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Le vignoble français demande un plan Marshall de sortie de crises
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Trésorerie, distillation, stockage, arrachage...
Le vignoble français demande un plan Marshall de sortie de crises

Pour aider les vignerons en difficulté, la mobilisation politique va atteindre un nouveau pallier lors du comité de suivi entre l’Espagne, la France et l’Italie.
Par Alexandre Abellan Le 30 novembre 2022
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Le vignoble français demande un plan Marshall de sortie de crises
« En combinant les outils, on peut trouver collectivement une solution » espère Jérôme Despey. - crédit photo : Alexandre Abellan (Vitisphere)
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as de quoi bercer de faux espoirs, mais de quoi imaginer le grand soir avec un plan Marshall de la viticulture en difficulté. Lors d’une conférence de presse ce 29 novembre à Bordeaux sur le salon Vinitech, Jérôme Despey, le secrétaire général de la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA) joue cartes sur table : retirer les vignes excédentaires qui pèse sur la vitalité des vins de Bordeaux en particulier, et les vins rouges en général ? « Ça ne se fera pas en un jour » explique le président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer, pour qui « il ne faut pas induire en erreur les viticulteurs qui souffrent : aujourd’hui les outils qui existent sont étroits. On peut se battre pour des aides conjoncturelles : aides à la trésorerie*, stockage privé, distillation… La réglementation existe, à condition que l’État mette la main à la poche » (dans la limite de plafonds européens, avoisinant 40 millions d’euros).

Mais en ce qui concerne les leviers structurels d’arrachage, les marges de manœuvre sont encore plus limitées. « Si on veut répondre à l’urgence, il faut travailler sur les outils existants, comme le Le Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural (FEADER), qui aide à l’investissement avec un arrachage de diversification » indique Jérôme Despey, appelant à un cofinancement des pouvoirs publics : « on ne peut pas laisser la région financer seule » (la région Nouvelle-Aquitaine indique étudier les leviers possibles). Autre piste, notamment demandée en Vallée-du-Rhône, l’arrachage temporaire est une piste à relancer. « La restructuration différée a été trop vite abandonnée, nous reprenons le sujet ouvert il y a 18 mois » indique Jérôme Despey, notant que si le dispositif existe dans la Politique Agricole Commune (PAC), ses modalités ne sont pas adaptées aux demandes : « il faut une indemnisation immédiate, dès la première année, et ne pas avoir à replanter la même parcelle. Discutons de la possibilité de transférer les autorisations de plantation nouvelle dans le même bassin ou dans un autre bassin. » Une proposition qui va demander des discussions avec la Commission Européenne, mais aussi avec la filière de Cognac, qui a milité pour que l’interdiction des transferts entre régions viticoles (après l’affaire des vautours).

Le retour de l’arrachage primé définitif

Parachevant ce plan Marshall de la filière des vins de France, le sujet de l’arrachage définitif revient : « on n’a pas cet outil réglementaire dans la PAC. Pas plus que dans l’Organisation Commune du Marché vitivinicole, l’OCM vin** » rappelle Jérôme Despey. Participant ce 30 novembre au comité mixte vitivinicole d’Espagne, de France et d’Italie à Rome, le viticulteur de Saint-Geniès-des-Mourgues (Hérault) annonce remettre l’arrachage primé définitif sur la table des vignobles européens : « j’évoquerai la volonté française de mesures conjoncturelles (distillation, aide au stockage privé…) et de mesures d’arrachage hors OCM pour répondre aux besoins de certains bassins afin d’accompagner les viticulteurs en grande difficulté. Nous verrons si ces demandes sont partagées pour la gestion de la crise actuelle. Ça pourrait être une voie. »

