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De mal en pinard
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De mal en pinard

Par Alexandre Abellan Le 02 décembre 2022
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De mal en pinard
A

défaut de monter aux lèvres des consommateurs, il descend sur la colère des vignerons. C’est le rouge qui fâche cette fin d’année dans le vignoble, avec toujours plus de surstocks pesant sur le moral de toute une filière : producteurs, courtiers, négociants, fournisseurs… Si des tensions transparaissent, de la vallée du Rhône au Languedoc, la crise frappe violemment le vignoble de Bordeaux, où les ventes de vins en vrac semblent gelées depuis 2018 et où la spirale des méventes entraîne toujours plus d’opérateurs. Une fatalité ? C’est le sentiment qui semble peser sur des pans entiers du vignoble girondin. Où l’on est moins résigné que démuni face à la déconsommation des vins rouges en France malgré les investissements réalisés individuellement pour verdir et moderniser la production. Où l'on reste estomaqué par la fermeture brutale de la route de la soif vers la Chine, qui permettait d’écouler des volumes en quantité sans trop regarder sur la qualité. Où face au décrochage de la locomotive des grands crus classés, et de la place de Bordeaux, le gros du wagon semble devoir se débrouiller seul face à l'appel de la pente. Où le cycle de production des millésimes n’arrive plus à anesthésier l’esprit vigneron, car les impasses financières dépassent le seuil d’alerte rouge… Un rouge bordeaux virant à la colère noire. Dans ce monde incertain, la seule fatalité qui soit certaine reste le défaitisme. « Si malheureusement le fatalisme était vrai, je ne voudrais pas d'une vérité si cruelle » écrivait Voltaire à Claude-Adrien Helvétius (le 11 septembre 1739).

Alors que les cuves débordent d’invendus loin d’être invendables (la qualité du millésime 2022 est une bonne nouvelle, passant encore inaperçue), monte un puissant ressentiment qui n’éclate pas (mais s’enkyste). Imaginons un instant que de telles difficultés économiques aient eu lieu dans le Languedoc : nul doute que des vignerons de l’Aude auraient démontré depuis longtemps à quel point ils peuvent être sanguins… Face aux surplus de vins et de vignes, la tempérance bordelaise commence à s’estomper pour affirmer ses besoins d’aides structurelles. Un moment décisif sera la manifestation du mardi 6 décembre prochain, organisée par un collectif de vignerons apartisans et soutenue par les syndicats bordelais. Rares à Bordeaux (la dernière manifestation d’ampleur remonterait à décembre 2004, « pour le tonneau à 1 000 euros »), les mobilisations revendicatives témoignent d’une volonté de peser, d’être audibles par les pouvoir publics afin de débloquer des aides nationales similaires à celles qui ont pu aider les filières aviaires et porcines. Ce qui permettrait d’imaginer un plan social rapide, qui ne serait pas envisageable avec les pistes de reconversion actuellement travaillées par la Région, qui permettraient une aide ciblée aux exploitants restant en place, mais inadaptée aux retraités n’ayant plus de fermage et aux vignerons souhaitant arrêter.

Ces deux dernières populations ont passé leurs vies à travailler pour se construire un capital retraite avec leur foncier viticole et se retrouvent désormais dans des situations désespérantes. Sans entrer dans des détails intimes, le vécu de certaines familles vigneronnes fait froid dans le dos. En 2022, des gens du vin subissent « une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers » comme l’écrit Victor Hugo dans l’introduction des Misérables (1862). Ces vignerons dans la difficulté méritent plus qu’un planplan social. D’autant plus que l’incertitude nimbant les prochains mois ne permet pas d’imaginer de retour rapide à une situation saine et équilibrée pour l’ensemble des vins de Bordeaux. Comment rompre cette spirale destructrice, emportant dans son sillage, pan par pan, des lambeaux croissants du vignoble bordelais ? Peut-être en rappelant aux pouvoirs publics leur mission de fraternité pour assister ceux en difficulté : qu’« ils ne se battent que pour la dignité des faibles » pour citer Alexandre Astier dans le livre VI de la série Kaamelott (2009). Ce n’est pas gagné, ce n’est pas facile, mais c’est nécessaire pour toute la filière des vins de France.

 

 

