ujet ayant mobilisé la filière agricole lors des manifestations de cet hiver, sa juste rémunération fait partie des améliorations promises par les principaux candidats aux élections législatives anticipées (30 juin et 7 juillet prochains). « Nous mettrons en place des prix rémunérateurs pour les agriculteurs » indique le programme d’Ensemble, la majorité sortante réunissant Renaissance, MoDem et Horizons, précisant que « cela favorisera une alimentation de qualité payée au juste prix grâce à des prix planchers par filière. Ils entreront en vigueur à partir de 2025. » Soit une confirmation de l’engagement du président de la République, Emmanuel Macron, lors du dernier salon de l’Agriculture.
Pour le Nouveau Front Populaire, réunissant le Parti Socialiste, La France Insoumise, le Parti Communiste, les Écologistes et Place Publique, l’objectif fixé dans son programme commun est d’« engager les négociations commerciales en garantissant un prix plancher et rémunérateur aux agriculteurs et en taxant les superprofits des agro-industriels et de la grande distribution ». Demandant historiquement un prix garanti par l’État, le Mouvement de défense des exploitants familiaux (Modef), déclare dans un communiqué ce 24 juin soutenir le Nouveau Front Populaire pour les élections, notamment comme la coalition de gauche « rejoint une position fondamentale du MODEF » car « les paysans et paysannes ont besoin de prix rémunérateurs et garantis pour vivre de leur travail ».
Egalim 4
Dans son programme, le Rassemblement National annonce vouloir « garantir des prix rémunérateurs pour les agriculteurs ». Député sortant de Gironde, le viticulteur Grégoire de Fournas précise à Vitisphere que le principe est que « les producteurs ne puissent pas vendre en deçà du coût production à la grande distribution, à un négociant... Il y déjà dans la loi Egalim 1 l'article 17 sur les prix abusivement bas. » Soit l’interdiction d'achat sous les coûts de production pour le législateur, ce qui revient à une forme de prix plancher. Pour clarifier le dispositif actuel, il faudrait remplacer le terme "faire pratiquer des prix abusivement bas" par "acheter à prix abusivement bas" même si déjà précisé explique Grégoire de Fournas, notant qu’il faut aussi lever le flou sur les indicateurs en précisant qu’ils sont définis par les interprofessions (avec des indicateurs collectifs et individuels pour éviter toute entente sur les prix). Au-delà d’une loi Egalim 4, le viticulteur médocain appelle à son application : « j’ai consulté le plan de contrôle de la DGCCRF sur Egalim et il n’y en a pas eu sur les prix abusivement bas malgré 92 signalements. C’est un manque de volontarisme évident, alors qu’un vigneron a attaqué et a gagné sur ce sujet » (Rémi Lacombe, devant le tribunal de commerce de Bordeaux en février dernier).
Autre sujet revenant dans les programmes : la réduction des produits phytosanitaires. Pour la majorité sortante Ensemble, « nous continuerons à réduire l’usage des pesticides de 50 % d’ici 2030, après avoir réduit l’usage des plus dangereux de 98 % depuis 2017 ». Pour le Nouveau Front populaire, il s’agit de « rétablir le plan Ecophyto, interdire le glyphosate et les néonicotinoïdes avec accompagnement financier des paysans concernés ». Lors d’un récent interview croisé, Grégoire de Fournas qualifiait de catastrophe le fait de « continuer à réduire de 50 % les produits phytos alors que nous voyons encore cette année, comme nous l'avons vu l'année dernière, que les viticulteurs sont démunis d'outils pour pouvoir lutter notamment contre le mildiou. Ça entraîne des pertes de rendement et ça aggrave les coûts de production, parce que ce sont généralement des produits plus chers et qu’il faut passer plus souvent. »