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Vignerons certifiés bio et HVE… et alors ?
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Vignerons certifiés bio et HVE… et alors ?

Alors que l’opposition entre les deux certifications environnementales est particulièrement vive, les vignerons pratiquant les deux démarches défendent des pratiques complémentaires, sans être équivalentes. Rencontres sur Millésime Bio.
Par Alexandre Abellan Le 01 février 2023
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Vignerons certifiés bio et HVE… et alors ?
« Il y a d’excellentes choses dans les labels bio et HVE » pointe Marion Mathelin sur le salon Millésime Bio. - crédit photo : Alexandre Abellan
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atente depuis des années, la guerre de chapelle entre les vins certifiés bio et Haute Valeur Environnementale connaît un regain ce début 2023, avec l’attaque en justice du label HVE par des associations de l’Agriculture Biologique et de consommateurs pour tromperie. Et les répliques des conventionnels en agroécologie sur le bilan carbone ou l’usage de cuivre des bio. Se tenant à Montpellier, le salon Millésime Bio n’échappe pas au débat. Si l’on trouve dans les allées des opérateurs bio vent debout contre la HVE, il y en a aussi qui affichent la double certification et ne se retrouvent pas dans cet affrontement fratricide : parlant d’améliorations croisées plus que de compétition frontale. « Il n’y a aucun label qui soit parfait aujourd’hui » pose Marion Mathelin, la responsable commerciale du château Haut-Blanville (60 hectares en Languedoc Grès-de-Montpellier, à Saint-Pargoire dans l’Hérault), soulignant que la démarche « HVE apporte un point de vue plus global, pouvant être approfondi, mais avec un regard sur les parcelles prises comme un écosystème qu’on ne retrouve pas dans le cahier des charges bio. Les deux labels ont à prendre chez l’autre pour aller plus loin. Les labels ne sont pas finis : les cahiers des charges sont des étapes. »

Plus exigeant techniquement, « le cahier des charges bio est perfectible, on n’y parle pas d’enherbement par exemple » ajoute le vigneron Charles Bénard, des champagnes Laurent Bénard (3,5 ha en bio à Marueil-sur-Aÿ, Marne). Ayant choisi la certification pour anticiper de possibles obligations réglementaires (et suivre la tendance donnée par les instances de Champagne, avec la démarche Viticulture Durable en Champagne), le jeune vigneron confirme que « ce qu’il y a de bien dans HVE, et qui manquerait dans la bio, c’est la notion de ressource en biodiversité, qui permet d’identifier ce qui manque dans certaines parcelles. La HVE demande au moins ça. Il y a aussi la notion d’azote dans la fertilisation pour contrôler les amendements. » Mais globalement, la marche n’est pas haute pour additionner la HVE quand on est bio : la protection et le développement de la biodiversité étant souvent déjà inclus dans la vie des domaines.

Quand on est bio, il est facile d’aller vers HVE

Concrètement, « quand on est en bio, être HVE n’est pas problématique du tout. Il y a quelques facteurs en plus, mais la durée de contrôle et le niveau d’exigence n’est pas le même : le bio est plus pointu » souligne Laurent Blouin, du domaine de Hardières (25 ha en Anjou à Saint-Lambert-du-Lattay, Maine-et-Loire). « Je côtoie nombre de vignerons qui sont HVE et s’en font une montagne : on peut être HVE sans avoir 19/20, la moyenne suffit… » ajoute le vigneron du val de Loire. « Quand on est bio, il est facile d’aller vers HVE. C’est plus léger au niveau des pratiques, mais c’est plus complémentaire » affirme Marion Acquaviva, du domaine A Rocca (20 ha à Calenzana, en Haute-Corse). Ayant eu des demandes de certification HVE lors du précédent salon Millésime Bio, la vigneronne insulaire juge que « Bio et HVE sont assez complémentaires. Le cahier des charges bio c’est la vigne, HVE c’est une vision d’ensemble. »

