anifeste, le mal-être des vignerons girondins va se manifester ce mardi 6 décembre avec le départ d'une manifestation à 9 heures de la place des Quinconces à Bordeaux. « On n'a plus rien à perdre, on ne peut que gagner » pose Didier Cousiney, le porte-parole du collectif des viticulteurs de Bordeaux demandant depuis des mois des aides de l'État pour permettre l'arrachage des vignes excédentaires en Gironde (au profit des vignerons en fin de carrière n'ayant pas de repreneurs, des retraités n'ayant plus de fermiers et des exploitants souhaitant poursuivre leur activité sur de plus petites surfaces). Devant être déposée à la préfecture, la demande de manifestation prévoit de passer devant le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) et l'hôtel de la région Nouvelle Aquitaine, avant d'arriver à la préfecture de région.
Pour ce rassemblement inédit, le mot d'ordre est : « soutien à la viticulture, à l'arrachage primé et à un plan social » résume Didier Cousiney, dont le collectif organise la manifestation, ouverte « à tous les viticulteurs, aux retraités, aux syndicats, aux sympathisants, aux fournisseurs, aux amateurs de vins? Tous ceux qui veulent défendre le vignoble » résume le vigneron de l'Entre-deux-Mers. Le but affiché est de rencontrer la préfète de région, Fabienne Buccio, et le président de région, Alain Rousset, pour obtenir une prime à l'arrachage définitif de 10 000 ?/ha.


En l'état, Didier Cousiney, reconnaît que les choses n'avancent pas malgré des années de difficultés commerciales et financières (déconsommation française des vins rouges, crise covid, aléas climatiques historiques, revers export sur la Chine, inflation galopante depuis l'invasion russe de l'Ukraine?). Ayant rencontré ce 16 novembre la Direction Régionale de l'Agriculture et de la Forêt (DRAAF), le collectif est amer : « on nous a parlé vrai. Il n'y a pas assez d'argent pour financer un plan d'arrachage massif. En discussion, l'aide régionale à la reconversion sera ouverte aux seuls vignerons ayant les moyens financiers de se convertir. Les autres vont gicler, il va y avoir une élimination naturelle par le bas. »
Si le découragement est un sentiment partagé dans de nombreux domaines viticoles de Gironde, le collectif s'affiche gonflé à bloc après une réunion tenue dans la soirée du 16 novembre à Camiran : « tout le monde est remonté, on avait 150 personnes » rapporte Didier Cousiney. Pour préparer la manifestation du mardi 6 décembre, une réunion publique de préparation aura lieu le lundi 28 novembre à 18 heures à Planète Bordeaux, le siège de l'Organisme de Défense et de Gestion (ODG).
Devant faire pression sur les pouvoirs publics, la manifestation du 6 décembre tient de la dernière chance pour une partie du vignoble bordelais, exsangue, sans trésorerie ni perspective d'avenir. Cet appel à la mobilisation générale tient aussi de l'arme à un coup : il n'y aura qu'une fenêtre de tir, et en cas de mobilisation défaillante les prétentions bordelaises à obtenir un plan d'aides spécifiques aura fait long feu. « Pour l'État, ça coûtera plus cher de ne rien faire que de nous aider. Et il leur faudra porter la responsabilité de ceux mettant fin à leurs jours » prévient Didier Cousiney.