éponse du berger à la bergère. Après le communiqué au vitriol de sept associations (Générations Futures, Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique…) attaquant devant le Conseil d’État le label Haute Valeur Environnementale (HVE) sur la base d’une tromperie du consommateur, la contre-attaque n’est pas moins vive pour défendre les 30 000 certifiés actuels (à 70 % des domaines viticoles). « Arrêtons cette guéguerre idéologique suicidaire déconnecté de la consommation réelle des français » réplique Association Nationale pour le Développement de la Certification HVE, décriant une tentative d’organisations promouvant l’agriculture biologique « de trouver un bouc émissaire au déclin du marché du bio ». Et d’embrayer que « là comme ailleurs, il est temps de se réveiller et de mettre de côté l’idéologie avant qu’il ne soit trop tard. Quand on dénigre systématiquement 90 % de l’agriculture française, ce n’est pas le Bio que l’on favorise, ce sont les importations. »
Pas moins outrée dans un communiqué de presse, la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles « tient à s'insurger contre ce qu'elle considère être un manque total de considération pour l'engagement des agriculteurs dans des démarches de progrès environnementales ». Alors que les 7 associations plaignantes critiquent un label au cahier des charges trop léger après sa révision de la fin 2022, le syndicat agricole rapporte que « les exigences ont été revues largement à la hausse et sont loin d'être indolores pour les agriculteurs. Les 4 indicateurs du label (stratégie phytosanitaire, biodiversité, gestion de la fertilisation et gestion de l'eau) ont fait l'objet d'un durcissement, pour à la fois répondre à certaines recommandations de l'OFB, mais aussi à toutes les demandes de la Commission européenne en cohérence avec la nouvelle Politique Agricole Commune (PAC). »
Faisant aussi dans le fact-checking, l’association HVE dément la déclaration des ONG selon laquelle « l’utilisation d’intrants chimiques comme des engrais et pesticides de synthèse particulièrement néfastes pour l’environnement ou pour la santé humaine reste autorisée ». Pour les défenseurs de HVE, « le dispositif contraint très fortement le recours aux intrants de synthèse aussi bien sur le plan quantitatif que sur leur classe de risque. Quant à systématiquement assimiler les produits de synthèse à des produits particulièrement néfastes, c’est oublier que les pesticides et engrais autorisés et utilisés en bio peuvent présenter des classes de risques similaires aussi bien pour l’utilisateur que pour l’environnement. »
Autre phrase reprise aux associations plaignantes : « il existe un modèle, certes perfectible, mais qui a l’une des plus hautes performances environnementales : ce modèle s’appelle l’agriculture biologique ». Pour l’association HVE, « sans doute, mais… Le modèle bio bénéficie depuis plus de 40 ans d’un soutien fort des pouvoirs publics. Or ce modèle couvre toujours moins de 10 % de la Surface Agricole Utile française, son marché recourt pour un tiers aux importations intra et extra-communautaires, il propose aux consommateurs des produits plus chers pour des paniers moyens pouvant être jusqu’à 80 % plus élevés que le panier de produits issus de l’agriculture conventionnelle et les producteurs ayant investi dans cette filière sont désormais confrontés à un marché en crise arrivé à saturation. »


Ce positionnement intermédiaire de la HVE, entre conventionnel et bio, est validé par la FNSEA : « le label HVE est un exemple d'engagement des agriculteurs dans les transitions, qui doit être encouragé par tous les maillons de la filière, jusqu'au consommateur. Il est ce sens essentiel qu'il se traduise par une juste rémunération. La transition d'un plus grand nombre d'exploitations dans des démarches de progrès ne pourra pas être favorisée si ce n'est pas le cas. »