ntre négoce et Grande Distribution (GD), "on verra qui ment", avait pourtant prévenu Martial Bories, président de la cave des Vignerons de l’Occitane, à Servian, près de Béziers, en annonçant en fin d’année 2023 une réunion à venir avec les représentants de la grande distribution française. Celle-ci vient de se tenir le 10 janvier à l’hôtel de ville de Béziers, en présence du préfet de l’Hérault, Francois-Xavier Lauch, sous le patronage du maire, Robert Ménard, et son épouse, la députée Emmanuelle Ménard. Les acheteurs des principaux groupes de grande distribution ont échangé avec Martial Bories, et Gérard Bancillon président de la confédération des vins IGP de France.
Si un représentant de Grands Chais de France avait fait le déplacement, aucun autre négociant ou représentant du négoce n’a répondu à l’invitation. Côté GD, le groupe Auchan n’avait toujours pas encaissé l’action menée dans son magasin à la veille de Noël. « Auchan ne sera pas représenté à la réunion, notamment en raison de l'enquête en cours suite au dépôt de plainte. Nos collaborateurs et clients ont été assez choqués par cette manifestation non déclarée et le vol de près de 50 caddies », a indiqué la communication du groupe en amont de cette réunion.


Il n’a pourtant pas été question de mensonges lors de cette réunion, mais plutôt de solutions à apporter face à une crise qui semble prendre de cours tous les échelons de la filière. Peu diserts, la plupart des participants n’ont pas souhaité commenter les échanges, Robert Ménard notant simpement que « la réunion s’est très bien déroulée ». Celle-ci ne sera d’ailleurs pas sans suite, avec d’autres réunions à venir, confirme Martial Bories. « Tout le monde est conscient de la baisse de consommation, et surtout de la détresse de la production », enchaîne le président de la cave des Vignerons de l’Occitane. Si aucune annonce ou avancée concrète n’a débouché de cette rencontre, Martial Bories souligne que ses interlocuteurs « vont essayer de faire ce qu’il faut pour corriger une trajectoire qui peut mener à la disparition d’une grande partie de la viticulture languedocienne ». Aucun engagement n’a néanmoins été scellé autour de prix planchers d’achats des vins.
Soulignant son impression positive laissée par cette rencontre « où trois groupes d’acteurs se sont parlés sans barrière », la députée Emmanuelle Ménard y a vu des propositions et pistes concrètes pour améliorer la rémunération des producteurs. « Si les acteurs le souhaitent, il y aura d’autres réunions, auxquelles la restauration et les verriers seront conviés », appuie-t-elle. Les absents ayant toujours tort, des participants à la réunion ont relevé que les coefficients appliqués au vin par la restauration, et les résultats financiers insolents des verriers ont été cités parmi les éléments n’aidant pas à la rémunération plus équilibrée de la production.
Déjà évoquée par le ministre de l’agriculture Marc Fesneau, une intégration de la filière des vins IGP dans le cadre de la loi Egalim est une des pistes relevée par la grande distribution lors de cette réunion. « Cela permettrait d’ajuster les prix sur les coûts de production et non pas sur la marge industrielle des entreprises de distribution », résume Martial Bories.


« L’intégration de la grande distribution aux interprofessions est également une idée émise par la grande distribution, que je trouve bonne, pour pouvoir aborder les problèmes dès la base et réfléchir à leur résolution », reprend Martial Bories. En parallèle, tous les acteurs se rejoignent sur le constat d’un marché des achats qui ne bouge pas et d’une déconsommation écrasante. Car malgré la distillation de 2023, Martial Bories estime « qu’il y a encore trop de vin qui pèse sur les négociations avec une offre trop importante, il faut encore en éliminer ».