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La récolte gronde

Par Alexandre Abellan Le 07 octobre 2022
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La récolte gronde
L

e gros des vendanges étant passé, l’heure est au bilan dans de nombreuses caves : quel sera le rendement de ce millésime 2022 ? Si les dernières estimations nationales font état de volumes dans la moyenne, les situations sont très hétérogènes entre bassins viticoles, terroirs, exploitations, parcelles… Une disparité accentuée par la succession d’aléas climatiques (gel précoce, grêle massive, forte sécheresse…). Qu’ils aient rentré une vendange généreuse (comme en Bourgogne et Champagne) ou une récolte de nouveau réduite (comme dans le Sud-Ouest ou dans le Midi), il n’y a pas un vignoble qui ne fasse face à la même donne : tous les prix augmentent. Des contrats d’électricité aux matières sèches (bouteilles, capsules, cartons, étiquettes…), la filière vin se retrouve entre le marteau de l’inflation, frappant ses coûts de production, et l’enclume de la récession, pesant sur la capacité des marchés à accepter des hausses tarifaires.

Pour ne plus avoir à rogner sur ses marges et ses trésoreries déjà exsangues, le vignoble doit désormais pouvoir compter sur le soutien des représentants de la Nation. Les débats et amendements à venir sur le projet de loi de finances pour 2023 (PLF) doivent permettre de débloquer un soutien amplement nécessaire, et loin d’être coûteux. En dehors du PLF, il serait possible de redonner de l’air à la filière en accordant automatiquement un délai supplémentaire aux remboursements des Prêts Garantis par l’État (PGE), pour un coût minime, si ce n’est nul, permettant d’éviter une succession de chutes de domaines, négoces, courtiers, fournisseurs, consultants… Ces débats politiques sont aussi l’occasion de redonner une vision à la reprise familiale avec des allégements fiscaux sur la transmission du foncier, ainsi que de porter les demandes de réduction de la pression administrative et de soutien à l’emploi agricole pour regagner en compétitivité, la finalisation de la réforme de l’assurance récolte en révisant la référence historique, la mise en place d’aides spécifiques à chaque bassin viticole (arrachage, distillation…).

Des revendications certes conséquentes et demandant la mobilisation des pouvoirs publics, mais constantes depuis des mois/années pour répondre aux secousses mettant à mal le fleuron économiques que représente la filière vin. Au-delà de l’écoute polie de ces demandes, il faut désormais que tous les représentants de la Nation entendent la sourde détresse qui bat dans des pans entiers du vignoble français. La pudeur vigneronne et l’image d’opulence du vignoble masquent l’âpre réalité : nombre de producteurs se retrouvent la tête dans le guidon de la production, ne comptant ni leurs heures ni leur sueur, sans en tirer la valorisation nécessaire, leur permettant de subvenir aux besoins les plus essentiels. D’où une envie d’abandonner, de jeter l’éponge, que l’on entend aussi bien à Bordeaux que dans le Roussillon. En vérité dans tout vignoble.

S’il n’y a pas d’actions, ou du moins de réactions, il est à craindre qu’il y ait une casse conséquente parmi le peuple vigneron. Le défi politique est crucial pour éviter des impasses humaines et préserver une filière diverse, encore majoritairement paysanne et familiale. Des fins brutales d’exploitation vitivinicoles seraient dévastatrices pour la filière vin, mais aussi le pays : son savoir-faire, ses paysages, sa culture... Avec une réponse à la filière vin, la France enverrait aussi un message de soutien à des femmes et hommes éprouvés par des années de difficulté. Le vignoble ne crie pas avant d'avoir mal, il est déjà dans la souffrance. Alors, un petit effort ?

 

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Tous les commentaires (4)
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Dara Le 09 octobre 2022 à 20:45:42
Le secteur se passera de vagues promesses... et si les salaires n'augmentent pas les pauvres se contenteront de boire de l'eau ! Deja certains preferent exporter...
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Rousselle Valérie Le 08 octobre 2022 à 08:03:33
Je partage totalement vos remarques et analyses, Vivement que l?état en prenne conscience ! Merci Valérie Rousselle Château Roubine Provence
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J.Henry DAVENCE Le 07 octobre 2022 à 18:22:54
A qui profite le crime? A mon sens, l'état ne veut pas se débarrasser de la filière viticole génératrice d'excédents commerciaux extérieurs. Mais il laisse aux grands groupes privés ou coopératifs le soin de la transformer. Ils peuvent ainsi acquérir le foncier et les actifs qui les intéressent au dépens des petites et moyennes structures vigneronnes qui assurent la vitalité économique et sociale de nos territoires ruraux. Ce n'est pas d'un petit effort dont nous avons besoin mais que la filière s'exprime d'une seule voix, de manière coordonnée et forte dans toutes les régions viticoles et dans le même temps... un doux rêve d'un autre temps, d'une autre époque où les vignerons étaient solidaires, quelle que soit leur "chapelle".
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oenoBlogue Le 07 octobre 2022 à 17:13:27
Constat sans ambages, factuel et pertinent ! Si l'état français veut se débarrasser de la filière viticole, c'est le moment. Il suffit des réponses convenues habituelles et de tourner la tête. S'il veut sauver la filière, c'est le moment aussi. L'heure des choix assumés est venue !
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