Clé d’entrée

Passer à la HVE quand on est bio, « ça fait regarder les pratiques un peu différemment, ce qui est intéressant. Le mieux pour voir un label, c’est d’y adhérer » pointe le vigneron Guillaume Guérin, du château Moulin de Rioucreux (en AOC Blaye Côtes de Bordeaux et Côte de Bourg à Saint-Christoly-de-Blaye, Gironde), notant qu’il s’est certifié pour répondre à la demande commerciale d’un négoce : « c’est juste une clé d’entrée en cas de besoin ». Notamment demandée pour accéder au marché des Grandes et Moyennes Surfaces (GMS), la certification HVE n’est plus si courue que ça note Virginie Labuzan, la directrice commerciale de Bordeaux Vineam (275 hectares de vigne à Bordeaux et en Bergerac), pour qui « on en revient de HVE. Il y a de moins en moins de gens qui recherchent le label. Cela pèse moins que le bio. Être certifié Demeter, Vin Méthode Nature et Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) est plus porteur. » Le label HVE n’est ainsi pas affiché sur l’étiquette de ses vins, comme c’est le cas pour la majorité des exposants visités, indiquant miser sur le logo bio, plus connu, et éviter de se disperser, alors que la demande de clarté est forte auprès des consommateurs et des metteurs en marché.

 

Parmi les rares propriétés affichant les deux logos sur leur contre-étiquette (voir ci-dessous), on trouve le domaine du Cinquau (14 ha de vignes en Jurançon, à Artiguelouve dans les Pyrénées-Atlantiques). Mais « comme le label HVE est moins contraignant, il a moins de signification commerciale » que celui bio note Marine Delmon, la responsable commerciale de la propriété familiale, expliquant que « HVE étant plus facile à obtenir, il y a moins de reconnaissance auprès des consommateurs. Ce qui demande plus d’explications et parle moins aux gens, que le bio. Les consommateurs ne savent pas forcément ce que veut dire le bio, mais il développe un imaginaire respectueux de la nature. Être bio simplifie le discours. »

Il était temps que ça change

Alors que le cahier des charges HVE vient d’être mis à jour (avec la fin de la voie B "comptable", l’arrêt des phytos CMR1… mais aussi des enjeux sur la fertilisation), « il était temps que ça change. Le cahier des charges était léger. Ce renforcement est une avancée » note le vigneron alsacien André Vielweber (6 hectares à Hunawihr, Haut-Rhin), qui s’est mis à la HVE pour répondre à la demande d’acheteurs de la cave coopérative à qui il confie une partie de ses raisins. « Sinon, je ne sais pas si je l’aurai fait. C’est un double paiement de certification… » souligne André Vielweber, qui note qu’avec les termes "Haute Valeur Environnementale", « HVE fait miroiter niveau d’engagement qui ne se retrouve pas dans les faits. On fait croire à plus qu’il n’y en a… » regrette-t-il, concluant cependant que « plusieurs labels peuvent exister ». En témoignent les allées du salon Millésime Bio où se côtoient vins vegans, Terra Vitis, nature, Bee Friendly, Vignerons Engagés… A priori sans heurts.

 

