Attention au prix sinon boom », « Voleurs boom » … « Fnsea ». Laconique, le message tagué sur les murs du négoce Oenoterra, à Valros dans l’hérault, ne laisse pourtant pas vraiment place à l’ambiguïté. La menace d’explosion rappelle même aux heures les plus virulentes des comités d’action viticoles languedociens. Pas de signature Crav ou Cav (comité (régional) d'action viticole) cette fois, mais un simple Fnsea, qui a le don de faire bondir Sophie Nogues, présidente de la fédération du syndicat des exploitants agricoles de l’Hérault (Fdsea 34). « Nous nous désolidarisons totalement des individus qui ont fait ça, ce n’est pas du tout notre manière de fonctionner, et nous travaillons sans masque », clame-t-elle.
Apparus dans la nuit du mardi 16 au mercredi 17 janvier, ces tags sont pourtant concomitants avec les manifestations de la FNSEA à Toulouse ou Avignon. Sophie Nogues condamne fermement cette action et les menaces d’explosion explicites. Si les responsables de l’entreprise Oenoterra acceptent de s’exprimer par la voix de leur porte-parole, l’incompréhension est de mise. Oenoterra refuse toute image des graffitis, déjà en train d’être repeints par le personnel de l’entreprise. « Nous sommes un négoce de taille modeste, et si nous comprenons les revendications, la méthode n’est peut-être pas la bonne. Nous ne sommes pas du tout la cible car nous respectons le prix du marché », pose le porte-parole de l’entreprise.


La découverte de« ces dégradations par des personnes semble-t-il mal intentionnées » a été la mauvaise surprise du matin, mercredi 17 janvier, alors que le personnel venait travailler. « Même si nous comprenons aujourd’hui que la situation est compliquée dans le monde du vin, les PME comme la nôtre sont la mauvaise cible. Nous travaillons avec des vignerons, nous subissons comme tout le monde depuis plusieurs années la hausse des matières premières et nous devons sans cesse nous renouveler pour trouver de nouveaux débouchés afin de maintenir des volumes corrects afin de faire vivre notre PME et de garantir les emplois », développe ensuite le porte-parole d’Oenoterra.
Soulignant ses efforts de « valorisation des produits, des gammes en respectant le travail des vignerons », la PME installée à Valros préfère rappeler que « demain, s'il n'y a plus de vignerons, nous n'aurons plus de métier et ça personne ne le souhaite ». Enfin, l’incompréhension de l’entreprise se situe sur sa place modeste dans la régulation du marché : « nous sommes loin d’être l’acteur qui a le pouvoir de faire bouger les lignes. Nous sommes loin d’être représentatif du marché ».
A Valros, Oenoterra est locataire du bâtiment de l’ancienne cave coopérative du village, dont les murs appartiennent toujours à la cave coopérative des Vignerons de l’Occitane, dont le siège est installé non loin de là, à Servian. A la veille de Noël, des adhérents et le président de la cave avaient mené une action de chariots gratuits dans une grande surface près de Béziers.
Ce matin, seuls ne persistaient que le r et le s du "voleurs" tagué (M. B)