

Président de l’UGVC, Anthony Brun note qu’entre plantes pérennes et produit demandant du stockage, le pilotage par les rendements et la réserve climatique peut atteindre ses limites en cas de difficultés commerciales s’inscrivant le temps. « Il faut travailler sur des solutions. Il y a un travail mené pour les débouchés sur les jus de raisins industriels (comme l’an dernier), pour une filière des vins de base mousseux (dont la production en Espagne est remise en cause par le changement climatique) » note le viticulteur, pointant également « des discussions nationales et européennes sur la prolongation de la durée de vie des autorisations de plantation [qui serait] certainement un moyen de sortir un peu de potentiel de production en attendant que les marchés reprennent » avec un outil retardant l’entrée en production de certaines vignes. Car « il faut être vigilants et prudents. Il faut regarder dès aujourd’hui comment adapter notre vignoble aux besoins objectivement revus à la baisse. Le portefeuille du consommateur a diminué avec une crise de pouvoir d’achat qui implique une crise de consommation qu’il faut anticiper pour éviter tout risque de surproduction » développe le président de l’UGVC.

Autre outil à l’étude dans cette boîte à outils : « l’arrachage temporaire. On ne parle pas de dispositif permanent, ni de levier subventionné » (comme ailleurs dans le vignoble français) esquisse Anthony Brun, qui précise que ces réflexions ont été ouvertes à l’occasion de la décision interprofessionnelle sur les rendements 2024. Ayant des questions et pas toutes les réponses, la filière charentaise travaille sur un outil qui lui serait propre. « Dans cette logique de boîte à outil, les réflexions portent sur de l’arrachage peut-être, mais seulement temporaire pour adapter notre potentiel de production le temps que les marchés repartent » confirme Raphaël Delpech, le directeur du BNIC, qui évoque une « vraie volonté ici d’aller vers un dispositif souple, réactif et temporaire ne faisant potentiellement appel qu’aux moyens internes à la filière. Il n’y aurait pas forcément besoin de gros dispositifs de financement. »

Que chacun sache ce qu’il peut faire au moment de la taille

Si les discussions sur cet arrachage temporaire spécifique à Cognac semblent au stade de balbutiements, Anthony Brun souhaite que dès janvier 2025 la boîte à outils soit finalisée pour « que chacun sache ce qu’il peut faire au moment de la taille » avec « un outil d’adaptation individuel développé collectivement » sans qu’il y ait possibilité de détournement de ces dispositifs « par de petits malins » (comme les vautours à l'époque). Si la prochaine période s’annonce commercialement compliquée, ou en tout cas très incertaine, la filière charentaise affirme son credo : les ventes reprendront sur le long terme. « Les perspectives de croissance des spiritueux sont là, il n’y a aucune raison que Cognac n’en bénéficie pas et il faudra alors être capable d’y répondre » pointe Anthony Brun. Qui note que si les vignerons ne pourront jamais avoir la flexibilité d’un céréalier, pouvant changer d’une année sur l’autre sa production, il faut créer des outils d’adaptation rapide pour que les viticulteurs ne soient plus aussi coincés. Bien que le président de l’UGVC pondère les difficultés charentaises actuelles face à celles d’autres vignobles (notamment de vins rouges : Bordeaux, Languedoc, Vallée du Rhône…).

Réfutant également l’idée d’une crise spécifique à Cognac, Florent Morillon souligne que les difficultés actuelles ne sont « pas la faute des plantations nouvelles. Quand on regarde les autres régions viticoles en France, elles n’ont pas planté et se retrouvent dans des situations bien pire. Et les plantations nouvelles mettant 7 ans à produire du VS, les eaux-de-vie rentrant potentiellement sur les marchés actuels viennent des plantations de 2016-2017. Cela fait 1 500 sur 88 000 ha. Ne faisons pas de raccourci simpliste sur la réalité. Il n’y a pas de lien direct entre les plantations nouvelles et un arrachage. Pas de polémique, c’est mathématique. »

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Tous les commentaires (2)
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Byron Le 23 juillet 2024 à 11:05:13
Mais ne vous inquiétez pas, il y a le "business plan", la bible en laquelle croire. LOL. « Les perspectives de croissance des spiritueux sont là, il n'y a aucune raison que Cognac n'en bénéficie pas et il faudra alors être capable d'y répondre » Ben si, il y a un très bonne raison que la dégringolade continue. Le boom du Cognac ces 15 dernières années était le résultat d'une mode lancée par le rap US, qui, en en mettant partout dans ses clips, en était devenu le meilleur VRP à l'international, et aux US en particulier. 15 ans, c'est déjà bien, c'est déjà long. Mais les rappeurs ne mettent plus de Cognac dans leur clip, la mode est passée, le cannabis prend toute la place, et les ventes de Cognac ne croîtront plus pendant des années, si ce n'est des décennies. Il faut cesser de mentir aux viticulteurs, cesser de s'accrocher à des chimères qui ont mené le reste de la filière dans le mur. Y en a marre de ces stratèges inconscients incapables de reconnaitre leurs erreurs.
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pg Le 23 juillet 2024 à 08:09:37
Pas de lien entre plantations nouvelles et surproduction... Certes . Mais ça reste quand même la catastrophe qui se profile à l' horizon. Simplicité et bon sens devraient primer. La prolongation des droits de plantation permettrait d' arracher des vieilles vigne dont la productivité est moindre et les couts de production à l' hl plus élevé. Tout en gardant un quota par exploitation , donc en augmentant le rendement plafond par ha planté . Lorsque tous les voyants seront au vert , alors ceux qui auront arraché ces vignes , pourront planter. Mais , le bon sens n' est pas ce qui prime ... La réserve climatique , ce n' était pas possible . Parce que Bruxelle. etc , etc ... Et puis, parce qu'on l'a voulu , ça a été possible. S 'il y a eu une excellente mesure pendant mes 30 ans de carrière , c' est bien celle là. L' assurance grêle et ses milliers d'?uros de cout sans être assuré à la hauteur de nos espérances ,oubliées ! Dans une bataille , c' est l'agilité qui prime. Cognac va devoir réagir très vite. Si Bordeaux est dans le marasme , c' est parce qu'ils se sont voilés la face pendant des décennies. Le résultat est qu'au moins un tiers des viticulteurs sont à terre voir ne se relèveront pas. Cognac veut-il le même résultat ? Je crois que les 30 années de crises qui ce sont terminées il y a à peine 20 ans devraient inciter à se bouger très, très fort.
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