On ne peut pas laisser une région dans la détresse

S’il détaille les mesures structurelles et conjoncturelles à déployer pour soutenir le vignoble français (ainsi que des mesures assurantielles, voir encadré), Jérôme Despey martèle qu’il ne s’agit que d’un sujet à traiter avec la structuration de la filière : « la segmentation de l’offre », un travail de fond à mener pour que la production des vins de France s’adapte aux demandes des marchés de demain. « On ne peut pas laisser une région dans la détresse, on ne peut pas baisser les capacités d’investissement et d’accompagnement à l’installation. Il faut apporter des solutions à ceux en difficulté et ceux souhaitant rester » résume Jérôme Despey, concluant : « n’attendez pas de moi de baisser les bras. J’ai vécu de nombreuses difficultés, y compris dans ma propre région (le Languedoc, qui a connu des campagnes de distillation en son temps). J’ai un devoir : trouver une solution pour le vignoble de la ferme France, tant pour ceux qui souffrent que ceux qui veulent rester. »

 

 

* : « Nous attendons toujours une réponse du gouvernement sur les délais de remboursement des Prêts Garantis par l’Etat (PGE) pour donner de l’oxygène aux entreprises en difficulté » indique le viticulteur héraultais.

 

** : Jérôme Despey répète son souhait de préserver l’OCM vin en ne fléchant pas des fonds dédiés aux investissements techniques et commerciaux vers de futures mesures d’arrachage.

 

"Je ne lâcherai rien sur la moyenne olympique"

Si les sujets de mobilisation ne manquent pas pour la filière viticole, certaines réussites sont désormais à poursuivre. La réforme de la gestion des risques agricoles aboutit ainsi à des seuils d’intervention satisfaisant le vignoble, qui demande d’aller jusqu’au bout avec la révision de la moyenne olympique. « Il faut revoir le référentiel du potentiel de production en sortant toutes les années d’aléas climatiques » résume Jérôme Despey, demandant un engagement fort du gouvernement. « Je ne lâcherai rien sur le sujet » prévient-il.

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Tous les commentaires (4)
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J.Henry DAVENCE Le 01 décembre 2022 à 07:46:46
Qui osera un jour parler du problème de la coopération viticole? Combien représente t elle en pourcentage dans les viti en difficulté? A force de fusion-acquisition ces mastodontes qui n'ont plus que des dirigeants hors-sol, ne cessent d'engager leur adhérents sur des fausses routes techniques et commerciales. Résultat : des méga structures incapables de valoriser les vins et obligées de se rabattre sur les marchés de GD bas prix déjà saturés et encore pire approvisionner à bas prix des négoces bien plus aguerris commercialement.
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Bourgognophile Le 30 novembre 2022 à 13:44:12
Pourquoi ne pas imaginer que les vignobles en bonne santé, voir en exceptionnelle situation viennent en aide à ceux qui souffrent. C est le secours mutuel. Certains vignobles demandent des aides à la plantation et des volumes supplémentaires, d autres des aides à l arrachage. Les aides devraient pouvoir se régler sans ponctionner l état (donc les francais consommateurs de vins qui ont fait les benefices des vignerons bordelais pendant des années)
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Albert Le 30 novembre 2022 à 09:17:01
J'entends bien que la viticulture bordelaise serait au bord du gouffre (pas la viticulture speculative des " châteaux ", certes ). Mais je relève aussi que le CIVB est peu prolixe. Pourtant, une des missions d'une InterPro n'est-elle pas d'avoir un regard et une analyse économique sur les marchés de ses productions ? .. les cotisations volontaires "obligatoires" devaient, doivent notamment permettre de dynamiser la mission "économique" de la structure, non ? .. et pour quels résultats ?
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Dominique Le 30 novembre 2022 à 09:16:47
M. Despey qui dirige tout depuis des années se propose de trouver des remèdes pour réparer ses dégâts. Ca ne manque pas d'air. Quant à ses deux compères et collègues sur la photo, ils doivent avoir un accès de schizophrénie. D'un côté, en réunion du collectif vitis 33, ils disent soutenir l'arrachage primé à Bordeaux en utilisant les fonds de l'OCM vin. De l'autre, ils écoutent sans broncher le chef Jérôme Despey dire "son souhait de préserver l?OCM vin en ne fléchant pas des fonds dédiés aux investissements techniques et commerciaux vers de futures mesures d?arrachage". Attention au grand écart et au claquage. C'est un coup à ne pas pouvoir marcher à la manifestation du 6 décembre à Bordeaux.
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