n cours de traitement administratif, 1 209 dossiers ont été déposés par des vignerons bordelais pour demander l’arrachage sanitaire de 8 000 hectares de vignes sans débouchés commerciaux. « Quand on regarde la carte de l’arrachage, on voit surtout l’Entre-deux-Mers et les Côtes, avec un peu de demandes en Médoc » résume Étienne Guyot, le préfet de la région Nouvelle-Aquitaine à Vitisphere. Se focalisant au centre de la production de l'appellation régionale rouge Bordeaux et des Côtes (Bourg, Blaye...), ces demandes forment une cartographie nette des difficultés économiques et humaines des exploitations souhaitant arrêter leurs activités viticoles (par la renaturation) ou réduire leurs surfaces pour diversifier leurs revenus (avec la diversification agricole).
Précisant que « la moitié des demandes porte sur une diversification de l’activité (plus de 500 dossiers pour 4 000 hectares) et l’autre sur la renaturation (plus de 700 dossiers pour 4 000 ha avec mise en jachère ou boisement des parcelles) », le préfet note « que l’on pourra passer des dossiers de la diversification [NDLR : dont le budget interprofessionnel ne permet pas de répondre à toutes les demandes] vers la renaturation [NDLR : l’enveloppe de l’État peut encore financer des arrachages] ». Pour la renaturation, « on consomme à peu près 24 millions € avec ces dossiers. Il y a encore une possibilité » d’arrachage supplémentaire sur les 30 à 38 millions € prévus explique Virginie Alavoine, la directrice adjointe de la Direction Régionale de l'Agriculture et de la Forêt d'Aquitaine (DRAAF).
Alors que les arrachages doivent être réalisés ce 31 mai 2024, les pouvoirs publics veulent permettre à un maximum de vignerons d’anticiper dans la mesure du possible. « C’est pour ça que la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM), va délivrer des autorisations à commencer les travaux avant la fin d’instruction pour la renaturation (où le risque est faible d’inéligibilité) et la diversification (en misant sur un coefficient stabilisateur estimatif à 75 %, pour ne pas prendre trop de risque) » indique Virginie Alavoine, pointant qu’« il faut quand même attendre d’avoir reçu l’autorisation à commencer les travaux ».
Dès la réception, « vous pouvez alors commencer les travaux avant la notification de l’aide. Cela ne préjuge pas de l’éligibilité finale du dossier. Les autorisations à commencer les travaux arriveront dans les jours qui viennent » avance Étienne Guyot, indiquant que « les notifications des aides à l’arrachage de la renaturation, le dispositif d’État, auront rapidement lieu au fil de l’eau pour les dossiers complets et conformes. Pour la diversification, le dispositif du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB), on a une notification des aides qui sera faite plutôt en mars, à la fin de l’instruction de l’ensemble des dossiers (pour déterminer le coefficient stabilisateur). »