e petits pas, mais toujours pas de bond décisif. Si le projet d’utilisation d’aides communautaires gérées par la région Nouvelle-Aquitaine, le Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural (FEADER), pourrait permettre d’envisager des aides à la reconversion de vignobles excédentaires sur d’autres cultures (chanvre, olivier, raisin de table…), les demandes répétées de primes à l’arrachage définitif dans le vignoble girondin se heurtent à d’importantes difficultés politiques et réglementaires (demandant a priori des modifications de réglementation européenne). Privilégiée par le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, la solution des aides régionales ne pourrait pas financer d’arrachage définitif en l’état, mais ouvrir des aides à la conversion de parcelles viticoles en d’autres activités agricoles.
Si cet outil régional reste à construire, il apparaît déjà que ce système ne répondra pas aux demandes vigneronnes posées dans les cas de cession d’activité pour départ à la retraite et dans les situations de retraités dont les fermages ne sont plus assurés note Stéphane Gabard, le président du syndicat des AOC Bordeaux et Bordeaux Supérieur. En l’état, le dispositif peut être « adapté personnes de 40 ans qui ont du mal à s’en sortir et qui peuvent être tentées par l’arrachage pour créer un revenu complémentaire. Mais on peut difficilement imaginer que quelqu’un qui soit prêt à arracher pour cesser son activité réalise des investissements pour élever des vaches ou produire des pommes » résume Jean-Samuel Eynard, le président de la Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FDSEA 33). Appelant à être réaliste malgré l'urgence de la détresse (« je ne veux pas faire croire au père Noël »), le vigneron des Côtes de Bourg espère que « dans la mesure où Bordeaux n’est plus seul, il y a peut-être des pistes fermées qui vont se rouvrir ».
Des besoins de régulation du potentiel de production sont en effet formulés dans les vignobles des Côtes-du-Rhône et du Languedoc, également touchés par les difficultés commerciales et financières frappant les vins rouges d’appellation (déconsommation française, successions de crises sanitaires/géopolitiques/climatiques…), mais portant des demandes légèrement différentes (replantation différée et volonté de blanchir le vignoble dans le Rhône, arrachage temporaire pour mesure agroécologique avec le FEADER en Languedoc, avec de la distillation et du stockage privé). Portant une demande d’arrachage définitif pour Bordeaux, Stéphane Gabard note le besoin collectif de régulation du potentiel de production : « nous espérons avoir une écoute attentive avec la situation économique qui ne s’améliore pas ces dernières semaines. Des portes ont été fermées, nous travaillons à leurs réouvertures. Aujourd’hui nous travaillons avec la région, ça pourra répondre à certains cas, mais il va falloir trouver d’autres outils. »