es chariots pour se faire entendre. Après l’action de passage de chariots gratuits menée samedi 23 décembre par des viticulteurs locaux dans l’hypermarché Auchan de Béziers, une réunion aura lieu en début d’année 2024, à la mairie de Béziers, avec des acheteurs nationaux de grande distribution et de négoce. « Il n’y a qu’en tapant au portefeuille qu’on arrive à faire réagir la grande distribution ! », réagit Martial Bories, président de la cave des Vignerons de l’Occitane, à Servian, près de Béziers, et à la tête du groupe de viticulteurs ayant mené cette opération où plusieurs dizaines de chariots de courses ont été passés sans paiement, mais « sans casse ni détérioration », précise fermement Martial Bories.
Rapidement stoppée par les vigiles puis les forces de l’ordre, l’opération aura duré moins de trente minutes. « Contrairement à ce qui a été rapporté, nous étions près de 200 viticulteurs », ajuste-t-il également, « dans le seul objectif de faire descendre le directeur du magasin pour lui expliquer l’urgence de rehausser les prix de rémunération de nos vins ». Rapidement informé, le maire de Béziers Robert Ménard s’est rendu sur les lieux et son entremise a permis à Martial Bories et son groupe de rencontrer non pas un, mais deux directeurs de magasins. « Grâce au maire, le directeur du Leclerc de Béziers, l’enseigne la plus dure dans la négociation des prix, s’est joint au directeur d’Auchan pour venir nous rencontrer », retrace l’expérimenté président des Vignerons de l’Occitane.


Avec une production de 250 000hl et 3000 hectares de vignes, la cave est une de plus importantes du Languedoc et comme le résume son président, « si rien ne bouge au niveau des prix, ça va être le feu dans la région ». Parfois qualifié de franc-tireur, Martial Bories et sa cave ne sont affiliés à aucune fédération ou syndicat. « J’ai 66 ans, j’ai fait mon temps, mais là, nos jeunes n’en peuvent plus. Il n’y a que 75 centimes d’€ de vin dans une bouteille vendu en GD, nous attendons des garanties sur les prix d’achat », déroule-t-il. Pour ne pas laisser ces revendications san suite, le maire de Béziers, ainsi que sa femme députée Emmanuelle Ménard, pilotent l’organisation d’une réunion dès la première semaine de 2024. Autour de la table, les principaux acheteurs des groupes de grande distribution française devraient être là, hard discount compris, ainsi que des négociants nationaux, « et même des représentants de verriers », appuie Martial Bories.
Côté production, seuls le président des Vignerons de l’Occitane et Gérard Bancillon, président de la confédération des vins IGP de France, appuieront les attentes des coopérateurs. « Le début de campagne avance au ralenti, et le négoce nous rapporte la volonté de la grande distribution de baisser les prix d’achat, alors que nous n’avons eu aucune augmentation depuis des années », regrette Gérard Bancillon, « or ce sont les vins d’IGP et d’AOP génériques qui sont les plus présents en GD, donc leurs producteurs qui trinquent le plus de ces prix trop bas ».


Martial Bories n’y va pas par quatre chemins et attend que grande distribution et négoce s’engagent sur des prix d’achat à la hauteur. « Nous allons discuter concrètement de tous les aspects économiques. Négoce et acheteurs de GD seront là, donc on verra bien qui ment ! », tranche-t-il. Le viticulteur héraultais fustige également la propension de certaines enseignes à mettre en avant des offres à bas prix de vins de cépages étrangers, avec des marques d’apparence très françaises. « Ces marques de distributeurs doivent être alimentés avec des vins de France de cépages à 70€/hl, et pas des vins étrangers à 40€/hl, sinon on tue tous les efforts de segmentation de l’offre de vins de nos territoires », appuie-t-il. Conscient de la détresse et des difficultés des vignerons qui l’accompagnent, Martial Bories prévient déjà la grande distribution de la détermination d’une profession qui n’aura plus beaucoup à perdre, en particulier les jeunes, sans signal fort des metteurs en marché. Des blocages de centrales d’achat ne sont pas exclure.