omme indiqué lors des questions au gouvernement ce mardi 18 octobre, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a bien conscience des difficultés actuellement traversées par le vignoble français en général, et le vignoble bordelais en particulier. Le député du Loir-et-Cher distinguant les « faits structurels » (la déconsommation des vins rouges) d’« autres faits conjoncturels » (les tensions sur les trésoreries, le changement climatique et l’inflation énergétique).
En matière de conjoncture, le ministre indique en séance que la question des délais de remboursement des Prêts Garantis par l’État (PGE) reste en suspens (demandant aux banques « d’examiner chaque dossier avec diligence et de rechercher des solutions appropriées »), il souligne le bilan du gouvernement sur la gestion des aléas climatiques (1 milliard d’euros pour le gel en 2021 et la réforme de l’assurance climatique en 2022) et évoque une piste communautaire pour alléger le fardeau énergétique (notamment « certaines contraintes liées à la corrélation des prix des différentes énergies et à leur plafonnement », sachant que « les dispositifs pertinents seront ajustés afin que le secteur de l’agriculture, dont le cycle de production est particulier, puisse en bénéficier pleinement »).


En termes d’outils structurels, le ministre renvoie à une réunion se tenant le jour-même avec des représentants du vignoble de Bordeaux et des parlementaires de Gironde. Sollicitée par le député bordelais de la majorité, Pascal Lavergne (l’auteur de cette question préalable au gouvernement : « quelles perspectives proposez-vous pour la viticulture ? »), cette réunion marque une étape après la première réunion au ministère le 3 août dernier. Demandant au ministre la création d’un groupe de travail pour rapidement avancer*, Pascal Lavergne rapporte à Vitisphere que Marc Fesneau a demandé dans la foulée la création d’un groupe de travail à la préfecture de la Gironde, son enjeu étant de trouver une solution rapide en termes de financement : « la voie de l’Organisation Commune de Marché (OCM vin) est trop compliquée à mettre en œuvre rapidement. Il est proposé de travailler sur les fonds européens pilotés par la région (FEADER) » explique le député.
« La balle est dans le camp local » note Pascal Lavergne, appelant le président de la région Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, à réviser la maquette prévue des fonds FEADER pour y intégrer les évolutions de la situation viticole à Bordeaux. Si le vignoble bordelais semble actuellement s’accorder sur une demande d’arrachage définitif de 15 000 hectares à 10 000 euros/hectare (soit 150 millions € de budget), le député note que les modalités sont encore à définir et discuter (« quel rythme ? Quel calendrier ? Quelle durée ? »). Pour Pascal Lavergne, il doit être moins question d’arrachage que de reconversion des terres viticoles pour répondre à des besoins actuels (biodiversité, méthanisation, protéines végétales…).
Alors que les vins de Bordeaux sont en plein écoulage de leur prometteur millésime 2022, ses opérateurs espèrent une avancée rapide à leurs demandes d’arrachage définitifs.
* : Dans sa question en hémicycle, Pascal Lavergne témoigne que « dans mon département, la Gironde, j’entends les cris des viticulteurs, leur angoisse face à l’absence de perspectives. Nombre d’entreprises sont au bord du gouffre financier, alors que les vendanges sont terminées et que leurs chais sont pleins. Les viticulteurs, qui ont eu largement recours aux PGE pendant la crise du covid-19, ne savent pas comment les rembourser. De nombreux défis nous attendent, dont la reconversion d’une partie du vignoble et plus généralement la promotion d’outils de régulation, la transition agroenvironnementale ou encore la protection contre les aléas climatiques. De manière plus immédiate, la crise énergétique et la hausse des prix du carburant font gonfler les coûts de production de la viticulture et plus largement de l’ensemble des activités agricoles, dont on connaît les enjeux de souveraineté. »