e vendredi 2 février 2024 portera bien son titre de jour de la Présentation dans le calendrier, avec la visite attendue du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, venant annoncer l’arbitrage interministériel finançant le fonds d’urgence à la filière viticole et faire le point l’avancée des négociations européennes sur la restructuration différée. Deux dispositifs qui doivent être opérationnels en 2024, selon l’engagement du ministre reconduit lors du récent remaniement. Promis lors de ses annonces des mercredi 29 et jeudi 30 novembre 2023 au salon Sitevi à Montpellier (Hérault), ce retour du ministre dans le Languedoc a été confirmé ce jeudi 18 janvier par le cabinet de Marc Fesneau à Jérôme Despey, le président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer, qui demandait sans relâche une date de venue, alors que l’impatience monte dans le vignoble (en témoignent récemment dans l’Hérault l’opération des caddies de Noël et les tags menaçants chez un négociant).
Ayant répété son attente et exprimé l’impatience du vignoble de voir les engagements se concrétiser, Jérôme Despey salue le respect de l’engagement pris. Le premier vice-président de la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA) continue de plaider pour un élargissement du fonds d’urgence voté fin 2023 par les parlementaires : actuellement doté de 20 millions d’euros, la filière vin demande un redimensionnement à 80 millions € afin de répondre aux besoins de soutiens de trésorerie et d’encours bancaires face aux aléas climatiques (mildiou et sécheresse notamment) et économiques (effets ciseaux de la déconsommation sur les ventes et de l’inflation sur les coûts de production).


Comme l’explique Jérôme Despey, le but de la filière est d’obtenir une aide conjoncturelle de consolidation des trésoreries qui « n’oublie personne » et qui « englobe tout » pour répondre aux conséquences du mildiou (notamment dans le Sud-Ouest), de la sécheresse (notamment dans le Languedoc et le Roussillon), des difficultés économiques (qui épargnent de moins en moins de vignobles)… Sans oublier l’absorption des frais bancaires : la demande d’année blanche bancaire étant intégrée dans ce dispositif, qui « cherche la rapidité et l’efficacité » espère Jérôme Despey. Le président de la Chambre d’Agriculture de l’Hérault précisant que les mécaniques de candidature et de mise en œuvre doivent encore être négociés (le facteur déclencheur pourrait être une baisse de rendement et/ou de chiffre d’affaires).
La visite du ministre doit également permettre de faire le point sur l’avancée des discussions entre la France et la Commission Européenne sur la demande de restructuration différée, ou arrachage temporaire. Un outil soutenu depuis la fin d’année par la France, l’Espagne et l’Italie. « L’objectif annoncé est d’appliquer l’arrachage en 2024, c’est ce que nous attendons » indique Jérôme Despey, qui rapporte le bouillonnement du Midi. « Il faut respecter les 6 000 personnes qui sont venues manifester le 25 novembre à Narbonne. Ce n’est pas normal que ce soit aussi long » déclare ainsi à Vitisphere Frédéric Rouanet, le président du syndicat des vignerons de l’Aude.
S’il n’était pas concret dans ses engagements pour les trésoreries et l'arrachage temporaire, Marc Fesneau déclarait ce mardi 16 janvier au Sival d’Angers qu’il tient « généralement ses engagements ». Alors que la grogne agricole contre les surtranspositions réglementaires monte en France (avec les opérations « on marche sur la tête » de la FNSEA et des manifestations comme celle de Toulouse ce 16 janvier et sur l’A64 ce 18 janvier) et explose en Europe (notamment en Allemagne, mais aussi en Roumanie), la pression augmente sur le gouvernement pour ne pas ouvrir un nouveau front dans le vignoble.