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Tous les commentaires (7)
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sarah courci Le 03 décembre 2022 à 17:25:11
Une manifestation le 6 décembre !!!! Pourquoi ? Pour demander de l'aide pour arracher des vignes ! Ah bon et depuis quand, il faut arracher des vignes pour mieux vendre ? cela 20 ans que j' entend de la part de nos intellectuels représentant la profession dans différents organisme, syndicat, CIVB etc.... le même refrain. Quand une entreprise a de mauvais commerciaux, elle de licencie pas l'équipe de production. elle ne produit pas moins. Elle ne sacrifie pas ses collaborateurs qui font tous pour réaliser un produit de qualité. Alors avant d'aller dans la rue, il va falloir se poser les bonnes questions. A commencer par POURQUOI ? POURQUOI Bordeaux en est là ! Pourquoi Bordeaux est critiqué de la clientèle ? Pourquoi Bordeaux est Moqué ? Pourquoi Bordeaux est Boudé? Voilà la question à laquelle, il faut répondre. Et ce n'est pas en arrachant des vignes n'importe comment et n'importe ou que le problème sera résolu. car le fond du problème sera toujours là. Présent. Sans réforme profonde de L'organisation Bordeaux, rien ne changera. Et les vignerons tomberons comme dans une chute de domino. Qui le premier ? Qui le dernier ? Comment nos responsable de la profession n'ont pas appris des arrachages des blanc !!! Est ce que depuis le Bordeaux Blanc a retrouvé le succès ? Avez vous entendu que Le Bordeaux Blanc est recherché massivement ? Non. A peut être un petit peu aujourd?hui pour des marchés de niche ou des bases pour élaborer d'autres produit. mais nous sommes très loin d'une relance des Bordeaux Blanc suite à ces arrachages massif qui ont eu cours il y à 40 ans. Donc avant de vouloir arracher à tour de bras et démotiver toutes cette jeunesse de notre métier. Il faut répondre a ce POURQUOI ? Il faut oser relancer la machine commerciale en réformant Bordeaux. COMMENT. Toutes marques doit se protéger. Exemple les Champagnes, Les belles Appellations régionales. Les Nestlé, L'Oréal, LVMH, Donc commençons par donner une bonne image. Bordeaux se vend mais un pourcentage significatif est vendu avec du vin qui ne provient pas de Bordeaux. Stoppons les faux Bordeaux qui sont vendues à la place de nos vignes que l'on nous demande d'arraché. Arrêtons les Bordeaux Vrac que nous envoyons partout sans savoir ce qu'il devienne. Réformons l'inscription du nom Château sur nos étiquettes pour une simple cabane au milieu des vignes. Le consommateur ne comprend pas. C'est sérieux !!!!! Une cabane devient un Château à Bordeaux ??!!!! Organisons les gammes de nos vins selon les spécialités des entreprises. cave coopérative, Vignobles à volume, Château historique. Voilà des pistes sérieuses de proposition pour sortir de la mévente. Et de cette façon, on peut demander au gouvernement de nous aider par une demande d'aide à l'arrachage afin d?accompagner les vignerons partant à la retraite de supprimer leurs vignobles. Ce n'est seulement que par cette volonté de réformé BORDEAUX que la confiance des consommateurs reviendra. Qu'ils nous feront confiance. Que nous pourront leur garantir un Bordeaux de qualité issu de nos VRAIS vignes. Demander de l'argent au gouvernement ( qui n'est pas responsable de la situation ) pour arracher de la vigne tout en restant dans la même organisation et lambiner. C'est comme le bousier qui pousse sa boule plus loin. le vrai problème sera toujours là mais juste plus loin. Bon courage pour le 6 décembre !!!!!!!!!!!!!!!!!!!
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ChMLp Le 03 décembre 2022 à 15:27:38
Pour l'instant, les vents sont contraires, il va falloir trouver des solutions très vite !!! L'arrachage peut être, faudra plusieurs années. Pour l'instant, pour passer 2023 , il faut rapidement mettre en place la distillation de crise pour supprimer les mauvais 2021 et les cuves à problèmes !! L'énergie fossile ne cesse d'augmenter, c'est le moment de faire de l'éthanol, mais ça c'est de la politique !!!!
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dan Le 02 décembre 2022 à 21:43:06
comme dit l expression populaire, ce n est pas quand on a fait dans sa culotte ?..et quid des primes de plantation demandes entre 2010 et 2020 pour les 28.000 hectares supplementaires?elles seront deduites des prime d arrachage ?
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Vigneron Le 02 décembre 2022 à 18:14:06
Mais aussi les femmes et hommes qui contribuent un peu plus chaque jour à l'effort de la nation. Ces hommes et ces femmes qui se battent pour que l'avenir de leur domaine aient un sens. Ils ?uvrent pour faire rayonner l'histoire, l'identité, la grandeur de notre nation, ne les oublions pas.
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Vigneronne Languedoc Le 02 décembre 2022 à 14:59:22
Bonjour, Je suis de tout c?ur avec les petits vignerons bordelais, mais c'est un peu facile de faire des généralités et de dire que les Languedociens sont des gens sanguins. Malgré tout, pour expliquer certains agacements marqués (je ne parle pas des rares actions de force, que je ne cautionne pas pour le coup, et qui sont loin d?être la majorité des actions menées par les languedociens!), comparons peut-etre les prix d'achat du vrac en France (mais aussi les prix moyen de vente à la bt), et je pense sans dire trop de bêtise que les vins du languedoc sont encore moins valorisés que les vins Bordelais (mais je n'ai pas les chiffres exacts car là je pars en salon pour essayer de vendre mon vin justement ;p). Alors qu'il y a eu un travail de fou sur le choix des cépages, les terroirs, les modes de culture, les techniques de vinification etc.... Donc arrêtons d?opposer les régions comme cela, ça assainirait un peu le débat. Et surtout n'oublions pas de promouvoir les vins français dans leur ensemble, en incitant les gens à aller découvrir leurs vignerons dans leurs domaines :) Il me semble que c'est important. Bonne journée
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JLT Le 02 décembre 2022 à 14:33:23
Quand je pense aux viticulteurs de souche ou de métier je ressens ces angoisses qui m'ont tenaillé bien souvent pendant ma vie de viticulteur. Quand je pense aux nouveaux viticulteurs, je me dis "mais ils ont investi avec souvent de gros capitaux spéculatifs comme l'immobilier, l'industrie, le pétrol, les assurances, les startups... ne sont-ce pas des capiaux à risque ? " ils subissent les 3 risques : l'économie, la géopolitique, les comportements des consommateurs et en plus les dommages du climat. Où sont passés les philosophes des traditions et du savoir faire ?
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Vigneron Le 02 décembre 2022 à 12:15:17
Le volume n'est plus un critère suffisant pour vendre, le volume n'est pas synonyme de crise pour autant quand il y a le marché. Il faut considérer les acheteurs, et quand on voit tout les grands Châteaux: Petrus, Cheval blanc, Margaux, Angélus, Haut Brion.. on a l'impression que tout le monde n'est pas en crise! Un vignoble à 2 vitesses je pense.
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