omme c'est à la fin de la foire qu'on compte les bouses, les résultats du second tour des législatives anticipées de ce dimanche 7 juillet n’ont pas encore donné toutes leurs conséquences politiques pour la Nation en général, et la filière vin en particulier. Parmi les résultats de la soirée électorale, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau (MoDem) se maintient dans la première circonscription du Loir-et-Cher qu’il a conquise depuis 2017, avec 60,20 % des voix exprimées ce 7 juillet (face à Marine Bardet du Rassemblement National).
Ministre de l’Agriculture depuis mai 2022, Marc Fesneau voit son poste suspendu à l’avenir du gouvernement de Gabriel Attal, le premier ministre ayant annoncé ce 7 juillet depuis Matignon que « fidèle à la tradition républicaine et conformément à mes principes, je remettrai demain matin ma démission au président de la République » Emmanuel Macron, à l’origine de la dissolution de l’Assemblée Nationale ayant suivi les élections européennes du 9 juin. L’acceptation ou non de cette démission reste en suspens alors qu’aucun parti n’a remporté de majorité absolue ce 7 juillet et que les appels à la maturité parlementaire du Nouveau Front Populaire (La France Insoumise, Parti Socialiste, les Écologistes, Place Publique et Nouveau Parti Anticapitaliste) arrivé en tête ont pour réponse la main tendue d’une alliance sur-mesure avec la majorité relative sortante, Ensemble (Renaissance, MoDem et Horizons).


« Je sais qu’à la lumière des résultats de ce soir, bon nombre de Français ressentent une forme d’incertitude sur l’avenir, puisque aucune majorité absolue ne se dégage. Notre pays connaît une situation politique sans précédent et se prépare à accueillir le monde dans quelques semaines. Aussi, j’assumerai bien évidemment mes fonctions aussi longtemps que le devoir l’exigera » déclare Gabriel Attal, laissant ouverte la possibilité de son maintien et de celle de son gouvernement.
Pour la filière vin, la nécessité d’un gouvernement en soutien à ses demandes est forte. Notamment sur le dossier européen de l’arrachage définitif/temporaire dépend d’une notification à Bruxelles pour espérer l’ouverture du dispositif ce 15 octobre 2024, mais aussi les dispositions notamment portées par les vins AOP et IGP pour l’allègement des démarches administratives, l’alignement de la transmission des biens viticoles sur le Pacte Dutreil, l’application du principe "pas d’interdiction sans solution" pour les phytos, le maintien d’une fiscalité équilibrée permettant une consommation avec modération, la dynamisation de l’emploi saisonnier en pérennisant le dispositif TO-DE, le soutien de l’amont avec des prix rémunérateurs (une loi Egalim 4). Ce dernier sujet fait justement consensus dans les programmes des trois principaux partis politiques de ce scrutin parlementaire. Les Vignerons Indépendants ajoutent à cette liste l’exonération de la taxe sur le foncier non bâti (TFNB), la gestion administrative des vignes en friche, l’expérimentation des traitements par drones…


« Avec l’instabilité politique actuelle, ça va être difficile de prendre des mesures d’urgence. Maintenant que l’on a absolument besoin de réponses, on ne sait pas qui seront nos interlocuteurs » confiait récemment Joël Boueilh, le président des Vignerons Coopérateurs, soulignant « que le temps économique n’est pas le même que celui politique. Le temps économique nous emmène, si ce n’est vers un mur, du moins vers un chemin qui va être semé d’embûches pour les vignerons et les caves coopératives. Le temps politique va ajouter des embûches sur un chemin déjà difficile pour les vignerons et caves coopératives. »