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Tous les commentaires (9)
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Reynaud Le 24 février 2023 à 15:38:38
Bla bla bla? La hve n?est pas bio. Les supermarchés trichent en mettant des bouteilles hve sur les rayons bio. Tricherie !!!
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louis julian Le 03 février 2023 à 13:56:45
Le label agriculture bio ne garanti pas une haute valeur environnementale ,si l'on s'en tient au simple respect du cahier des charges , On aurait du dès le départ parler d'agro-écologie . Le Label Nature et progrès , en partie à l'origine de AB , a mis en place un système participatif de garantie qui évalue les pratiques des producteurs au regard de l'économie ,du social et de l'environnement . Ce n'est pas parfait , mais oblige les deux labels à se rejoindre en confondant leurs exigences .Ce n'est pas élitiste mais une direction à prendre pour qu'agriculture rythme avec durable
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Dide Le 03 février 2023 à 05:16:43
Vous parlez du tiroir caisse ou de l'environnement !
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Jj Le 01 février 2023 à 20:36:49
ELDU je pense que c est toi qui n a rien compris BENJI a entierement raison . Les lobbys nous pourrissent la vie
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Benji Le 01 février 2023 à 20:05:46
Elju pour votre info je suis certifié Hve et comme je vous l?ai dit les viticulteurs français n?ont pas attendu les donneurs de leçons pour évoluer chacun à son rythme ! Interrogez vous donc à qui profite l?agribashing sur l?agriculture francaise! Les mêmes qui dénigrent continuellement ce que font les agriculteurs français ! On devrait tous être fier de nos productions en France aucun pays au monde n?autodetruit ses propres productions en augmentant continuellement les normes administratives et rse! Malheureusement leurs cheval de bataille est bien le dénigrement français au détriments des importations impropres mais surtout bien le financement de leurs militantisme ne vous en déplaise
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Mano verde Le 01 février 2023 à 19:33:07
Haute valeur d'enfumage, arrêtons de nous rassurer avec ce genre de label bidon digne de la plus mauvaise agence de pub
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Eldu Le 01 février 2023 à 15:37:19
Benji on a compris tu veux continuer à ne faire aucun effort et pourrir la planète. Heureusement que tout le monde n'est pas comme toi
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Bourchet Julien Le 01 février 2023 à 11:11:44
Enfin ! COMPLEMENTAIRE Que le cahier des charges AB ne prenne pas en compte l'environnement écologique des cultures, les techniques agroécologiques, les IFT, le bilan azoté, les prélèvements d'eau etc... est au moins aussi scandaleux que la légèreté de l'ancien référentiel HVE. Ce dernier a changé, un peu tard surement, mais n'en déplaise à ses détracteur en mieux ! Plutôt que de multiplier les certifications et leur coût, il faut intégrer au cahier des charges bio ces mesures strictes qui sont plébiscitées par les détracteurs du HVE (voir sur leurs sites) Cela permettra à minima de faire le ménage, car la plupart des exploitants bio sont déjà conformes et vertueux en biodiversité, mais le bio industriel produit dans des déserts de biodiversité sur des sols presque morts existe et fait du tort pas seulement à la nature. De plus le cahier des charges étant européen cela serai bénéfique au bio Français d'éliminer une concurrence déloyale du bio importé et pas seulement pour le vin, dans le sud de l'Espagne on fait des légumes bio sous des océans de plastique en épuisant les ressources par exemple la tomate italienne ne vaut pas mieux quant aux pommes polonaises je demande à voir... Cela n'arrive pas car les importateurs sont ceux là même qui viennent de porter plainte contre HVE aux côtés d'associations instrumentalisées...
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Benji Le 01 février 2023 à 08:58:35
Le problème n?a jamais été entre les viticulteurs qui font toujours des produits de qualités en protégeant la nature( bio,HVE,conventionnels,etc?! Le problème de la France et son administration qui sont incapable de défendre toutes nos productions françaises préférant écouter des lobbys déconnectées du travail et des contraintes environnementales simplement à des fins politiques! Ces mêmes lobbys ou ong écolos qui n?ont de cesse d?attaquer tout ce qui se fait en France sans aucunement s?interroger sur les importations! Ces mêmes lobbyistes dont personnes ne veut s?intéresser au financement et de leurs représentativité réelle ,car oui la principale cause du dénigrement constant de nos savoirs faire et de nos productions c?est surtout leurs cheval de bataille pour financer leurs pseudo associations ! Oui mr Abellan on attend toujours votre reportage sur ces militants qui n?ont aucunement intérêt à défendre nos productions françaises ni même la nature ,mais bien leurs propres intérêts politiques et économiques
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