emblant encore peu relevée en France, la proposition irlandaise d’étiqueter sur toutes les bouteilles de boissons alcoolisées des messages sanitaires ("consommer de l'alcool provoque des maladies du foie" et "il y a un lien direct entre l'alcool et les cancers mortels") inquiète nombre de vignobles européens. « L’étiquetage irlandais est problématique. Nous ne voulons pas qu’il y ait un message d’avertissement sanitaire sur les étiquettes de vin » pose Luca Rigotti, le président du groupe de travail de vin pour le Copa Cogeca (Comité des Organisations Professionnelles Agricoles de l'Union européenne et Comité Général de la Coopération Agricole de l'Union européenne). Rencontré à l’occasion du salon ProWein (19-21 mars à Düsseldorf), le viticulteur du Trentin milite pour un système d’information en deux temps des consommateurs des informations nutritionnelles et sanitaires : sur l’étiquette et dématérialisée sur internet. « Il faut équilibrer la protection de la santé et la durabilité socio-économique des vins européens » résume-t-il.
Plaidant pour l’éducation des jeunes générations à la consommation avec modération pendant le repas, Luca Rigotti pointe les dangers d’image, et donc de mise en marché, de tels messages sanitaires. Alors que des États membres discutent avec la Commission Européenne de ce dossier, le Copa Cogeca souhaite discuter avec Bruxelles de ces enjeux : « nous espérons trouver un moyen. Une image d’alerte sanitaire est impossible sur l’étiquette. Je n’ai pas de solution, mais il faut éviter qu’un autre état implémente de telles règles » indique Luca Riggoti. Qui pointe que ces débats sanitaires tombent en pleine période difficultés économiques pour le vignoble européen.
« Le sujet est le même partout en Europe. En ce moment, le problème est la vente de vins rouges. La tendance de consommation préfère les vins blancs et effervescents » souligne Luca Rigotti. Alors que les discussions sur l’arrachage sanitaire et la distillation de crise sont très avancées en France, ces sujets restent émergents dans le reste du vignoble communautaire : « en Italie, on ne parle pas d’arrachage jusqu’à présent. La distillation pourrait être demandée par certaines appellations » indique Luca Rigotti. Les dangers sont partagés, mais les priorités sont différentes.