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Crédits : Domaine Allemand

Laëtitia Allemand
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À Théüs, sur les coteaux dominant la vallée de la Durance, Laëtitia Allemand sauvegarde le cépage mollard. Elle a officiellement repris la gérance du domaine familial en 2017. Celui-ci avait été installé par ses grands-parents en 1954, une époque où la viticulture n’était presque plus qu’un lointain souvenir dans les Hautes-Alpes. « Il restait encore quelques vignes de mon arrière-grand-père lorsque mon grand-père a décidé de monter son exploitation viticole. Il rentrait du service militaire effectué en Champagne, qui l’a influencé, et il vinifie ses premières productions en méthode traditionnelle champenoise », dévoile celle qui a accompli une carrière de journaliste politique avant de reprendre les rênes du domaine Allemand. Son grand-père remet au goût du jour le mollard, cépage traditionnel de ce secteur « dont il ne reste alors que quelques parcelles ». Son père poursuivra à son tour cet engagement en faveur de ce cépage au débourrement tardif, peu alcooleux et adapté aux conditions montagneuses, en travaillant, en collaboration avec l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV), à une sélection massale de clones et la création de vigne-mère.

« Mon père ne se rendait pas compte de l’importance de ce travail pour le maintien de ce cépage autochtone en voie de disparition », souligne Laëtitia Allemand, pour qui la poursuite de ce travail patrimonial a constitué une des motivations de retour au sein de l’exploitation familiale. « Au tournant de la quarantaine, la question de la succession au domaine et le manque de nouvelles perspectives professionnelles ont convergé pour encourager mon retour. J’ai vite pris foi en cette réhabilitation du mollard, qui présentait en outre un intérêt dans le contexte d’évolution climatique », reprend la vigneronne. En phase avec l’action paternelle, Laëtitia Allemand a trouvé dans les environs « une parcelle centenaire sur laquelle nous avons pu marquer 40 pieds de mollard ». En collaboration avec un pépiniériste, elle a décidé de louer cette parcelle pour lancer « une étude sur trois ans pour voir l’évolution des pieds et des vins en micro-vinification ». À terme, l’ancienne journaliste souhaite trouver des financements pour aboutir à la création d’un conservatoire du mollard, « pour mettre parfaitement en lumière les vertus de ce cépage presque oublié ».


Olivier Bazalge