« Comment peut-on accompagner, pour parler cash, l'arrachage de 10 à 15 000 hectares [de vignes], c'est en tout cas ce que me dit la filière ? » pose Alain Rousset, le président de la région Nouvelle-Aquitaine, lors de l'inauguration du salon Vinitech-Sifel ce 29 novembre à Bordeaux. N'hésitant pas à mettre les pieds de vigne dans le plat, l'élu note à la tribune que « ce ne peut être que l'État, avec l'autorisation de l'Europe, qui peut prendre cette décision [d'arrachage définitif primé]. Une forme de plan social, avec une stratégie de retournement. Que met-on à la place de la vigne ? Surtout pas des lotissements. On a une réflexion à avoir dans ce domaine, que l'on a entamé à la Région avec les responsables professionnels et la Direction Régionale de l'Agriculture et de la Forêt (DRAAF) pour que d'une difficulté on fasse une chance. »
Interrogé par Vitisphere en marge de l'inauguration, le président de la région confirme que l'utilisation des Fonds Européens Agricoles pour le Développement Rural (FEADER) est à l'étude pour financer des reconversions de parcelles de vignes en forêts, maraîchage? Une option poussée par le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau. « Sur le retournement d'un certain nombre de parcelles, on est en train d'étudier avec les services une possibilité d'intervention » indique Alain Rousset, qui « rappelle que la Région a perdu au profit de l'État la gestion d'un milliard d'euros de crédits à gérer sur la campagne 2021-2027. Qui sont remontés au niveau de l'État, notamment les mesures agroenvironnementales qui sont tout à fait dans le besoin des viticulteurs. » Notant que les fonds gérés par la région concernent l'installation de jeunes, le président socialiste note que les aides à la reconversion seront étudiées « au cas par cas. Il y a plusieurs profils d'agriculteurs : celui qui veut partir à la retraite et qui arrête les vignes, le propriétaire qui a mis en fermage ses vignes et dont le fermier arrête? »


En ce qui concerne l'arrachage primé définitif, « ce que demandent les viticulteurs, c'est une forme de prime à 10 000 ?/ha. Nous, on ne sait pas faire. Parce que ce serait illégal par rapport aux crédits de Bruxelles que l'on gère. Je suis un peu fâché que l'État se débarrasse [du dossier] alors qu'il s'agit d'un plan social » poursuit Alain Rousset, estimant que « c'est un peu choquant que le ministre nous passe la patate chaude ». Président de région depuis 1998, l'ancien maire de Pessac ne juge pas la crise viticole bordelaise inédite : « tous les dix ans il y a des crises. Quand il y a eu flambée des prix, on a planté un peu partout. Mais il y a une crise existentielle [de déconsommation] : on est passé de 120 litres de vin consommés par habitant en 1960 en France » à 40 litres aujourd'hui.
Devant passer par l'hôtel de région ce 6 décembre à Bordeaux, la manifestation du collectif des viticulteurs bordelais pour l'arrachage est la bienvenue pour Alain Rousset, indiquant que « s'ils veulent me rencontrer, ce sera avec plaisir ».